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Liste de 19 États disparus ou de pays qui n’existent plus

Publié le 21/03/2022 (m.à.j* le 27/11/2022)
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Cet article vous présente une liste non exhaustive d’États disparus, c’est-à-dire de pays qui n’existent plus et qui n’ont pas vraiment eu, pour la plupart d’entre eux, de successeurs directs qui auraient hérité du même territoire et d’institutions similaires par un simple changement de régime politique. 

États disparus en Europe

L’Autriche-Hongrie (disparue en 1918) : cet État est la dernière forme qu’ont pris les États dirigés par les Habsbourg en Europe centrale, à savoir l’Autriche, la Hongrie, la Bohême, la « Croatie-Slavonie », la « Lombardie-Vénétie » jusqu’en 1866, (les frontières de ces États ne correspondant pas à leurs frontières actuelles), auxquels il faut ajouter d’autres territoires épars (Transylvanie, Galicie, Bosnie, etc.). L’« Autriche-Hongrie », « l’Empire austro-hongrois » ou « la monarchie danubienne » est née en 1867 à la suite d’un compromis politique interne qui a laissé une plus grande autonomie à la Hongrie. Elle n’a pas résisté à sa défaite à l’issue de la Première Guerre mondiale et disloque en de multiples États nationaux.

La couronne d’Aragonles rois d’Aragon (de culture catalane en réalité) ont rassemblé sous leur autorité un grand nombre de territoires en Méditerranée occidentale : le comté de Barcelone au XIIe siècle, le royaume de Majorque (qui comprenait notamment le Roussillon et la Cerdagne, et Montpellier jusqu’au au milieu du XIVe siècle), le royaume de Valence, la Sicile et la Sardaigne au XIIIe, Naples au XIVe siècle. Chaque État conservait par des chartes (fueros en espagnol) en revanche ses usages, sa législation et son gouvernement. Cet ensemble original s’est fondu dans l’ensemble plus grand de la monarchie catholique espagnole après le mariage d’Isabelle de Castille (

À lire : Pierre Vilar, Histoire de l’Espagne

Le duché de Bretagne : État indépendant de la France, fondé en 936 par le duc Alain Barbetorte. Il est incorporé au royaume de France après une union effective à partir de 1532 (sous François Ier), mais préparée dès la fin de la guerre de Bretagne (1487 – 1491) avec le mariage de la duchesse Anne (1488 – 1514) avec Charles VIII (1483 – 1498), puis avec Louis XII (1498 – 1515).

L’Empire byzantin (disparu en 1453) : tient son nom de Byzance (depuis Hieronymus Wolf au XVIe siècle), ancien nom de Constantinople (aujourd’hui Istanbul en Turquie), capitale de l’Empire romain à partir de Constantin (règne de 306 à 337). L’Empire byzantin est en réalité l’Empire romain d’orient, issu de la division de l’Empire romain en deux parties par Théodose (379 – 395) en 395. Il était de culture grecque (la Méditerranée orientale était hellénisée). Contrairement à l’Empire occident, disparu au Ve siècle, l’Empire romain d’Orient a survécu, malgré de grandes crises (pressions exercées par les puissances islamiques et turques, prise Constantinople par les croisés en 1204, etc.) jusqu’en 1453, lorsque les Ottomans, des Turcs musulmans, conquièrent de Constantinople.

L’État bourguignonles ducs de Bourgogne ont constitué un « royaume inachevé » (cf. Elodie Lecuppre-Desjardin) à partir Philippe dit « Le Hardi », qui reçut son titre de son père, le roi de France Jean II, en 1363. Il est entré en possession de nombreux autres territoires par son mariage en 1369 avec Marguerite de Male : les comtés de Flandre, d’Artois et de Bourgogne. Sous Philippe III (Philippe « le Bon », duc de Bourgogne de 1419 – 1467), la Bourgogne s’est alliée aux Anglais pendant guerre de Cent Ans. Le duc Philippe a considérablement agrandi ses possessions en entrant en possession de Tournai (1423), de Mâcon, d’Auxerre, de la châtellenie de Bar-sur-Seine, du comté de Namur (1429), des duchés de Brabant et de Limbourg (1430), des comtés de Hollande, de Zélande et de Hainaut (1433) et du duché de Luxembourg (1441). Le dernier duc de cette lignée, Charles de Bourgogne (Charles « le Téméraire », 1467 – 1477) est occis au cours des guerres de Bourgogne. Le partage des possessions bourguignonnes a fait ensuite l’objet d’une rivalité entre le royaume de France et les Habsbourg.

