On dit : je vous saurais gré. La locution à l’infinitif est savoir gré et non pas être gré. Il faut donc utiliser le verbe « savoir » (ici au conditionnel) et non pas le verbe « être ». La proximité phonétique de ces deux formes explique la confusion. On peut donc dire :
- je vous sais gré de votre aide qui a été essentielle ;
- je vous saurais gré de bien vouloir répondre dans les plus brefs délais.
On ne dit pas :
je vous serais gré de bien vouloir m’accorder une entrevue.
• Quel est le sens de cette formule ?
« Je vous saurais gré » signifie : je vous serais reconnaissant de. Le terme gré (issu du latin gratum), très ancien dans la langue française, signifie « reconnaissance » ou « gratitude ». Selon l’Académie française, on en trouve une trace dans la Vie de saint Alexis, un des premiers textes français :
Un fil lor donet, si l’en sovrent bon gret
(Il (Dieu) leur donna un fils, ils lui en surent bon gré)
On l’utilise dans de nombreuses expressions toujours vivantes comme « de gré ou de force », « bon gré mal gré », « de plein gré », « de gré à gré », « au gré des événements », « contre le gré » (se marier contre le gré de ses parents), dans des adjectifs comme « agréable », un substantif comme « agrément », un verbe comme « maugréer », etc. Il peut être aussi utilisé en le faisant précéder d’un adjectif possessif dans des locutions qui expriment la satisfaction de son goût ou de sa volonté :
- cela marche à mon gré ;
- à son gré, à ton gré (comme il veut, comme tu veux);
- trouver quelque chose à son gré, etc.
En cas de doute, on peut substituer « être reconnaissant » à « savoir gré ».
• Exemples avec « je vous saurais gré »
- Je vous saurais gré de bien vouloir faire le nécessaire pour régler cette situation inacceptable qui affecte ma famille et moi.
- Je vous saurais
gré de bien vouloir accuser réception de mon courriel.
- Je vous serais reconnaissant de bien vouloir accuser réception de mon courriel.
- Je vous saurais gré si vous pouviez faire un don à notre institut afin de financer la recherche contre cette terrible maladie.
- Je représentai à l’abbé Egault qu’il m’avait appris le latin ; que j’étais son écolier, son disciple, son enfant ; qu’il ne voudrait pas déshonorer son élève, et me rendre la vue de mes compagnons insupportable, qu’il pouvait me mettre en prison, au pain et à l’eau, me priver de mes récréations, me charger de pensums ; que je lui saurais gré de cette clémence et l’en aimerais davantage. (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe)
- ― Madame Cavrois, la passion vous égare…Je vous saurais gré…
― Je veux mettre en garde cet innocent.
― Et contre qui, s’il vous plaît ?
Voir ici : «Autant pour moi » ou « au temps pour moi » ?
• « Je vous saurais gré » au féminin et au pluriel
Dans un courrier, si le destinataire est une femme ou s’il y a plusieurs destinataires, « gré » demeure invariable. Exemple :
- Je vous saurais gré, Madame, du temps que vous consacrerez à l’étude de ma candidature.
• « Je vous saurais gré » au futur ou au conditionnel
On emploie généralement la formule au conditionnel présent car elle exprime un souhait. Employée au futur, la formule est plus impérative ; elle exprimerait implicitement un ordre, comme dans l’exemple suivant :
- je vous saurai gré de ne plus essayer de me joindre par téléphone.
Merci Arthur, je vous sais gré pour cette explication limpide…
Je vous saurais gré ou je vous saurai gré. Le second est moins impératif ?
PEU ME CHAUT l’opinion des grincheux ! SURTOUT CONTINUER VOS CHRONIQUES !!!
La construction de la locution « je vous sais gré » est troublante.
Pour l’éclaircir, il est bien de revenir à l’expression « savoir gré à quelqu’un » pour bien distinguer le rôle des termes dans cette expression.
En effet on voit ainsi que cette expression perd la préposition « à » dans la variante « je vous sais gré » dans laquelle on n’a alors plus d’indication permettant de discerner à coup sûr que « gré » qualifie non pas le « vous » ni le « je » mais complémente le « sais ».
Enfin le verbe »savoir » n’est pas utilisé dans son sens le plus courant mais est pris dans son acception « ressentir/éprouver », et gré tout simplement dans le sens de « gratitude », d’où le sens final de « je ressens de la gratitude envers vous ».
(J’espère que cette présentation de l’expression aidera ceux qui cherchent à retrouver une logique derrière la tournure de cette locution figée voire archaïque.)
« Il peut être utilisé PRECEDE d’un adjectif possessif dans des locutions qui expriment la satisfaction de son goût ou de sa volonté :
cela marche à mon gré ;
à son gré, à ton gré (comme il veut, comme tu veux);
trouver quelque chose à son gré, etc.
Merci, petite faute d’inattention !