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Halal et casher : quelle différence ?
différence halal casher

Publié le 23/07/2025
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⏳ Temps de lecture : 6 minutes

En France, l’abattage conventionnel consiste à étourdir l’animal par un procédé mécanique, électrique ou gazeux afin de le plonger dans un état d’inconscience avant de l’abattre par un coup de couteau à travers la gorge. Cette règle a été instaurée par le décret du 16 avril 1964, et étendue aux volailles et lapins en 1970. Cependant, il existe des dérogations pour des abattages rituels qui ne prévoient pas d’étourdissement, notamment les techniques d’abattage dans l’islam et le judaïsme, afin de produire une viande halal (islam) ou casher (judaïsme).

Ce qu’il faut retenir

  1. Abattage rituel obligatoire sans étourdissement préalable – dhabiha et shehita

  2. Séparation lait-viande uniquement exigée casher – burger fromage interdit

  3. Fruits de mer autorisés halal, interdits casher – crevettes acceptées/refusées

  4. Alcool totalement haram, vin casher possible – champagne interdit/autorisé

  5. Certification privée halal, consistoire casher – organismes indépendants/officiels

Les origines religieuses communes

Vous devez comprendre que ces deux traditions alimentaires partagent des racines abrahamiques communes. Toutes deux considèrent que l’alimentation constitue un acte spirituel qui dépasse la simple nutrition. Cette dimension sacrée explique pourquoi l’abattage rituel demeure central dans ces prescriptions religieuses, même dans nos sociétés modernes.

Halal : définition

“Halal” signifie “licite” en arabe, et s’oppose donc à haram, “l’illicite”. Halal renvoie donc aux pratiques autorisées par la religion islamique. La viande halal est la viande qui peut être consommée par le musulman.
Dans l’islam, le concept de halal ne se limite pas à l’alimentation. Il s’étend à tous les aspects de la vie quotidienne. Cette approche globale influence directement les règles alimentaires. Vous constaterez que les interdits coraniques visent à purifier non seulement le corps, mais aussi l’âme du croyant.

Comment l’abattage halal se déroule-t-il ? L’animal tourné vers la Mecque, est égorgé sans avoir été étourdi et doit se vider de son sang. Le sacrificateur, un musulman adulte, prononce, pendant l’égorgement, une bénédiction (Bismillah Allahou Akbar). En France, trois mosquées, celles de Paris, d’Évry et de Lyon, sont agréées par le ministère de l’Agriculture à accorder la carte de sacrificateur, valable pour un an. Cependant, il n’existe pas d’organisme de contrôle étatique pour la viande halal. Des organismes de contrôle divers, privés et indépendants se chargent de l’inspection, mais il n’existe de “label halal”. Cette pratique est en réalité un rituel religieux d’immolation, reproduisant le sacrifice d’un mouton par Abraham, après que l’ange Gabriel a remplacé son fils Isaac ou Ismaël par l’animal. Témoin de ce caractère rituel, la consommation de poisson de mer est halal, sans même être passée par un processus d’immolation. Une sourate du Coran ramasse certains des interdits alimentaires en islam :

Les spécificités de la dhabiha

La méthode d’abattage islamique, appelée dhabiha, exige une technique précise. Vous devez savoir que le couteau utilisé doit être parfaitement aiguisé pour minimiser la souffrance animale. Cette exigence reflète la compassion islamique envers les créatures de Dieu, principe fondamental souvent méconnu du grand public.

Sont illicites la bête morte, le sang, la viande porcine, et ce qui a été sacrifié au nom d’un autre dieu qu’Allah, la bête étouffée, la bête assommée, la bête morte à la suite d’une chute, celle morte d’un coup de corne, celle qu’un fauve a dévorée exception faite de celle que vous avez réussi à égorger avant sa mort. Vous sont interdites aussi les bêtes immolées devant les bétyles païens, ainsi que celles que vous vous partagez en les désignant au sort.

Coran V, 3, traduction Chebel

Casher : définition

Une viande est dite casher lorsque l’animal a été immolé selon les prescriptions de la cacherout, le code alimentaire tiré de la Torah, la bible hébraïque. L’abattage, appelée shehita, est pratiqué par un sacrificateur, nommé shohet.
La cacherout représente bien plus qu’un simple régime alimentaire. Vous découvrirez qu’elle constitue un système complexe de règles qui touchent à la pureté rituelle. Cette approche holistique distingue fondamentalement la tradition juive des autres prescriptions alimentaires religieuses.

Comment la shehita se déroule-t-elle ? La trachée et l’œsophage de l’animal sont tranchés suivant une trajectoire précise avec un chalaf, un couteau très affuté, sans encoche ni irrégularité. La bête abattue est suspendue la tête en bas pour qu’elle se vide de son sang. En effet, la consommation de sang (tout comme celle du nerf sciatique) est interdite : “seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang” (Genèse 9 : 4). L’animal abattu est ensuite inspecté pour contrôler le déroulement conforme de la shehita aux exigences rituelles. Ces dernières varient en fonction des traditions. La viande est ensuite trempée et salée. Il est à noter que le judaïsme interdit la consommation concomitante de viandes et de produits laitiers. Ces aliments ne doivent pas, en outre, avoir été manipulé avec les mêmes ustensiles, de la cuillère aux récipients.

