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« Ce qui se passe » ou « ce qu’il se passe » ? (orthographe)

Publié le 03/10/2021 (m.à.j* le 05/05/2024)
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Orthographe

On écrit : « ce qui se passe » ou « ce qu’il se passe ». Les deux formes sont acceptées et elles sont interchangeables. À l’oral, elles tendent à se confondre. Toutefois, « ce qui se passe » est la forme employée par le Le Bon Usage (14 édition), par le Dictionnaire de l’Académie française (« Voilà ce qui se passe quand on manque de jugement. », 9e édition), et semble être la forme la plus employée par la tradition. Ce google n-gram révèle que « ce qu’il se passe » est une forme qui se développe depuis peu. Gallica renvoie en outre seulement 1299 pour la tournure impersonnelle (« ce qu’il ») contre 93 747 pour la tournure personnelle. Les exemples anciens avec « ce qu’il se passe » sont rares.

Exemples avec ce qu’il se passe / ce qui se passe

  • « Je vais être obligé d’écrire d’un côté au gouvernement tout ce qui se passe…» (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe)
  • — Robespierre, je sais ce que vous dites à Saint-Just, comme je sais ce que Danton dit à Lacroix ; comme je sais ce qui se passe quai des Théatins, à l’hôtel de Labriffe, repaire où se rendent les nymphes de l’émigration (Hugo, Quatrevingt-treize)
  • « Tour d’horizon, en carte, de ce qu’il se passe à l’étranger. » (Lesechos.fr)
  • « La littérature, lorsqu’elle raconte des histoires, n’a pas besoin de donner du sens à tout ce qu’il se passe. » (Interview de Thomas Ostermeier à retrouver ici)

Explication

Au fond, il n’y a pas de différence de sens entre les deux formes. Il n’y a qu’une différence de structure. En effet, le verbe « se passer » peut être employé autant dans une tournure dite « personnelle »ce qui se passe ») qu’une tournure « impersonnelle »ce qu’il se passe »). Dans une tournure impersonnelle, le verbe se construit avec le pronom « il » qui ne renvoie à aucune réalité (c’est un sujet apparent), il ne peut pas être remplacé par un nom ou un autre pronom de la troisième personne du singulier (« ce qu’elle se passe »).

Dans le premier cas, le pronom relatif « qui » est le sujet du verbe « passer ». Il reprend « ce » (son antécédent).

Ce qui se passe -> « Ce » (un événement, une situation, etc.) se passe.

Dans le second cas, le pronom personnel « il » est ce que l’on nomme un « sujet apparent » : il sert grammaticalement de sujet, mais ce n’est pas lui le vrai sujet, il ne remplace aucun nom, parce que l’information manque. Le vrai sujet, le « sujet réel » est le pronom relatif « que », élidé devant « il » en « qu’ » (ce qui donne « qu’il »). Ce pronom relatif « que » reprend « ce » (son antécédent). Il a le rôle grammatical d’un complément d’objet direct (COD), mais c’est est en réalité le sujet réel.

Ce qu’il se passe -> Il se passe « ce » (un événement, une situation, etc.)
« Ce » a dans cette phrase la fonction grammaticale de COD, mais « ce » est le sujet réel du verbe se passer.

Dans les deux cas, personnel ou impersonnel, c’est « ce » qui se passe.

À l’oral

Les deux formes tendent à se confondre dans le parler de tous les jours : on dit fréquemment « kes ce ki spasse ».

Le cas est le même…

…pour des verbes comme « arriver », « pouvoir » ou « convenir », qui peuvent être employés à la forme personnelle ou impersonnelle.