Les États d’Al-Andalusl’expansion du Califat omeyyade se poursuit jusque dans la péninsule ibérique conquise par des Berbères islamisés (victoire à Guadelete à 711, conquête de Narbonne en 719). En 756, Abd al-Rahman (731 – 788), un rescapé de la dynastie omeyyade, massacrée par le pouvoir abbasside, fonde l’émirat de Cordoue. La présence musulmane en « Al-Andalus » (nom donné à ces territoires sous domination musulmane) s’est progressivement rétracté sous l’effet de l’effort de reconquête des chrétiens et de divisions politiques (plusieurs périodes d’éclatement en petits royaumes rivaux, les taïfas). Le dernier État musulman de la péninsule, l’émirat de Grenade, est conquis par les rois catholiques en 1492.

La République des Deux Nationsle royaume de Pologne et le Grand duché de Lituanie, proches politiquement, déjà unis à plusieurs reprisent, se sont « définitivement » liés en 1569 par l’Union de Lublin, qui a uni les deux couronnes. Elle donne naissance à la République des deux nations, avec un souverain, une Diète (un parlement), une monnaie commune (le złoty) et une politique étrangère commune (pour faire face aux menaces ottomane, suédoise et russe). La République des Deux Nations s’étendait à son apogée au début du XVIIe siècle sur un territoire très vaste qui s’étirait presque sur l’ensemble de l’Europe orientale : de la Pologne de Cracovie et Dantzig à l’Ouest à l’« Ukraine de la rive gauche à l’Est » (la rive gauche du Dniepr), jusqu’à l’Estonie sous domination suédoise au Nord. Son territoire est peu à peu grignoté par ses voisins. La Prusse, l’Autriche et la Russie se sont emparées des territoires de Pologne-Lituanie par trois « partages » (les « partages de la Pologne »), effectués en 1772, en 1792 et en 1795, le dernier mettant fin à son existence.

La république sérénissime de Venisela puissance de Venise était fondée sur la maîtrise des mers et le contrôle des échanges commerciaux avec la partie orientale de la mer Méditerranée. Régie par une oligarchie qui avait à sa tête un doge, elle a conquis son arrière-pays en Italie du nord-est (les « domaines de terre ferme ») et s’est emparée de territoires ultramarins (« l’État de la mer »), comme l’Istrie, la côte dalmate, la Crête, Albanie, des îles ioniennes, etc. Elle a entamé un déclin politique à partir du XVIe siècle, mais a conservé une une grande fertilité culturelle. L’existence de Venise en tant qu’État a pris fin par le traité de Campo Formio (18 octobre 1797) signé par Napoléon Bonaparte et le représentant de l’empereur François II. La Vénétie est passée sous domination autrichienne jusqu’à son intégration au royaume d’Italie en 1866.

La Tchécoslovaquiecet État a déclaré son indépendance de l’Autriche-Hongrie le 28 octobre 1918. Deux composantes nationales dominaient le pays, les Tchèques et les Slovaques, mais il comptait en outre de nombreuses minorités (Allemands des Sudètes, Hongrois, Roumains, Ukrainiens, Polonais, etc.). Après avoir été démantelé pendant la Seconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie a récupéré son territoire mais est devenue une « démocratie populaire » communiste, un État satellite de l’URSS. Le peuple tchécoslovaque s’est émancipé de la domination communiste par une « révolution de velours » survenant de novembre à décembre 1989. Cependant, la « république fédérale tchèque et slovaque » post-communiste n’a survécu longtemps aux dissensions entre Tchèques et Slovaques, qui ont entrainé la dissolution de cet état le 31 décembre 1992. Deux nouveaux États en sont nés : la République Tchèque et la République Slovaque.

Yougoslavieun premier « royaume des Serbes, Croates et Slovènes » est formé le 1er décembre 1918, après la Première Guerre mondiale. C’est une monarchie constitutionnelle dont la capitale est Belgrade, la capitale de la Serbie. Cependant, le royaume prend un tour dictatorial à la fin des années 1920 et se renomme « royaume de Yougoslavie » (Yougoslavie signifiant « pays des Slaves du Sud »). Ce pays était cependant fracturé par des clivages culturels, linguistiques et religieux : c’était une mosaïque de peuples, rassemblés notamment par l’usage d’une langue commune, le « serbo-croate » (dénomination politisée qui est sujette à caution), parlé de la Croatie au Monténégro. Après la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste, dirigé par la figure unificatrice de Josip Broz Tito (1892 – 1980), domine le pays (République populaire fédérative de Yougoslavie). Cependant, le pays s’est morcelé dans les années 1990 avec les guerres de Yougoslavie. Sur son territoire s’étendent aujourd’hui la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Kosovo (dont la souveraineté est contestée), le Monténégro et la Macédoine du Nord.

