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La nature des mots ou classes grammaticales : définition et liste

Publié le 04/03/2022 (m.à.j* le 16/02/2024)
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La nature des mots, les natures grammaticales ou les classes grammaticales, désignent les catégories dans lesquelles sont classés des mots apparentés (ils ont des points en commun). Ils peuvent avoir la même nature parce qu’ils désignent une réalité similaire, parce qu’ils désignent le même type d’éléments, ou parce qu’ils ont souvent des fonctions similaires. La nature des mots est en général indiquée par les dictionnaires avant les définitions. La nature d’un mot, qui est en quelque sorte son « identité », diffère de sa fonction, qui désigne son rôle dans la phrase. Il existe de 9 natures de mots ou classes grammaticales :

  • les variables : 
    • les adjectifs ; 
    • les déterminants ;
    • les noms ;
    • les pronoms ;
    • les verbes ;
  • les invariables : 
    • les adverbes ; 
    • les conjonctions ; 
    • les interjections ;
    • les prépositions ;

L’interjection n’est parfois pas considérée comme une nature de mot (cf. Éduscol, Grammaire du français). Des homonymes peuvent appartenir à plusieurs classes grammaticales. Par exemple, « bleu » peut-être un nom (« le bleu ») ou un adjectif ( « le pull bleu »).

Les adjectifs (variables)

Le terme général « adjectif » renvoie aux mots liés à un nom qui expriment son statut, sa qualité ou une de ses caractéristiques. Cependant, on distingue en général deux types d’adjectifs.

 

Les adjectifs qualificatifs (ou descriptifs)

Ils expriment une qualité du nom ou des noms auxquels ils se rapportent.

  • Exemples : de grands messieurs ; une maison bleue ; un cheval docile ;

Plusieurs adjectifs peuvent qualifier un même nom et ils peuvent se suivre. 

  • Exemples : de beaux petits oiseaux ;

Ils peuvent varier en intensité :

  • égalité : elle est aussi grande que moi ;
  • supériorité : 
    • comparatif : elle est plus grande que moi ;
    • superlatif : elle est la plus grande ;
  • infériorité : 
    • comparatif : elle est moins grande que moi ;
    • superlatif : elle est la moins grande ;

 

Les adjectifs relationnels 

Ils mettent le nom ou les noms auxquels ils se rapportent en lien avec un autre élément. Ils se placent après le nom. Exemples : la chambre parentale ; l’armée française ; une institution nationale.

Les adjectifs relationnels peuvent être remplacés par un complément. Exemplesla chambre des parents ; l’armée de la France ; une institution de la nation.

Un adjectif est épithète quand il est accolé au nom, et qu’il peut-être remplacé de la phrase sans qu’elle ne devienne agrammaticale :

  • la chaise marron est dans le salon -> La chaise est dans le salon.

Il est attribut quand il est relié au nom par un verbe d’état :

  • Le ciel est bleu.

Les adverbes (invariables)

Les adverbes sont des mots invariables qui sont le plus souvent employés en lien avec un verbe (ce terme vient du latin adverbium, composé de ad « auprès de » et de verbum, « verbe »), un adjectif, une phrase entière ou un autre adverbe pour en nuancer le sens :

  • Elle est très fatiguée ;
  • Jean marchait lentement ;
  • Demain, j’irai voir mon père ;
  • Vous leur avez répondu fort adroitement ;
  • Il allait dorénavant plutôt mal.

De nombreux adverbes ont été formés en ajoutant à l’adjectif qualificatif la terminaison « -ment » (volontaire, volontairement ; facile, facilement ; etc.). Mais tous les adverbes n’ont pas été formés sur ce modèle.

L’adverbe peut servir de mot de liaison (ou « connecteur logique ») :

  • Exemple : Son livre a eu beaucoup de succès. Néanmoins, il n’en a jamais écrit d’autres.
    • « néanmoins » unit les deux phrases ;
    • dans le cas présenté par les phrases de l’exemple, on peut aussi les séparer par un point-virgule.

L’adverbe peut servir au lecteur à indiquer la progression d’un récit ou d’un raisonnement :

  • Exemple : Primo, je viendrai te chercher chez toi. Secundo, nous irons voir Bernard ensemble. Là-bas, nous partions tous trois au restaurant.

L’adverbe peut servir à indiquer la position émotionnelle ou morale du locuteur par rapport à ce qu’il dit, l’intensité qu’il confère à ce qu’il énonce ou son avis sur la question (on dit qu’il permet de « modaliser »).

