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Le conditionnel présent : définition & valeurs

Publié le 27/11/2022
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Le conditionnel présent est aujourd’hui considéré comme un temps après avoir longtemps été considéré comme un mode, parce qu’il a des valeurs temporelles (il exprime l’avenir vu du passé). Le conditionnel présent est un temps de l’inaccompli : la réalisation de l’action par le sujet de la phrase est toujours incertaine, elle est à réaliser ou en réalisation et pourrait ne pas être réalisée. Il marque ainsi en règle générale une mise à distance de l’énonciateur, c’est-à-dire de celui qui s’exprime, avec ce qu’il dit (il présente la croyance d’un autre, ou de lui-même dans le passé) . Il est construit à l’aide du radical du verbe au futur simple de l’indicatif (jusqu’au « r »)  + les terminaison de l’imparfait de l’indicatif. Exemples avec les verbe « manger » et « vouloir » :

  • je mangerai (futur simple) | je mangeais (impératif de l’indicatif) | je mangerais (conditionnel présent)
  • nous mangerons | nous mangions | nous mangerions
  • je voudrai (futur simple) | je voulais | je voudrais
  • nous voudrons | nous voulions | nous voudrions

Les valeurs temporelles du conditionnel présent

➢ Le conditionnel présent permet de parler de l’avenir vu du passé, par rapport à un moment du passé ou au moment de l’énonciation.

  • Exemple : Nous avions alors convenu que nous nous réunirions tous les 25 du mois, pour décider du sort de la famille.
    • On ne parle pas dans cet exemple d’une action passée vue du présent, mais d’une action passée vue depuis un moment passé (indéterminé), comme si l’énonciateur se « transportait » mentalement dans le passé.
    • Cette décision est donc, vue du passé, de l’ordre de l’inaccompli (les réunions n’ont pas encore eu lieu, elles sont hypothétiques).
    • En se plaçant de ce point de vue, on opère une mise à distance par rapport à l’énonciation : on présente la croyance d’une autre « nous », celui du passé.

➢ Il permet de remplacer le futur dans le discours indirect.

  • Exemple : « Tu liras ta leçon en rentrant ». Maman a dit que je lirais ma leçon en rentrant.
    • Même procédé de mise à distance : dans « je lirais », je fais parler « l’autre », « maman ».

Les valeurs modales du conditionnel présent

Le conditionnel présent permet de former le potentiel, c’est-à-dire d’une action qui est encore envisagée comme réalisable au moment de l’énonciation. La proposition principale est au conditionnel présent, la subordonnée commençant par « si » à l’imparfait. On peut faire l’ellipse de la subordonnée. Exemples :

  • Il pourrait t’aider si tu lui demandais.
    • L’action a le potentiel d’être réalisée.
  • Tu serais donc prêt à démissionner ?
    • Cette question sous-entend : tu serais donc prêt à démissionner [si c’était nécessaire] ?

Remarque : la condition peut être implicite. « Encore un mot et il pourrait se mettre en colère ».

Exprimer l’irréel du présent, c’est-à-dire une action qui n’est pas réalisable, car la condition de sa réalisation est imaginaire. L’action n’a pas le potentiel d’être réalisée.

  • Si j’étais un peu plus grand, je serais bien meilleur au basket.
    • Je ne peux pas être plus grand, soit parce que je ne le serai jamais soit parce que je dois attendre ma croissance, je ne peux pas être meilleur au basket.

Exprimer une condition dans une proposition hypothétique :

  • Dans l’éventualité où tu aurais le temps de lui acheter le cadeau, pourrais-tu me prévenir ?

➢ Évoquer une information conditionnelle ou non vérifiée (courant dans le journalisme par exemple, pour présenter les croyances des autres) :

  • Selon le ministre, la situation résulterait de l’inaction des pays voisins, et ne pourrait être résolue que par une action concertée.
  • Ce sabotage pourrait être le fait de groupes militants.

➢ Parler d’un fait imaginaire, de l’ordre du rêve, en imaginant sa vie à venir, ou exprimer un souhait :

  • Dans mon système, les gens seraient animés par la fraternité la plus pure, et s’entraideraient dans tout ce qu’ils entreprendraient.
  • J’aimerais tant voir Syracuse !

L’atténuation par politesse d’une demande ou d’un conseil :

  • Pourrais-je avoir un peu plus de chocolat s’il te plaît ?
  • Tu devrais peut-être arrêter de fumer.

S’indigner dans une phrase interrogative ou exclamative :

  • Moi, j’escroquerais les gens en me faisant passer pour quelqu’un d’autre ! Quoi !

À lire pour aller plus loin

Cécile Narjoux, Le Grévisse de l’étudiant