« Continuer de » ou « continuer à » ? Grammaire 📚

La réponse

Les deux formes existent, continuer « à » et « de ». Ce verbe ne change pas de sens avec ces deux prépositions. Le choix est libre. « Continuer à » est probablement plus courant et naturel que « continuer de » (cf. google n-gram).

La forme avec « de » est qualifiée de littéraire par la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie. Elle permet aussi d’éviter le hiatus (la rencontre de deux voyelles, l’une en fin de mot, l’autre en début), mais elle ne s’impose pas obligatoirement dans ce cas.

Ainsi « continuer à aimer » ne choque pas plus l’oreille que « continuer d’aimer ». Les deux « a » se fondent ensemble.

Selon certains, comme Girodet (Dictionnaire Bordas des pièges et difficultés de la langue française), en théorie, la forme avec « à » signifierait « prolonger l’exécution d’un acte commencé » ou « persister dans un état », et celle avec « de » signifierait « faire une action, être dans un état sans qu’il y ait d’interruption », mais il reconnaît lui-même que cette distinction n’existe pas dans la pratique.

Qu’est-ce qui différencie réellement ces deux constructions ?

Bien que les deux formes soient grammaticalement correctes, une nuance subtile distingue leurs emplois. Cette différence s’avère particulièrement utile pour affiner votre expression écrite et orale.

Quand privilégier « continuer à » ?

« Continuer à » marque une action en cours qui se prolonge. Cette construction s’applique principalement aux situations où une activité déjà commencée perdure dans le temps.

Dans ces exemples, l’accent porte sur la poursuite d’une action déjà engagée. Vous pouvez visualiser un début et une progression temporelle.

Quand utiliser « continuer de » ?

« Continuer de » évoque davantage une habitude ou une répétition. Cette forme convient mieux pour exprimer des comportements récurrents ou des états persistants sans interruption.

Ici, l’idée de perpétuation d’un comportement habituel prédomine. L’action s’inscrit dans une routine ou un schéma répétitif.

Astuce mnémotechnique pour mémoriser la règle

Retenez cette formule simple :

1. « Continuer À » → Action commencée
2. « Continuer DE » → Habitude qu’on ne cesse pas DE faire

Registre de langue et contexte d’emploi

« Continuer de » relève d’un registre plus soutenu. Dans vos écrits formels, lettres de motivation ou textes académiques, cette forme apporte une dimension littéraire appréciée.

À l’inverse, « continuer à » domine dans l’usage quotidien. Cette construction sonne plus naturelle dans les conversations informelles et la communication orale.

Éviter les hiatus : un critère phonétique

L’euphonie guide parfois le choix. Devant un mot commençant par une voyelle, « continuer de » évite la rencontre de deux voyelles :

Toutefois, cette règle n’est pas absolue. L’hiatus reste toléré dans l’usage moderne.

Contexte professionnel et correction d’erreurs courantes

Dans vos documents professionnels, vérifiez la cohérence de vos choix. Évitez d’alterner arbitrairement entre les deux formes dans un même texte. Si vous hésitez sur l’orthographe d’autres termes, consultez notre correcteur d’orthographe pour sécuriser votre rédaction.

Tableau comparatif des usages

À lire ici : « merci d’avance », « merci par avance » ou « merci à l’avance » ?

Exemples avec continuer « à » et « de »

• Merci de bien vouloir continuer à dormir dans le silence.
• Ils ont continué de rouler toute la nuit, malgré leur dispute du départ.

Exemples pratiques selon le contexte

Voici des exemples concrets pour maîtriser parfaitement ces deux constructions :

Dans le domaine professionnel :

Dans la vie quotidienne :

Ces exemples littéraires illustrent l’usage indifférencié qui est fait de ces deux locutions :

Une seule fois, un de leurs clients s’étonna de continuer à avoir une ombre et de se voir dans les glaces […]

Perec, La Vie mode d’emploi / L’auteur emploie les deux prépositions sans que l’incidences soit évidente

[…] dans l’intervalle on a vu clair et, quand il est retombé, nous avons assez de sens, nous autres, pour continuer à imaginer qu’on y voit clair.

Giono, Un Roi sans divertissement

Et si je n’avais pas lu ces lettres, j’aurais dû continuer à vivre dans l’ignorance, le mensonge et la soumission.

Gide, Les Faux-monnayeurs

Tout devient, avec le temps, au-dessous de ses soins, comme il est au-dessus de vouloir se soutenir ou continuer de plaire par le moindre des talents qui ont commencé à le faire valoir.

La Bruyère, Les Caractères

Vous nous faites un grand plaisir decontinuer de nous instruirede tout ce qui se fait : je ne vois encore rien de notre mariage.

Sévigné, Lettres

Questions fréquentes sur cette distinction

Peut-on utiliser indifféremment les deux formes ?

Dans la majorité des cas, oui. Les deux constructions restent acceptables. Cependant, respecter la nuance entre action en cours et habitude enrichit votre expression et témoigne d’une maîtrise fine de la langue française.

Cette règle s’applique-t-elle à d’autres verbes ?

Quelques verbes suivent des principes similaires : commencer à/de, cesser à/de, tarder à/de. Chaque verbe possède toutefois ses spécificités qu’il convient d’étudier individuellement.

Comment éviter les erreurs dans mes écrits ?

Lisez votre phrase à voix haute. Si elle exprime une action qui progresse, optez pour « à ». Si elle décrit une récurrence ou une habitude, choisissez « de ». En cas de doute, privilégiez « continuer à », plus fréquent dans l’usage contemporain.

Quiz : maîtrisez « continuer à » et « continuer de »