  • Exemple : Ce film est probablement le meilleur de l’année ;

Enfin, l’adverbe peut servir à signaler la valeur du discours tenu par l’interlocuteur.

  • Exemple : Sincèrement, je ne crois pas que l’on puisse dire de telles choses.

Dans certains cas, les adverbes ont une fonction d’adjectif qualificatif, mais ils restent invariables.

  • ExemplesTu travailles bienils sont loin.

Ils peuvent aussi avoir le rôle de nom commun :

  • Un ailleurs, un pourquoi, etc.

Dans certains cas, l’adverbe peut être supprimé, et dans d’autres cas, sa suppression rend la phrase incompréhensible.

  • On trouvait cependant dans la ville de nombreuses fontaines ;
    • « On trouvait dans la ville de nombreuses fontaines. »
  • Il fait parfois du sport alors que j’en fais régulièrement ;
    • « Il fait parfois du sport alors que j’en fais » ;
    • La suppression de « régulièrement » rend la phrase incompréhensible.

On classe les adverbes selon des catégories très nombreuses :

  • adverbes de manière : facilement, doucement, bien, mal, mieux, etc. ;
  • adverbes de temps : souvent, parfois, demain, désormais, etc. ;
  • adverbes de lieu : là, dedans, derrière, partout, etc. ;
  • adverbes de quantité : beaucoup, assez, trop, peu, etc. ;
  • adverbes d’opinion : évidemment, certes ;
  • etc.

Les adverbes peuvent aussi se présenter en plusieurs mots : on parle alors de « locutions adverbiales ». Elles sont invariables.

  • Exemples : à ce moment-là, en général, à jamais, etc.

Les locutions adverbiales peuvent servir de comparatif et de superlatif :

  • comparatif d’égalité : aussi gentiment ;
  • comparatif de supériorité : plus gentiment ;
  • comparatif d’infériorité : moins gentiment ;
  • superlatif de supériorité : le plus gentiment ;
  • superlatif d’infériorité : le moins gentiment.

Les conjonctions (invariables)

Les conjonctions sont des mots de liaison invariables (le latin conjunctio veut dire « union, liaison ») qui servent à unir des mots, des groupes de mots, des propositions ou des phrases. Il existe deux types de conjonction.

 

La conjonction de coordination

Elle permet de lier des éléments de même fonction, qui sont souvent de même nature. La liste traditionnelle des conjonctions de coordination est « mais ; où ; est ; donc ; or ; ni ; car ». Cependant, « donc » est désormais considéré comme un adverbe.

  • « et » marque une addition.
  • « ou » : une alternative.
  • « ni » : une liaison ou alternative négative.
  • « mais » : une opposition ou une nuance.
  • « car » : une explication.
  • « or » : une transition.
  • « donc » une conséquence.

 

Le conjonction de subordination

Elle permet de lier une proposition à un autre élément de fonction différente. L’un des éléments est nommé « proposition principale » et l’autre, qui lui est dépendant, est nommé « proposition subordonnée ». Les conjonctions de subordination peuvent exprimer :

  • la cause : parce que, puisque, sous prétexte que, etc. ;
  • le but : pour que, afin que, etc. ;
  • le temps : quand, lorsque, dès que, etc. ;
  • la concession : bien que, etc. ;
  • la condition : pourvu que, etc. ;
  • la comparaison : comme, etc. ;

Les déterminants (variables)

Les déterminants se placent devant un nom. Ils permettent de former ce que l’on nomme un groupe nominal (un ensemble de mots formés autour d’un nom). Leur rôle est, comme leur nom l’indique, de déterminer un nom, c’est-à-dire de donner des informations pour l’identifier en comprenant sa situation concrète (le genre, le nombre, son sens dans le contexte, etc.). On a regroupé dans la catégorie des déterminants des mots que l’on classait auparavant dans d’autres catégories. Les déterminants se regroupent dans des sous-catégories.

