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Pousser des cris d’orfraie : dĂ©finition & origine (expression) 🩉
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Publié le 23/05/2021 (m.à.j* le 29/05/2024)
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Définition

Pousser des cris d’orfraie signifie : protester violemment, s’opposer avec vĂ©hĂ©mence, pousser des cris et s’énerver par rĂ©volte ou par effroi. Exemple :

  • Les habituĂ©s du cafĂ© poussĂšrent des cris d’orfraie lorsqu’ils apprirent que celui-ci allait dĂ©finitivement fermer.

Pousser des cris d’orfraie : origine de l’expression

L’orfraie est un aigle piscivore, une sorte de pygargue. Mais cette expression dĂ©signe plutĂŽt l’effraie, une chouette de taille moyenne au cri strident (appelĂ©e aussi dame blanche, autrefois fresaie). Une vidĂ©o youtube permet de l’entendre. Selon FuretiĂšre (Dictionnaire, 1690) ou la premiĂšre Ă©dition du Dictionnaire de l’AcadĂ©mie (1694), on le croyait de mauvais augure, mais on ne sait pas si c’était la chouette ou l’aigle qui l’était. La locution « cris d’orfraie » (orthographiĂ©e jusqu’au dĂ©but du XVIIIe orfraye) apparaĂźt au dĂ©but du XIXe siĂšcle, mais au sens de cri strident et effrayant :

Le quatriĂšme dĂ©pĂšcement de la Pologne commence demain. Entendez-vous dĂ©jĂ  ces cris d’orfraie ? C’est le cri du cosaque Ă  qui le vent apporte l’odeur de nos cadavres.

Le Figaro, 19 septembre 1831

Maintenant, Sigismond, – lui dis-je, – Ă©coutez-moi bien : le chevalier va venir ; vous allez compter mille pour lui donner le loisir de me soupirer son martyre, pendant le temps que je compterai mille comme vous ; mais, dans les environs de neuf cent quatre-vingt-dix-huit, j’aurai l’air de m’attendrir Ă  l’endroit du chevalier. C’est alors que vous pousserez vos cris d’orfraie.

EugĂšne Sue, Les Sept PĂ©chĂ©s capitaux, L’Envie

Cette locution, associĂ©e Ă  « pousser », au sens de « protestation vĂ©hĂ©mente, cri d’effroi » dans les annĂ©es 1850 :

Un monsieur passait hier au marchĂ© Saint-HonorĂ©, suivi d’un grand chien de chasse. Tout Ă  coup, il se fait une grande rumeur derriĂšre lui, et il s’entend apostropher vivement. Il se retourne et voit son grand diable de chien tenant dans sa gueule un pauvre lapin Ă  demi Ă©tranglĂ©. La marchande pousse des cris d’orfraie, et un sergent de ville accourt ! Un petit garçon pĂątissier, tĂ©moin du drame, s’approche du monsieur au grand chien et lui dit :

– M’sieu
donnez-moi dix sous, je dirai que c’est le lapin qui a commencĂ© !

Le Monde illustré, 9 mai 1857

Quelqu’un, ayant voulu orner les murs un peu nus de mon salon, m’envoya quelques tableaux de chasse, chiens et chevaux. La dame qui me loue poussa des cris d’orfraie Ă  l’idĂ©e que l’on pĂ»t planter des clous dans son papier [
]

Jules Lecomte, Voyages ça et là, 1859

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