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La veuve Poignet : définition & origine (expression)

Publié le 11/09/2021 (m.à.j* le 29/05/2024)
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Définition

La veuve Poignet signifie : la masturbation masculine.

La veuve Poignet : origine de l’expression

L’expression est définie par le Dictionnaire érotique moderne de Delvau (1864) :

La main qui sert à branler, celle que les anciens appelaient manus fututrix, ou manus amica, – la première maîtresse des jeunes gens, comme le médium est le premier amant de toutes les femmes.

Il précise plus loin que c’est la « veuve que foutent tous les collégiens », et que le puceau est « l’adolescent qui n’a encore connu que la veuve Poignet ». Un « amoureux des onze mille vierges » est : 

un jeune homme timide qui toutes les nuits couche, en imagination, avec toutes les femmes qu’il a rencontrées dans la journée, et, en réalité, avec la veuve Poignet – qu’il a toujours sous la main.

Dans son Dictionnaire de la langue verte (1866), il relève « épouser la veuve Poignet ». On trouve aussi « fréquenter ».

Cependant, l’origine de cette allégorie n’en est pas plus claire. « Épouser la veuve » signifiait « être pendu ou guillotiné », la veuve désignant l’instrument de la mort. Il y a peut-être eu une analogie entre le fait de décalotter le pénis et la décapitation provoquée par la guillotine. On peut aussi penser que le poignet est « la veuve » de rapports sexuels « stériles » (morts, comme les guillotinés ou les pendus). Mais l’usage des verbes « épouser » ou « fréquenter » peut faire penser à une assimilation du poignet à une veuve initiatrice de rapports sexuels auprès des adolescents.

À lire ici : pourquoi dit-on « tailler une pipe » ?

 

Exemples

Le marchand de fer haussa les épaules. Il avait remarqué les allures louches de son commis, les longues absences qu’il faisait subitement au cours de son travail et l’incurvation significative de sa taille. 

– C’est la faute à la veuve Poignet ! répondit-il avec un gros rire. 

Paul Bonnetain, Charlot s’amuse, 1888

De la même façon qu’il semble généralement difficile aux hommes d’imaginer une sexualité féminine autonome, les détenus pensent que les femmes se masturbent moins que les hommes.

« La frustration, ça doit être plus dur pour les femmes. Nous, on a la veuve poignet, on a les pornos. Chez les femmes, on leur coupe les concombres, les bananes. Ça doit être moins facile pour les femmes. À moins qu’il y ait des gouines. Je suppose qu’il y en a beaucoup ? … »

Ricordeau Gwenola, « Enquêter sur l’homosexualité et les violences sexuelles en détention », Déviance et Société, 2004/2 (Vol. 28), p. 233-253.