  • les articles :
    • définis : le, la, les ;
    • indéfinis : un, une, des ;
    • partitifs (pour une quantité qu’on ne peut pas compter) : des, du, d’, de la.
  • les déterminants démonstratifs :
    • féminin singulier : cette ;
    • masculin singulier : ce, cet ;
    • pluriel : ces.
  • les déterminants exclamatifs (les mêmes que les interrogatifs) :
    • masculin : quel, quels ;
    • féminin : quelle, quelles.
  • les déterminants indéfinis :
    • aucun(e), certain(s), certaine(s), chaque, maint, nul(le), n’importe quel(s), n’importe quelle(s), plus de, plusieurs, quelques, tant de, tel, trop de,, tout/tous/toute/toutes.
  • les déterminants interrogatifs (les mêmes que les exclamatifs) :
    • masculin : quel, quels ;
    • féminin : quelle, quelles ;
    • combien de.
  • les déterminants possessifs :
    • à la première personne : ma, mon, mes ;
    • deuxième personne : ta, ton, tes ;
    • troisième personne : sa, son, ses ;
    • première personne du pluriel : notre, nos ;
    • deuxième personne du pluriel : votre, vos ;
    • troisième personne du pluriel : leur, leurs.
  • les déterminants numéraux cardinaux :
    • un, une, deux, trois, quatre, cinq, etc (invariables) ;
    • vingt et cent prennent la marque du pluriel lorsqu’ils sont multipliés et qu’ils ne sont pas suivis d’un autre nombre (quatre-vingts, deux cents, etc.).
  • les déterminants relatifs (formés sur « quel » avec un article indéfini)
    • masculin singulier : lequel, duquel, auquel ;
    • féminin singulier : laquelle, de laquelle, à laquelle ;
    • masculin pluriel : lesquels, desquels, auxquels ;
    • féminin pluriel : lesquelles, desquelles, auxquelles.

Les interjections (invariables)

Les interjections (du latin interjectio, « intercalation, insertion »), sont des mots ou des groupes de mots (on parle alors de « locution interjective ») qui se suffisent à eux-mêmes (ils sont « autonomes »), qui peuvent être une exclamation ou une interrogation, et qui servent à exprimer une émotion, une sensation, une réaction, donner un ordre, défendre quelqu’un de faire quelque chose, ou qui servent à faire avancer une conversation, à relancer un interlocuteur, etc. Elles permettent de rendre un récit plus vivant.

Les interjections sont très nombreuses. Elles peuvent être des noms, des groupes nominaux, des verbes ou des adjectifs.

  • Liste d’interjectionsÀ la bonne heure ! Ah ! Ah bon ? Aïe ! Allô ! Allons ! Assez ! Attention ! Bah ! Basta ! Bigre ! Bof ! Bon sang !  Bravo ! Debout ! Diable ! Chouette ! Ciel ! Bon sang ! Encore ! Enfin ! Eh ! Euh ! Fantastique ! Félicitations ! Fi ! Flûte ! Hein ? Hourra ! Miam ! Mince ! Mon Dieu ! Nom d’une pipe ! Ô ! Oh ! Patatras ! Pouah ! Silence ! Soit ! Stop ! Tiens ! Voyons ! Youpi ! Zut !

Les jurons sont des interjections (Sacrebleu !  Fichtre ! Morbleu ! etc.).

L’onomatopée est un type d’interjection. Elle essaie de reproduire un bruit réel, en imitant un son, un cri d’animal ou un bruit produit par un être humain.

  • Exemples : Atchoum ! Boum ! Chut ! Cocorico ! Ding ! Hum !  Meuh ! Miaou ! Pan ! Plouf ! Tic-tac !

« Vive » peut s’accorder : vive les mariés ou vivent les mariés !

Les noms (variables)

Il existe deux catégories de noms : les noms propres et les noms communs.

  • Les noms propres désignent des éléments dans leur singularité. Ils sont en général signalés par une majuscule.
  • Les noms communs désignent une classe d’éléments qui partagent des caractéristiques.

Noms propres comme noms communs peuvent désigner des choses concrètes (des êtres, des objets) comme des choses abstraites (des notions, des concepts).

Les noms communs ont un genre (masculin ou féminin), indiqué par le déterminant :

  • La table / le cahier.

Le genre peut varier.

  • Le lapin / la lapine 

Ils peuvent varier en nombre (ils peuvent se mettre au pluriel).

  • Le lapin / les lapins.

On distingue parfois les noms communs désignant des êtres animés des noms communs désignant des êtres inanimés.

