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« À priori » ou « a priori » ? Faut-il un accent ? orthographe

Publié le 02/10/2021 (m.à.j* le 25/08/2022)
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On écrit : à priori ou a priori (en italique ou non sans l’accent grave). Il n’y a pas de règle établie sur la question, qui donne lieu parfois à de longues enquêtes, comme sur le site Langue-fr.net.

  • Si l’on considère que c’est une locution latine, on l’écrit sans l’accent grave et de préférence en italique.
  • Si l’on considère qu’elle est francisée, on l’écrit avec l’accent grave et droit. C’est une expression très courante, qui n’est plus ressentie comme latine. Cependant, c’est cette forme qui pose problème, car l’idée qu’elle est fautive est répandue dans l’opinion du public.

Cette locution est enregistrée avec un accent grave par le Dictionnaire de l’Académie française à partir de sa 6e édition (1835). Dans l’édition actuelle (9e), l’Académie la note sans accent. Le Bon Usage (14e édition) de Maurice Grevisse et André Goose l’écrit sans accent et droit. Le Robert et le Larousse favorisent a priori (sans accent) mais relèvent la forme avec accent comme une variante. Le Lexique des règles typographiques de l’imprimerie nationale (3e édition) range cette expression dans les locutions latines non francisées à composer en italique et de fait sans accent, mais note ensuite qu’on rencontre parfois « à priori » francisé (ainsi qu’à fortiori et à postériori). Les rectifications orthographiques proposées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française recommandent que les mots empruntés à des langues étrangères suivent les règles des mots français. Il n’évoque cependant pas « a priori » dans son rapport. Mais si l’on suit sa logique, l’accent est accepté. Un document plus récent, Langues et cité (ministère de la Culture) de septembre 2006, tranche clairement pour « à priori ».

Il faut d’abord savoir que cette écriture avec l’accent grave n’est pas récente. Dans un des premiers textes qui contient cette locution, l’accent est inscrit :

le Mystere de la Trinité, & de l’Incarnation, ne se peut prouver cuidemment [evidemment] sans l’Assistance de la Revelation, qui sert de raison à Priori en matiere de Creance.

François Garasse, La somme théologique des véritez capitales de la religion chrestienne, 1625

On trouve aux siècles suivants :

Aujourd’hui encore, dans la presse :

  • Le projet semble à priori plutôt séduisant. Il est, en outre, conforme aux critères permettant de bénéficier de l’aide de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Anru. (Lesechos.fr)
  • Une défense qui a le mérite d’exclure à priori la constitution d’un fichier illégal, mais qui vient achever de contredire ce qu’affirmait M. Ménard. (Lemonde.fr)

Il faut en outre savoir que cette locution n’est pas ancienne en latin. C’est du latin médiéval, employé en scolastique. Le Dictionnaire de Littré (1841) notait d’ailleurs en remarque de l’entrée « à postériori » :

L’Académie ne devrait pas mettre un accent grave sur a ; car c’est non pas la préposition française à, mais la préposition latine a, ab.

Bref, les deux formes semblent se valoir. À lire en cliquant ici : « quasi », faut-il mettre un trait d’union ?