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Faux jeton : définition & origine [expression]

Publié le 24/07/2021
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Être un faux-jeton signifie : être lâche, hypocrite, menteur, déloyal.

Synonyme:  faux-cul.

 

Faux jeton : origine de l’expression


La fausseté est bien sûr associée à la tromperie et au mensonge (on dit « être faux »). 

Cette expression est née du fait que certains jetons, c’est-à-dire les pièces plates rondes qui servent à compter, notamment aux jeux d’argent, imitent les pièces de vraie monnaie. 

Mais « faux jeton » est redondant, puisque un jeton est forcément un faux. L’expression antérieure, plus longue et lourde, disait « être faux comme un jeton ». Elle apparaît à l’écrit à la fin du XVIIIe siècle : 

On lui reproche beaucoup d’insolence, de dureté, de forfanterie, de fourberie, c’est qu’on dit qu’il est faux comme un jeton, qu’il ment comme un laquais […]

Texte repris dans plusieurs publications des années 1780

 

Eh bien ! ça n’a pas été plutôt r’habillé, que ce Monsieur est devenu faux comme un jeton, fripon comme un Procureur, fier comme un paon, & insolent…

Le Ramoneur prince et le Prince ramoneur, 1788 (?)

Elle se trouve tardivement, par exemple chez Romain Rolland (1866 – 1944) : 

Il y eut un silence hostile. Souriantes toutes deux, toutes deux rongeaient leur frein. Annette, rude et guindée ; Sylvie, l’air faux comme un jeton, caressante, maniérée. 

L’Âme enchantée, 1922

Faux jeton peut être adjectif ou nom : 

Souris, mais pas trop. Si tu as l’air triomphant les gens diront : « C’est un crâneur », mais si tu prendre un maintien modeste ils penseront : « C’est un faux jeton. »

Dorgelès, Lettre ouverte à un milliardaire

 

Il était un peu apprêté, un peu mystérieux dans son bonheur, un peu faux jeton aussi, comme un bon élève, le premier de la classe, avec un air de ne pas y toucher, de Sainte Nitouche, oui […]

Patrick Grainville, L’Atelier du peintre

Claude Duneton (La Puce à l’oreille) a relevé cette phrase plaisante de Montaigne :

Nous jugeons de luy, non selon sa valeur, mais, à la mode des getons, selon la prerogative de son rang.

Essais, De l’art de conférer

 

À lire : pourquoi dit-on « sainte nitouche » ?