Les prépositions (invariables)

Les prépositions sont des mots de liaison invariables qui permettent de relier un mot ou un groupe de mots à un complément, qui peut être un nom, un groupe nominal, un pronom, un adverbe ou un infinitif. Contrairement aux conjonctions, elles ne relient pas des phrases ou des propositions. Les prépositions ne peuvent pas être supprimées. Elles sont très nombreuses. Elles peuvent être :

  • simples (un seul mot) : à, après, avant, avec, chez, de, depuis, derrière, devant, en, entre, malgré, par, pendant, pour, sans, sauf, sous, sur, etc.
  • être composées de plusieurs mots (on parle de « locutions prépositionnelles ») : afin de, jusqu’à, au-dessus de, à l’aide de, en dessous de, vis-à-vis de, etc.

Les pronoms (variables)

Du latin pronomen (pro, « à la place de », nomen « nom »), les pronoms remplacent un mot ou un groupe de mots. Ce mot peut être un nom, un adjectif attribut du sujet ou une proposition. Le groupe de mots est un groupe nominal. Ce mot ou ce groupe de mots peuvent avoir été évoqués auparavant par le locuteur. Le pronom sert notamment à éviter une répétition (exemple : Julie marchait dans la rue. Elle allait au travail.). Ils peuvent renvoyer à un élément dont l’identité est inconnue (exemple : quelqu’un montait les escaliers.). Il y a six catégories de pronoms :

  • les pronoms personnels : varient en fonction de la personne, du genre et de la fonction ;
    • les pronoms personnels sujets: je, tu, il/elle/on (ce dernier est plus exactement un pronom indéfini qui ne renvoie qu’à des être animés), nous, vous, ils/elles/on,  ;
    • les pronoms personnels cod : me, te, le/la, nous, vous, les, se ;
    • les pronoms personnels coi : moi, toi, lui, nous, vous, leur, se.
  • les pronoms possessifs : indiquent la possession ;
    • le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur ;
  • les pronoms démonstratifs : indiquent un élément désigné :
    • ce, ça, ceci, cela, celles, celui-ci, celui-là ;
  • les pronoms interrogatifs : permettent de former une question ;
    • qui, que, de/par/pour quoi, auquel, lequel, duquel, à laquelle, par quoi ;
  • les pronoms relatifs : introduisent des propositions ;
    • qui, que, quoi, dont, où ;
    • lequel/laquelle/lesquels/lesquelles, duquel/de laquelle/ desquels / desquelles, auquel/à laquelle / auxquels / auxquelles ;
  • les pronoms indéfinis : désignent des éléments dont l’identité n’est pas définie ;
    • Aucun, pas un, personne, un, quelqu’un, quelque chose, plusieurs, certains, tout, chacun, d’autres, autrui, rien ;

Les verbes (variables)

Les verbes servent à exprimer un état, une action, un fait, une intention en le situant dans le temps. Ils forment le noyau des phrases : ils ne peuvent pas être supprimés. Les verbes sont formés :

  • d’un radical : la partie stable du verbe.
    • exemple : pour « chantait », le radical est « chant- ».
  • d’une terminaison ou désinence : elle indique son mode, son temps, sa personne et son nombre.
    • exemple : pour « chantait », la terminaison « – ait ».

Les verbe varient (il sont conjugués) :

  • selon la personne ; 
    • je mange, nous mangeons.
  • selon le temps ;
    • je mange (présent de l’indicatif), je mangeais (imparfait).
  • selon le mode ; 
    • tu veux (présent de l’indicatif), veuille (impératif) ;
  • selon la voix : active ou passive ;
    • je veux (voix active), je suis voulu (voix passive).

Les verbes sont classés en 3 groupes :

  • les verbes du premier groupe : leur terminaison est en -er (sauf aller) ; les néologismes s’inscrivent le plus souvent dans ce groupe ;
    • manger, chanter, creuser, rouler, tweeter, etc.
  • les verbes du deuxième groupe : leur terminaison est en -ir ;
    • finir, compatir, arrondir, etc.
  • les verbes du troisième groupe : ceux qui n’appartiennent à aucune des deux catégories précédentes ; 
    • aller, pouvoir, vendre, etc.

Ils peuvent être de forme simple ou de forme composée : 

  • simple : ils ne comptent qu’un seul mot ;
    • il part ;
  • composé : ils comptent au moins deux mots ;
    • il est parti ;

Certaines phrases ne sont formées que d’un verbe :

  • Pars !

En linguistique, le verbe et ses compléments ont une fonction de prédicat. Cela signifie qu’ils apportent des informations sur le sujet de la phrase. Le verbe est en général placé après le sujet.