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Règle : « avoir convenu » ou « être convenu » ? (grammaire)

Publié le 08/01/2018 (m.à.j* le 15/03/2024)
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  • Nous avons convenu = nous avons été convenables ;
  • nous sommes convenus = nous sommes d’accord.

L’emploi de l’auxiliaire « avoir » ou « être » avec le verbe « convenir » change son sens. La forme impersonnelle « il convient de » signifie quant à elle « il est souhaitable de ».

 

Avoir convenu : signification

Cette locution signifie « plaire, être approprié, être convenable, correspondre aux besoins aux aptitudes ». Exemples

  • Je dois avouer que ce rôle m’a convenu jusqu’ici.
  • Le grand marteau que tu lui as donné lui a très bien convenu
  • L’appartement que nous avons visité hier nous a parfaitement convenu
  • On délibérera demain en assemblée sur ce qu’il aurait convenu de faire.
  • Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. (Chamfort, Maximes et pensées)

 

Être convenu : signification

Cette locution signifie : « décider d’un commun accord, être d’accord, faire avec quelqu’un un accord » ou « reconnaître la vérité ». Exemples

  • Après de très longues négociations, les ambassadeurs sont convenus d’un accord commercial entre les deux pays.
  • Nous étions convenus de la date de mardi comme date butoir de rendu notre rapport.
  • Êtes-vous convenus de vous revoir après ce premier rendez-vous ? 

Toutefois, dans l’usage, dans la langue française de tous les jours, l’auxiliaire « avoir » est presque toujours employé avec « convenir », même dans les sens de « être convenu » (exemple : « j’ai convenu avec lui d’une première rencontre samedi à midi »). Cette tournure se simplifie, ce qui peut constituer une sorte de néologisme. L’Académie français considère l’emploi de l’auxiliaire « avoir » avec le verbe « convenir » dans le sens « décider d’un commun accord » comme fautif. Au XIXe siècle, le Littré condamnait déjà cette tournure qu’il avait repéré chez Rousseau

J. J. Rousseau a conjugué convenir, dans le sens de reconnaître la vérité, avec avoir :Ne reparlons plus de cela, je vous prie ; j’ai convenu de mon tort de trop bonne grâce, pour que vous deviez vous en souvenir[RousseauLett. à Duchesne, 21 nov. 1771]

Cela n’est pas correct.

Cependant, le Girodet et le Grevisse remarquent, sans la condamner, que cette confusion l’emporte aujourd’hui dans l’usage, même à l’écrit.  Exemples de grands écrivains qui emploient « avoir » au lieu de « être » cités par le Grevisse

  • Nous avons convenu que je ne t’écrirai qu’au bout d’un certain temps. (Stendhal, Correspondance)
  • Ils avaient convenu de se retrouver à Rome. (Rolland, Jean-Christophe)
  • J’avais convenu avec Albertine […] qu’elle viendrait me voir un peu avant minuit. (Proust, À la recherche du temps perdu)
  • Il ne pouvait se défendre d’une tristesse dont il n’avait jamais convenu.  (Mauriac, Thérèse Desqueyroux)