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Malgré que j’en aie : définition et exemples

Publié le 29/08/2023
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Définition de « malgré que j’en aie »

« Malgré que j’en aie » signifie « contre mon gré, à contre-cœur, en dépit de moi-même, malgré le mauvais gré que j’en aie » à propos, le plus souvent, d’une force intérieure qui contraint la personne qui s’exprime. Cette locution savante et ancienne (relevée par exemple dès la 1re édition du Dictionnaire de l’Académie française) est désuète : elle ne sera pas comprise par l’écrasante majorité des francophones et signale un usage érudit de la langue française. Elle est considérée comme correcte par les puristes, malgré le fait qu’ils condamnent les autres constructions en « malgré que », nonobstant leur usage par des écrivains reconnus, souvent pris comme références.

Plus généralement, on peut décliner cette construction avec n’importe quel pronom personnel sujet suivi du verbe avoir au subjonctif : malgré que tu en aies, malgré qu’elle en ait, malgré que nous en ayons, malgré que vous en ayez, malgré qu’ils en aient.

Exemples

On peut par exemple écrire, dans un style il est vrai assez peu naturel : « je l’aime, malgré que j’en aie, car j’ai de forts soupçons d’infidélité depuis mon départ pour l’Italie ». Cette phrase signifie simplement que la personne qui s’exprime aime celle dont elle parle, mais malgré elle, car elle soupçonne son infidélité. Autre exemple : on pourrait écrire « j’ai écrit ces quelques phrases malgré que j’en eusse, sachant mon manque de talent littéraire ». Cette phrase signifie qu’un désir qui me dépasse m’a poussé à écrire quelques lignes, malgré le fait que j’eusse connu mon manque de talent littéraire.

Exemples littéraires :

  •  « Ce rêve a quelque chose d’effrayant qui m’inquiète et m’attriste malgré que j’en aie. » (Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse)
  • « Chrysalde : Je me réjouis fort, seigneur Arnolphe…
    Arnolphe : Bon ! Me voulez-vous toujours appeler de ce nom ?
    Chrysalde : Ah ! malgré que j’en aie, il me vient à la bouche, Et jamais je ne songe à monsieur de la Souche. […] » (Molière, L’École des femmes)