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« Pallier » ou « pallier à » quelque chose ?

Publié le 08/10/2020 (m.à.j* le 15/03/2024)
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On écrit : « pallier quelque chose » (sans la préposition « à »). Pallier (avec deux « l », comme dans « palliatif »), du latin palliare, « couvrir d’un manteau », par extension « cacher », signifie remédier à quelque chose de manière provisoire (comme on couvrirait d’un manteau quelque qui a froid). C’est un verbe transitif direct (il introduit un complément d’objet direct, COD). Cependant, la forme « pallier à » se diffuse dans l’usage, sous l’influence peut-être de « parer à » ou de « remédier à » (cf. Le Bon Usage). Elle a été employée quelques fois dans la littérature. On la trouve chez Gide par exemple : 

  • Les événements lamentables que je vous ai dits m’enseigneraient, s’il en était encore besoin, l’horreur du péché de la chair ; ils sont la condamnation du divorce et de tout ce que l’homme a inventé pour essayer de pallier aux conséquences de ses fautes. Voici qui suffit, n’est ce pas ! (Isabelle)

À LIRE ICI : « quelques fois » et « quelquefois », quelle différence ?

Exemples avec pallier

  • Ta présence à mes côtés est essentiel pour pallier mes nombreuses erreurs.
    • « Mes nombreuses erreurs » est le COD, introduit sans préposition.
  • Ces contreforts en bois placés à la hâte permettent de pallier la fragilité des fondations de ce bâtiment médiéval.
  • « L’Empire, la Restauration, les divisions, les querelles de la France, que m’eût fait tout cela ? Je n’aurais pas eu chaque matin à pallier des fautes, à combattre des erreurs. » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe)
  • « Pour les vieillards dont les traits avaient changé, ils tâchaient pourtant de garder fixée sur eux à l’état permanent, une de ces expressions fugitives qu’on prend pour une seconde de pose et avec lesquelles on essaye, soit de tirer parti d’un avantage extérieur, soit de pallier un défaut ; ils avaient l’air d’être définitivement devenus d’immutables instantanés d’eux-mêmes. » (Proust, À la recherche du temps perdu)
  • « L’excellence des sentiments palliait les défaillances oratoires et l’on entendait se moucher nombre de membres de l’assistance » (Gide, Les Faux-Monnayeurs)