On
écrit : « elle m’a apporté ». Dans
ce morceau de phrase, il n’y a pas de raison d’accorder le
participe passé du verbe « apporter », parce qu’il est conjugué
avec l’auxiliaire « avoir ».
Cette question d’accord du participe passé
constitue l’un des pièges les plus fréquents de la langue
française. La confusion naît de la proximité phonétique entre «
apporté » et « apportée », mais aussi de la méconnaissance des
règles fondamentales régissant l’accord avec l’auxiliaire
avoir.
Ce qu’il faut retenir
-
Auxiliaire avoir : accord seulement avec COD antéposé
Exemple : « qu’elle m’a apportées » (accord) -
« M’ » est toujours COI : jamais d’accord possible
Exemple : elle m’a apporté (à moi) -
COD après verbe : participe passé invariable systématiquement
Exemple : elle m’a apporté des fleurs -
Question clé : « à qui ? » révèle le COI
Exemple : apporté à qui ? À moi -
Méthode infaillible : chercher le COD avant l’auxiliaire
Exemple : les tartes qu’elle m’a apportées
La règle fondamentale de l’accord avec l’auxiliaire avoir
L’accord s’imposerait si un complément d’objet direct (COD, qui répond à la question qui ? quoi ?) précédait l’auxiliaire. Ce n’est pas le cas ici. En effet, le pronom « m’ » est un complément d’objet indirect (COI, qui répond à la question à qui ? à quoi ?) :
- Elle m’a apporté ➝ elle a apporté à qui ? ➝ elle a apporté à « m’ » ➝ elle a apporté à moi ➝ « m’ » est COI.
Le verbe « apporter » fonctionne selon une construction particulière. Quand quelqu’un apporte quelque chose à quelqu’un, la personne qui reçoit devient complément d’objet indirect. Cette nuance grammaticale s’avère déterminante pour l’accord.
Analyse détaillée de la construction
La phrase « elle m’a apporté » suit le schéma actanciel suivant :
Sujet : « elle » (celle qui accomplit l’action)
Verbe : « apporter » (action de porter vers quelqu’un)
COI : « m’ » (destinataire de l’action)
COD : sous-entendu ou exprimé après le verbe
Cette construction révèle pourquoi l’accord ne s’effectue pas : le pronom personnel « m’ » précède bien l’auxiliaire, mais il représente le destinataire, non l’objet apporté.
Les cas d’accord obligatoire
En revanche, l’accord du participe passé s’impose dans une phrase comme « j’aimerais formuler à nouveau ma grande reconnaissance pour le soutien et les encouragements qu’elle m’a apportés ». En effet, dans ce cas, un COD précède l’auxiliaire « avoir », ce qui appelle l’accord. Le COD est le pronom « qu’ », qui reprend l’antécédent « le soutien et les encouragements », deux noms masculins, dont l’un est au pluriel. Il faut donc accorder le participe passé et écrire « apportés ».
De la même manière, l’accord s’impose dans la phrase « j’ai dévoré les délicieuses tartes qu’elle m’a apportées ». Le COD « qu’ » reprend le nom pluriel féminin « tartes ». Il faut donc écrire « apportées ».
Tableau comparatif des accords
Situation | Exemple | Accord | Explication |
---|---|---|---|
COD après le verbe | Elle m’a apporté des fleurs | Aucun accord | Le COD suit l’auxiliaire |
COD avant le verbe | Les fleurs qu’elle m’a apportées | Accord obligatoire | Le COD précède l’auxiliaire |
Seul COI présent | Elle m’a apporté | Aucun accord | Pas de COD antéposé |
Méthode de vérification infaillible
Pour éviter toute confusion, appliquez cette méthode en trois étapes :
Identifiez l’auxiliaire : « avoir » ou « être » ?
Cherchez le COD : posez la question « qui ? » ou « quoi ? »
Vérifiez sa position : avant ou après l’auxiliaire ?
« La règle d’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir ne souffre aucune exception : seul un COD antéposé déclenche l’accord. »
Cette méthode vous permettra d’identifier immédiatement si l’accord s’impose. Dans notre cas, « m’ » répond à la question « à qui ? », confirmant sa nature de COI.
Erreurs fréquentes à éviter
Les locuteurs commettent souvent ces erreurs par analogie avec d’autres constructions :
Ces erreurs découlent d’une confusion entre le destinataire (COI) et l’objet apporté (COD). Le destinataire reste invariable, seul l’objet peut déclencher l’accord s’il précède le verbe.
Distinction avec d’autres verbes
Cette règle s’applique différemment selon la transitivité du verbe. Contrairement à « apporter », certains verbes admettent une double construction :
Verbes ditransitifs : « donner », « offrir », « prêter »
Verbes monotransitifs : « chercher », « trouver », « voir »
Cette distinction influe sur l’identification du COD et donc sur l’accord du participe passé.
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Exemples
- J’ai lancé une balle à ma chienne, mais elle m’a
apporté une petite branche à la place.
- Le COD « une petite branche » suit le verbe ➝ pas d’accord du participe passé.
- Bien que je n’en voulusse pas, les serviettes et les
couvertures qu’elle m’a apportées avant mon départ
me furent d’une grande utilité.
- Le COD est « qu’ », reprenant « les serviettes et les couvertures ».
- Elle m’a apporté, comme sur un souffle d’air frais, toute la senteur de ma jeunesse (Flaubert, Correspondance)
- Je me suis levée très tard aujourd’hui et elle m’a apporté mon déjeuner dans mon lit […] (Maria Van Rysselberghe à André Gide, Correspondance)
Exemples supplémentaires d’application
Ces exemples illustrent la constance de la règle : « m’ » demeure toujours COI, indépendamment de la nature de l’objet apporté.
Questions fréquentes
Pourquoi dit-on « elle m’a apporté » et non « elle m’a
apportée » ?
Parce que « m’ » représente le destinataire (COI), non l’objet
apporté (COD). L’accord ne s’effectue qu’avec un COD antéposé.
Comment différencier COD et COI ?
Le COD répond aux questions « qui ? » ou « quoi ? », tandis que le
COI répond à « à qui ? », « à quoi ? », « de qui ? », « de quoi ?
».
Cette règle s’applique-t-elle à tous les verbes
?
Oui, avec l’auxiliaire « avoir », l’accord ne s’effectue qu’avec un
COD antéposé, quel que soit le verbe.
La maîtrise de cette règle fondamentale vous évitera de nombreuses erreurs d’orthographe. Retenez simplement : avec « elle m’a apporté », aucun accord ne s’impose car « m’ » désigne le destinataire, non l’objet apporté.
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