«Sans dessus dessous» ou «sens dessus dessous» ?
On écrit : sens dessus dessous.
Exemples :
Après la fête, la maison s’était retrouvée sens dessus dessous.
La ville est sens dessus dessous. Les boutiques se ferment. Les femmes font à la hâte leurs provisions, les rues se dépavent, tous les cœurs sont serrés par l’angoisse d’un grand événement. Le pavé sera prochainement inondé de sang.
[…] des morceaux de mansardes avec leur papier peint, des châssis de fenêtres avec toutes leurs vitres plantés dans les décombres, attendant le canon, des cheminées descellées, des armoires, des tables, des bancs, un sens dessus dessous hurlant, et ces mille choses indigentes, rebuts même du mendiant, qui contiennent à la fois de la fureur et du néant.
VOIR ICI : « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ?
Quelle est l’origine de « sens dessus dessous » ?
Dos de Mayo, Goya, 1814 (détail) | Wikimedia Commons | Une scène où tout est enchevêtré
Cette locution signifie « dans un grand désordre », « dans un état de grande confusion », « boulversé, pêle-mêle ». Selon l’Académie, cette locution s’écrivait à l’origine « ce en » puis « cen dessus dessous». Sa signification était «ce qui doit être dessus se retrouve dessous». En d’autres termes, les choses sont en désordre total.
Cependant, l’usage a longtemps varié sur l’orthographe de cette locution.
Ainsi, le grammairien du XVIIe siècle Vaugelas (1585 – 1650) préférait la forme avec « sans ». On trouve cette version chez Voltaire (16694 – 1778) par exemple :
J’ai voyagé, j’ai vu du tintamarre ;
Je n’ai jamais vu semblable bagarre ;
Tout le logis est sans dessus dessous.
Jules Verne (1828 – 1905) publie en outre, en 1889, un roman qui choisit cette forme comme titre.
Balzac (1799 – 1850), dans son oeuvre, préfère la forme originelle. Il dit d’ailleurs, dans la Revue parisienne d’août 1840 :
Je m’obstine à orthographier ce mot comme il doit l’être. Sens dessus dessous est inexplicable. L’Académie aurait dû, dans son Dictionnaire, sauver au moins dans ce composé, le vieux mot cen qui veut dire : ce qui est.
Il est confirmé dans cette opinion par le Littré pour qui « la vraie locution est donc c’en devant derrière, c’en dessus dessous« .
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