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Quel roi britannique a abandonné le titre de « roi de France » ?

Publié le 09/06/2022 (m.à.j* le 15/08/2022)
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À partir de George III (r. 1760 – 1820), les monarques britanniques renoncent au titre de « roi de France ». En effet, les rois et reines d’Angleterre puis de Grande-Bretagne revendiquaient ce titre depuis que le roi d’Angleterre Édouard III (r. 1327 – 1377), fils d’Isabelle de France (1295 – 1358) et donc petit-fils du roi de France Philippe le Bel (r. 1284 – 1314), avait fait valoir ses droits sur la couronne après la mort du dernier Capétien direct, Charles IV (1322 – 1328). Édouard III prend même le titre de « roi de France » à Gand en janvier 1340 : il appose les fleurs de lys, symbole de la monarchie française, sur son Grand Sceau et sur ses armes et se présente comme le champion des bonnes lois et des coutumes du temps de Saint Louis. Ces rivallités dynastiques et territoriales sont à l’origine du long conflit qui oppose la France et l’Angleterre aux XIVe et XVe siècles : la guerre de Cent Ans. 

Bien qu’ils aient perdu progressivement leurs possessions territoriales dans le royaume de France, ces monarques conservèrent ensuite cette revendication comme une forme de tradition, qui participait à la dignité de la monarchie.

En 1748 encore, dans le texte du traité d’Aix-la-Chapelle, George II (r. 1727 – 1760) était encore présenté comme « Roy de la Grande-Bretagne, de France et de Irlande […]». Le texte du traité de Paris de 1783, le traité de Paix entre la Grande-Bretagne et les treize colonies américaines, présente George III comme « king of Great Britain, France, and Ireland […] ». Ses armes comportent encore des fleurs de lys en 1778. Cependant,  en 1801, sous l’effet de l’acte d’Union de 1800, le royaume de Grande-Bretagne change de configuration en intégrant celui d’Irlande et devient le royaume-uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. George III, qui lorgnait plutôt sur un titre prestigieux d’« Empereur des îles britanniques » (Emperor of the British Isles), devient à la place « roi du royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande » (King of the United Kingdom of Great Britain and Ireland). Les fleurs de lys disparaissent de ses armes au profit de celles du Hanovre, État d’origine de la dynastie régnante au Royaume-Uni (la maison de Hanovre à laquelle appartient George III, et dont Élisabeth II est une descendante). Au reste, la monarchie d’Ancien Régime avait disparu en France.

Ainsi, dans le texte du traité d’Amiens de 1802, George III est présenté comme « roi du royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande ». La revendication du titre de « roi de France » ne fait pas non plus son retour dans les différents textes de l’acte final du Congrès de Vienne de 1815 ni, bien plus tard, dans le texte du traité de Paris de 1856.