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Se faire un sang d’encre : définition & origine [expression]

Publié le 23/06/2021
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Se faire une sang d’encre signifie : être très inquiet, être préoccupé, se tourmenter, se faire beaucoup de souci. Synonyme : se faire du mauvais sang. Exemples : 

  • Pourquoi ne m’as-tu pas téléphoné de la journée ? Je me suis fait un sang d’encre en imaginant les pires choses.
  • Sa maman avait accepté sa passion, la plongée, mais se faisait un sang d’encre à chaque fois qu’il partait en mer.

Se faire un sang d’encre : origine de l’expression

Le sang était pris comme le reflet du tempérament ou de l’humeur (par exemple : « de sang-froid », avec calme et maîtrise). Le sang de la personne tourmentée est noirci par l’effet du souci, il devient comme de l’encre. La qualité du sang est donc gâtée, c’est du « mauvais sang ». Par ailleurs, l’encre est de même couleur que l’atrabile, ou la bile noire, que la médecine antique prenait pour la cause de la mélancolie. Plus généralement, le noir est bien sûr associé à des émotions négatives (« être d’une humeur noire » ).

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Cette expression apparaît au XIXe siècle, sous une forme non-pronominale :

Je dois être jaune… de mauvaise humeur … je fais un sang d’encre ici… j’aime mieux m’en aller […]

Emmanuel Théaulon, 1837

Or, étant aussi…nerveux que Barrière et n’ayant que peu de loisirs, je n’ambitionne pas le titre de sociétaire de cette corporation, par la raison que je passerais ma vie à me faire un sang d’encre comme on dit, à pester, à m’encolèrer en pure perte […]

La Lanterne, 26 octobre 1884

Elle est assez rarement employée par les écrivains. Son usage était peut-être trop rare. Le Google Ngram relève peu d’occurrencesIl existait l’expression « suer sang et encre » (au sens de « se donner de la peine pour accomplir quelque chose »), rare et sortie d’usage.

Mon maître avait la manie de faire de faire des vers. Je me souviens qu’un jour il me força même de rimer un couplet, prétendu spirituel, en l’honneur d’un prince qui voyageait. Je n’ai jamais tant souffert de ma vie. Je suais sang et encre.

Le Papillon : journal des dames…, 9 février 1833