Le processus de cachérisation

Vous observerez que la viande casher subit un processus de purification unique après l’abattage. Cette étape, appelée cachérisation, implique un trempage, un salage minutieux, puis un rinçage. Cette méthode, transmise depuis des millénaires, vise à extraire totalement le sang de la chair animale.
Le Consistoire central israélite de France est chargé d’accorder des cartes aux sacrificateurs juifs.

Voir ici un article sur ce qu’est le Talmud.

Tableau comparatif des principales différences

Critères Halal Casher
Animaux autorisés Ruminants, volailles, poissons avec écailles Ruminants à sabots fendus, volailles spécifiques
Fruits de mer Autorisés selon certaines écoles Interdits (crustacés, mollusques)
Séparation lait/viande Non requise Obligatoire et stricte
Alcool Totalement interdit Vin casher autorisé
Sacrificateur Musulman adulte Shohet certifié par un rabbin

Les similitudes méconnues

Vous seriez surpris de découvrir les convergences entre ces deux traditions. Toutes deux interdisent formellement la consommation de porc, considéré comme impur. Cette prohibition commune reflète des préoccupations sanitaires ancestrales qui conservent leur pertinence aujourd’hui.

La bonne nouvelle ? Ces deux systèmes partagent une philosophie du respect animal. Ils exigent tous deux une mort rapide pour minimiser la souffrance de l’animal.

La question du sang

L’interdiction de consommer du sang constitue un point de convergence majeur. Vous constaterez que cette règle commune s’enracine dans la croyance que le sang contient l’âme de l’animal. Cette conception spirituelle influence directement les techniques d’abattage des deux traditions.

Les différences pratiques au quotidien

Dans votre cuisine quotidienne, ces différences deviennent concrètes. Un musulman peut consommer simultanément viande et produits laitiers, contrairement à un juif pratiquant. Cette distinction fondamentale influence profondément les habitudes culinaires de chaque communauté.

La certification : un enjeu économique

Vous devez savoir que le marché de la certification représente des enjeux financiers considérables. En France, cette certification coûte entre 10 et 15 centimes d’euro par kilogramme de viande. Ces organismes privés génèrent ainsi plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.

Questions fréquemment posées

Un musulman peut-il manger casher ?

Techniquement, la viande casher peut être considérée comme acceptable pour un musulman, car les juifs font partie des “gens du Livre”. Cependant, cette acceptation varie selon les écoles juridiques islamiques et reste sujette à débat parmi les savants musulmans.

Un juif peut-il manger halal ?

La réponse est généralement négative. Les règles de la cacherout sont plus restrictives que celles du halal. La viande halal ne respecte pas nécessairement toutes les exigences juives, notamment concernant la séparation lait-viande et certaines parties de l’animal interdites.

  1. Pourquoi ces différences persistent-elles ?
    Ces prescriptions alimentaires constituent des marqueurs identitaires essentiels. Elles permettent aux communautés de préserver leur spécificité religieuse dans un monde globalisé.
  2. L’évolution moderne de ces pratiques
    Vous observerez que ces traditions s’adaptent aux défis contemporains. Des innovations technologiques permettent désormais une meilleure traçabilité et un contrôle qualité renforcé.

L’impact sur l’industrie alimentaire

Ces prescriptions transforment profondément l’industrie alimentaire moderne. Vous constaterez que de nombreux abattoirs français pratiquent désormais l’abattage rituel pour une partie de leur production, même destinée au circuit conventionnel. Cette réalité économique soulève des questions importantes sur l’information du consommateur.

Défis et perspectives

L’avenir de ces pratiques rituelles dépendra de leur capacité à concilier traditions religieuses et exigences modernes. Vous verrez émerger des solutions innovantes qui respectent à la fois les prescriptions religieuses et les préoccupations contemporaines sur le bien-être animal.
Ces deux traditions alimentaires, bien que distinctes, témoignent de la richesse du patrimoine religieux mondial. Leur compréhension mutuelle favorise le dialogue interculturel et le respect des diversités dans nos sociétés pluralistes.

Quiz : testez vos connaissances sur halal et casher


Que signifie le terme « halal » en arabe ?

Licite

Pur

Béni

« Halal » signifie « licite » en arabe et s'oppose à « haram » qui désigne l'illicite dans la religion islamique.

Quel ustensile spécifique utilise le shohet pour l'abattage casher ?

Machette

Chalaf

Coutelas

Le « chalaf » est le couteau rituel parfaitement affûté et sans irrégularité utilisé pour la shehita, l'abattage casher.

Dans le judaïsme, peut-on mélanger viande et produits laitiers ?

Non, c’est strictement interdit

Oui, sans restriction

Seulement le vendredi

Le judaïsme interdit formellement la consommation simultanée de viande et de produits laitiers, contrairement à l'islam.

Combien de mosquées françaises peuvent délivrer la carte de sacrificateur ?

Une seule

Trois

Cinq

Seules trois mosquées sont agréées par le ministère de l'Agriculture : Paris, Évry et Lyon.

Les crustacés sont-ils autorisés dans l'alimentation casher ?

Oui, tous les fruits de mer

Non, ils sont interdits

Seulement les crabes

Les crustacés et mollusques sont interdits dans l'alimentation casher, contrairement au halal où ils peuvent être autorisés selon certaines écoles.