Définition
Pousser des cris dâorfraie signifie : protester violemment, sâopposer avec vĂ©hĂ©mence, pousser des cris et sâĂ©nerver par rĂ©volte ou par effroi. Exemple :
- Les habituĂ©s du cafĂ© poussĂšrent des cris dâorfraie lorsquâils apprirent que celui-ci allait dĂ©finitivement fermer.
Pousser des cris dâorfraie : origine de lâexpression
Lâorfraie est un aigle piscivore, une sorte de pygargue. Mais cette expression dĂ©signe plutĂŽt lâeffraie, une chouette de taille moyenne au cri strident (appelĂ©e aussi dame blanche, autrefois fresaie). Une vidĂ©o youtube permet de lâentendre. Selon FuretiĂšre (Dictionnaire, 1690) ou la premiĂšre Ă©dition du Dictionnaire de lâAcadĂ©mie (1694), on le croyait de mauvais augure, mais on ne sait pas si câĂ©tait la chouette ou lâaigle qui lâĂ©tait. La locution « cris dâorfraie » (orthographiĂ©e jusquâau dĂ©but du XVIIIe orfraye) apparaĂźt au dĂ©but du XIXe siĂšcle, mais au sens de cri strident et effrayant :
Le quatriĂšme dĂ©pĂšcement de la Pologne commence demain. Entendez-vous dĂ©jĂ ces cris dâorfraie ? Câest le cri du cosaque Ă qui le vent apporte lâodeur de nos cadavres.
Maintenant, Sigismond, â lui dis-je, â Ă©coutez-moi bien : le chevalier va venir ; vous allez compter mille pour lui donner le loisir de me soupirer son martyre, pendant le temps que je compterai mille comme vous ; mais, dans les environs de neuf cent quatre-vingt-dix-huit, jâaurai lâair de mâattendrir Ă lâendroit du chevalier. Câest alors que vous pousserez vos cris dâorfraie.
Cette locution, associĂ©e à « pousser », au sens de « protestation vĂ©hĂ©mente, cri dâeffroi » dans les annĂ©es 1850 :
Un monsieur passait hier au marchĂ© Saint-HonorĂ©, suivi dâun grand chien de chasse. Tout Ă coup, il se fait une grande rumeur derriĂšre lui, et il sâentend apostropher vivement. Il se retourne et voit son grand diable de chien tenant dans sa gueule un pauvre lapin Ă demi Ă©tranglĂ©. La marchande pousse des cris dâorfraie, et un sergent de ville accourt ! Un petit garçon pĂątissier, tĂ©moin du drame, sâapproche du monsieur au grand chien et lui dit :
â MâsieuâŠdonnez-moi dix sous, je dirai que câest le lapin qui a commencĂ© !
Le Monde illustré, 9 mai 1857
Quelquâun, ayant voulu orner les murs un peu nus de mon salon, mâenvoya quelques tableaux de chasse, chiens et chevaux. La dame qui me loue poussa des cris dâorfraie Ă lâidĂ©e que lâon pĂ»t planter des clous dans son papier [âŠ]
Laisser un commentaire