États disparus au Moyen-Orient

Le Califat omeyyadepremier empire musulman après le règne des califes « rashiduns » (les quatre premiers califes après Muhammad). Fondé par Muʿawiya (règne de 661 à 680), fils d’un compagne de Muhammad, il a pris pour capitale Damas et a étendu les conquêtes des musulmans en Afrique du Nord (fondation de Kairouan en 670), vers l’Orient et l’Asie centrale (prise de Kaboul en 664, Bukhârra en 710, Samarcande et Ferghana en 712, Multan en 713) et en Espagne wisigothique à l’aide des Berbères (victoire à Guadelete à 711, conquête de Narbonne en 719). Le califat a souffert des dissensions internes nées de l’incapacité à ancrer la légitimité dynastique des omeyyades, de difficultés à intégrer les convertis et de dissensions religieuses. Des révoltés écrasent les troupes omeyyades à la bataille du Grand Zab en 750 et donnent naissance au califat abbasside.

Le Califat abbassidedeuxième empire musulman, qui succède au califat omeyyade après leur renversement après la bataille de du grand Zab en 750. La capitale est fixée dans une capitale créée ex-nihilo, Bagdad, fondée par le second calife abbasside, Al-Mansur, en 762. Le califat amorce son déclin dès le IXe siècle du fait de dissensions religieuse et de l’autonomisation de provinces périphériques. Cependant, l’institution du calife abbasside survit formellement jusqu’au XVIe siècle.

À lire en cliquant ici : l’histoire du Califat abbasside

États disparus en Amérique

L’Empire aztèque et l’empire tarasque : deux peuples de Mésoamérique (sud du Mexique actuel) débutent une phase d’expansion impériale au XVe siècle : les Tarasques à partir de Tzintzuntzan à partir de 1425 et les Aztèques à partir de Tenochtitlan (actuelle Mexico) à partir de 1428. L’Empire taraque s’étendait de l’État actuel du Jalisco au Mexique actuel (à l’Ouest) à celui du l’État du Guerreiro (au Sud). L’Empire aztèque s’étendait du golfe du Mexique (Tuxpan, dans le Veracruz actuel) au Pacifique (Xoconochco, Soconusco actuelle). Les Tarasques avaient une organisation plus centralisée que les Aztèques. Ces derniers permettaient aux cités conquises de conserver leurs institutions. Ces États ont disparu avec la conquête espagnole du Mexique. Tenochtitlan est prise par Hernán Cortés en 1521.

À lire : Brigitte Faugère et Nicolas Goepfert (dir.), Atlas de l’Amérique précolombienne

L’Empire incaempire amérindien qui s’étendait, à son apogée, en 1532, sur plus d’un million de km², dans les Andes, sur les territoires des actuels Équateur, Pérou, Bolivie, Chili et Argentine. À la tête d’un Empire étroitement hiérarchisé, divisé en quatre « quartiers » (parties, suyus), les Incas « de souche » dominaient 9 millions de personnes, et plus d’une centaine de peuples, depuis leur capitale Cuzco (sud de l’actuel Pérou). L’Empire inca est progressivement conquis par les Espagnols, et notamment par le conquistador Francisco Pizarro. Cuzco est prise en 1533).

À lire : Brigitte Faugère et Nicolas Goepfert (dir.), Atlas de l’Amérique précolombienne

États disparus en Asie

La Horde d’orexpression russe qui désigne un État turco-mongol (appelé aussi Grande Horde, khanat de Kiptchak, etc.), fondé au milieu du XIIIe siècle par Batu, petit-fils de Gengis Khan (1162 – 1227), et dont l’étendue a été variable et imprécise. Il a dominé des territoires de steppes en Russie actuelle, au Caucase, en Asie Centrale et des territoires Europe orientale et balkanique, en Ukraine et en Bulgarie. Les sociétés dominées par la Horde d’Or étaient marquées par le nomadisme, et cet État n’avait pas de capitale fixe (Saraï pour un temps). Le khan n’était pas toujours le dirigeant absolu de la Horde, il pouvait représenter un primus inter pares entre descendants de Gengis Khan. La direction de la Horde pouvait aussi revenir à des chefs de confédérations tribales. En revanche, le respect des les yarliks, actes juridiques concernant l’administration intérieure de la Horde, et des bitiks, lettres diplomatiques adressées à des souverains étrangers, était un des facteurs d’unité de la Horde d’Or (cf. Marie Favereau, La Horde d’or de 1377 à 1502). Cet État a disparu au début du XVIe siècle, sous la pression des conquêtes russes.

