Définition
Jeter sa gourme signifie : « faire des folies de jeunesse, se livrer Ă des plaisirs excessifs en entrant dans le monde adulte ». « On dit figurĂ©ment des jeunes gens qui entrent dans le monde, & qui ne sçavent pas encore vivre, quâils nâont pas encore jettĂ© leur gourme. » (Dictionnaire de FuretiĂšre,1690)
Origine de jeter sa gourme
La gourme est, dâabord, une maladie qui affecte les jeunes chevaux. Lâinflammation des fosses nasales quâelle provoque peut entraĂźner des rejets de morves. Elle a dĂ©signĂ© par extension les croutes de lait qui se forment sur la peau des trĂšs jeunes enfants. On disait alors que les enfants doivent âjeterâ leur gourme. Ce phĂ©nomĂšne est si courant quâil est peut-ĂȘtre devenu une mĂ©taphore dâun passage obligĂ© et passager, comme les folies de la jeunesse. La gourme, ou gourmette, est aussi la chaĂźnette qui fixe les mors dans la bouche du cheval. âGourmer un chevalâ, câest le brider en fixant la gourmette. âĂtre gourmĂ©â, câest affecter un maintien raide et grave. Mais il est moins probable que ce soit lâorigine de lâexpression dont il est question ici (qui emploie le verbe âjeterâ ici bien spĂ©cifique).
Voir ici : dâoĂč vient lâexpression âviolon dâIngresâ ?
Exemples
- Il faut bien jeter sa gourme quand on est jeune si on le peut, au risque dâemporter des frustrations jusquâĂ un Ăąge avancĂ©.
â Mon Dieu ! il faut bien goĂ»ter Ă tout, finit par confesser Mouret, en affectant de sâĂ©gayer Ă©galement. Lâargent est bĂȘte, si on ne le dĂ©pense pas.
â Ăa, je vous approuve, reprit le baron. Amusez-vous, mon cher. Ce nâest pas moi qui vous ferai de la morale, ni qui tremblerai pour les gros intĂ©rĂȘts que nous vous avons confiĂ©s. On doit jeter sa gourme, on a la tĂȘte plus libre ensuite⊠Et puis, il nâest pas dĂ©sagrĂ©able de se ruiner, quand on est homme Ă rebĂątir sa fortune⊠Mais si lâargent nâest rien, il y a des souffrancesâŠ
Je ne sais si on a tuĂ© un veau gras, mais il se dit couramment que ce jeune homme a « jetĂ© sa gourme », etc. Le journal de lâendroit annonçait hier le riche mariage de cet hĂ©ritier avec la fille aĂźnĂ©e du vĂ©tĂ©rinaire. On se reprĂ©sente sans peine lâenvie que la timide et pure fiancĂ©e doit exciter parmi les vierges.
Bloy, ExégÚse des lieux communs, XCVII
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