281 Vues
Enregistrer

« Somptueux » et « somptuaire » : quelle différence ?

Publié le 06/12/2021 (m.à.j* le 13/01/2024)
0 commentaire

« Somptueux » et « somptuaire » : sont des paronymes de même origine.

Somptueux : définition

Du latin classique sumptuosus, « coûteux, onéreux », et pour une personne « dépensier, prodigue, fastueux », de sumptus, « coût, dépense, frais ». Dans l’emploi moderne, « somptueux » signifie :

  • très beau, magnifique, splendide, remarquable.

— Durant ces trois mois, elle avait, disait-elle, vécu d’une vie tout intérieure ; elle avait habité comme un palais sombre en craignant d’entrer en de somptueux appartements où brillaient des lumières […]

Balzac, Le Lys dans la vallée

Autrefois, « somptueux » qualifiait, en rapport avec son origine latine, ce qui était beau et représentait une grande dépense et, pour les personnes, celles qui aimaient le luxe. Mais cet usage a vieilli.

On avait fait de somptueux préparatifs, quand, dans l’après-midi, un valet de pied apporta une dépêche que vous ne viendriez pas.

Proust, À la recherche du temps perdu

À lire ici : luxuriant, luxurieux, luxueux, quelle différence ?

 

Somptuaire : définition

Du latin classique sumptuarius, « qui concerne la dépense », dérivé de sumptus (voir ci-dessus). « Somptuaire » signifiait :

  • qui restreint les dépenses, à propos de lois ;

Ce fut dans l’esprit de la république, ou dans quelques cas particuliers, qu’au milieu du treizieme siecle on fit en Arragon des lois somptuaires. Jacques I ordonna que le roi ni aucun de ses sujets ne pourroient manger plus de deux sortes de viandes à chaque repas, & que chacune ne seroit préparée que d’une seule maniere, à moins que ce ne fût du gibier qu’on eût tué soi-même.

Montesquieu, De l’Esprit des lois

Les lois somputaires étaient en effet des lois qui avaient, dans la Rome antique, pour but de limiter les dépenses. Par exemple, la lex Oppia de 215 av. J.-C., abrogée 195, avait cherché à limiter les dépenses de luxe des femmes. La lex Orchia de 182 visait le luxe des tables, la lex Fannia de 161 réglementait les banquets, etc. (cf. Mireille Cébeillac-Gervasoni, Histoire romaine). 

Mais il est employé parfois dans les écrits pour qualifier ce qui est « de luxe » (inutile), en opposition à ce qui est utilitaire (arts, dépenses somptuaires). Cet usage est critiqué par des puristes. Mais l’usage de cet adjectif est de toute façon assez rare.

[…] il avait dû aider à l’installation, pourvoir même, pendant les premières années, à la subsistance de ces moines qu’il avait demandés à Solesmes et il était à la fois furieux contre eux qui l’empêchaient de continuer des dépenses somptuaires et satisfait de les secourir. 

Huysmans, L’Oblat