États disparus en Afrique

Le royaume de l’Ashanti : ce royaume était formé d’un cœur de micro-États confédérés (Amantuo) qui s’est émancipé à partir de 1701 de la domination d’un autre pouvoir, le Denkyira. L’Ashanti, dominé par le peuple Akan, a mené ensuite, à partir de son centre, Kumasi, une politique de conquête et s’empare de territoires correspondant au Ghana actuel et à la partie orientale de la Côté d’Ivoire. Il a formé une sorte d’Empire composé d’États plus ou moins intégrés, certains ayant été assimilés à la culture dominante tandis que d’autres n’étaient que des tributaires. L’Ashanti a été partenaire incontournable des Européens pour la traite des esclaves mais, au XIXe siècle, il a été contraint de s’adapter à l’abolition progressive de la traite. Il a réorienté son économie vers l’exportation d’or et de noix de kola. Son existence a pris fin avec la conquête coloniale britannique : une expédition a détruit Kumasi en 1874 et un protectorat lui est imposé en 1896.

Le royaume du Dahomeyà son arrivée sur le trône au début du XVIIIe siècle, le roi Agadja a débuté une politique de conquête qui a entraîné la conquête du royaume côtier d’Allada (qui dominait le Dahomey jusque là), puis du royaume de Hueda. Comme l’Ashanti, le Dahomey était un partenaire des Européens pour la traite des esclaves, avant de se tourner au XIXe siècle vers l’exportation d’huile de palme. L’existence du royaume a pris fin avec la conquête coloniale française. Le roi Gbèhanzin se rend en 1894, et son royaume est intégré à la colonie du Dahomey. Elle gagne finalement son indépendance en 1960 sous le nom de « République du Dahomey », avant de se transformer en République populaire du Bénin (un régime d’inspiration communiste) de 1975 à 1990, puis en République du Bénin en 1990.

Le royaume du Kongocet État était composé de six provinces qui s’étendaient du fleuve Congo au nord à la rivière Kwango à l’Est et à la colonie portugaise de Luanda au sud. Son territoire correspond à l’extrême nord-ouest de l’Angola actuel. Le roi (manikongo) siégait à Mbanza Kongo (ou São Salvador). Ce royaume s’est christianisé et a subi une forte influence européenne (surtout portugaise) : le roi Nzinga a Nkuvu s’est converti au christianisme en 1491 (et est devenu Jean Ier du Kongo)une cathédrale a été bâtie à Mbanza Kongo (la cathédrale kulumbimbi en kikongo), etc. Le royaume du Kongo a commencé à s’affaiblir au XVIIe siècle après la bataille de Mbwila contre les Portugais en 1665, mais il a été « restauré » à partir de 1709, sur un territoire moins ample. Le royaume disparaît au XIXe siècle, mais le titre de manikongo a survécu jusqu’à aujourd’hui, bien qu’il n’ait plus eu de titulaire depuis 1962.

L’empire ou califat de Sokotole plus grand État d’Afrique au XIXe siècle est né du djihad ( « guerre sainte ») mené entre 1804 et 1810 par Ousman Dan Fodio (1754 – 1817), religieux peul proche du soufisme. Les descendants de Dan Fodio, califes ou sultans, régnaient sur des territoires hétérogènes, principalement peuls et haoussas, depuis Sokoto, Wurno ou Gwandu, villes du nord du Nigéria actuel. Leur territoire s’étendait du sud du Niger actuel au nord du Cameroun, en passant par le nord du Nigéria. Si l’islam avait pénétré dans ces régions dès la fin du Moyen Âge, l’installation du califat de Sokoto a contribué à l’intégrer dans le monde musulman. Son existence prend fin au début du XXe siècle sous la domination britannique qui forment progressivement la colonie du Nigéria.

Pour ces quatre dernières notices, se référer à Atlas historique de l’Afrique (dir. François-Xavier Fauvelle et Isabelle Surun).