Cette chronologie est bien sĂ»r incomplĂšte et se concentre surtout sur la politique, mais vous permettra peut-ĂȘtre dâapprendre des choses.
496 : baptĂȘme de Clovis
Le roi franc Clovis (~481 ~ 511) se convertit au christianisme Ă une date, en un lieu et dans des circonstances qui restent mal connus. Les sources historiques se rapportant Ă lâĂ©vĂ©nement ont en effet rĂ©duites. Le seul texte contemporain au baptĂȘme de Clovis est une lettre que lui adresse lâĂ©vĂȘque de Vienne, Avit (m. dĂ©but du VIe siĂšcle), pour le remercier de lâinvitation Ă la cĂ©rĂ©monie. Avit y loue la conversion de Clovis :
La divine Providence a trouvĂ© un arbitre Ă notre temps. Le choix que vous faites pour vous-mĂȘme, vous lâindiquez Ă tous : votre foi, câest notre victoire.
La victoire que salue Avit est celle du christianisme dans sa version orthodoxe, le courant romain professĂ© par le clergĂ© gallo-romain (le christianisme nicĂ©en ou trinitaire) dans lequel sâest engagĂ© Clovis, contre lâarianisme. Cet autre courant du christianisme, considĂ©rĂ© comme hĂ©rĂ©tique par le christianisme romain, a les prĂ©fĂ©rences des Burgondes, qui dominent la vallĂ©e du RhĂŽne, oĂč officie Avit, et des Wisigoths, installĂ©s au sud-ouest de la Gaule et dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique.
732 : « Charles Martel repousse les Arabes à Poitiers »
La bataille de Poitiers de 732, dĂ©faite pour les envahisseurs, aurait marquĂ© la limite occidentale de lâexpansion de lâislam. Par la bataille de Poitiers, la France et lâEurope auraient sauvĂ© leur intĂ©gritĂ©. Une date clĂ© du roman national, le maire du Palais Charles Martel obtenant alors le statut de « grand homme ».
Cependant, son dĂ©roulement est peu documentĂ© : on connaĂźt mal lâĂ©tat des forces en prĂ©sence. En outre, rien ne dit clairement que les musulmans dâal-Andalus, la pĂ©ninsule ibĂ©rique fraĂźchement conquise par lâempire musulman omeyyade, avait pour intention de conquĂ©rir les Gaules. Enfin, elle ne met pas un terme Ă la prĂ©sence arabe au-delĂ des PyrĂ©nĂ©es et masque les divisions internes des Francs. Henri Pirenne (1862 â 1935) disait dĂ©jĂ en 1939 dans Mahomet et Charlemagne :
Cette bataille nâa pas lâimportance quâon lui attribue. Elle nâest pas comparable Ă la victoire remportĂ©e sur Attila. Elle marque la fin dâun raid mais nâarrĂȘte rien en rĂ©alitĂ©. Si Charles avait Ă©tĂ© vaincu, il nâen serait rĂ©sultĂ© quâun pillage plus considĂ©rable.
Il faut nĂ©anmoins replacer la bataille dans son contexte : celle dâune sĂ©rie de dĂ©faites pour les armĂ©es musulmanes, et notamment celles de Toulouse en 721 ou de Convadonga en 722, qui tĂ©moignent dâune perte de lâĂ©lan conquĂ©rant qui avait permis aux armĂ©es arabo-berbĂšres de sâemparer la pĂ©ninsule ibĂ©rique. La bataille de Poitiers retrouve ici son importance.
754 : Pépin le Bref sacré roi
Le fils de Charles Martel, PĂ©pin dit âle Brefâ, confirme lâascension des Pippinides (les futurs Carolingiens) au dĂ©triment des MĂ©rovingiens (la dynastie de Clovis). PĂ©pin sâimpose comme la figure prĂ©dominante de cette famille. Ălu roi en 751, PĂ©pin est sacrĂ© en 754 sacrĂ© par le pape Ătienne II. Le royaume des Francs est alliĂ© Ă la papautĂ©.
25 décembre 800 : Charlemagne sacré empereur
Tel PĂ©pin le Bref son pĂšre, Charlemagne se pose en protecteur de lâĂglise. Le 23 dĂ©cembre 800, Ă Rome, une assemblĂ©e Ă©met le voeu que Charlemagne prĂźt le titre dâempereur. Le 25, jour de NoĂ«l, le pape LĂ©on III lui apposa la couronne. Charlemagne, roi des Francs, devient empereur : il devient symboliquement le successeur des empereurs romains.
14 février 842 : serments de Strasbourg
Louis le Pieux, le successeur de Charlemagne en 814, meurt en 840. Comme le veut la tradition franque, les terres sont partagĂ©es entre ses fils. Il en a trois, Louis le Germanique, Charles âle Chauveâ et Lothaire. Les deux premiers sâallient contre le troisiĂšme, le battent Ă Fontenay-en-Puisaye, puis jurent en 842 Ă Strasbourg de sâaider mutuellement. La cĂ©rĂ©monie de serment Ă©tant publique, pour ĂȘtre comprise, doit ĂȘtre rĂ©citĂ©e en langue romane par Louis et en thiois par Charles. On tire de ce serment, le premier document Ă©crit connu de langue romane, ancĂȘtre trĂšs proche du français, qui se sĂ©pare du latin vulgaire. La tradition retient la date des serments de Strasbourg comme la date de naissance de la langue française.
843 : traité de Verdun
En aoĂ»t 843, le traitĂ© de Verdun entĂ©rine la division de lâempire de Charlemagne. Charles obtient les terres de lâOuest, Louis obtient les terres Ă lâest du Rhin sauf la Frise, et Lothaire un territoire partant de la mer du nord jusquâĂ lâItalie, comprenant Aix-la-Chapelle et Rome. Lothaire reste empereur, mais ce nâest quâun Ă©lĂ©ment de prestige. LâentitĂ© qui naĂźt de ces partages, câest la Francia occidentalis, « premiĂšre vĂ©ritable incarnation de la France politique » (Jacques Le Goff).
880 : la CantilĂšne de saint Eulalie
Ce texte, un hymne chrĂ©tien, est le plus vieux texte littĂ©raire Ă©crit en langue dâoĂŻl, câest-Ă -dire en français (la langue qui Ă©tait parlĂ©e au-dessus de la Loire). Ce poĂšme parle du martyre de sainte Eulalie de Merida.
11 septembre 909 ou 910 : fondation de lâabbaye de Cluny
Lâabbaye de Cluny nâest plus que lâombre de ce quâelle a Ă©tĂ©. FondĂ©e au nord-est de MĂącon, en SaĂŽne-et-Loire, sur les terres de Guillaume le Pieux, Cluny prend un essor exceptionnel grĂące Ă des lignĂ©es de grands abbĂ©s talentueux et par son indĂ©pendance totale Ă lâĂ©gard des seigneurs : elle ne dĂ©pendait que du pape. Ainsi, Cluny, dotĂ©e de la plus grande Ă©glise de la ChrĂ©tientĂ© jusquâĂ la construction de la basilique Saint-Pierre, devient un centre culturel proĂ©minent en Europe, le fer de lance de la rĂ©forme religieuse du XIe siĂšcle, une force de promotion de la rĂšgle de saint BenoĂźt et le centre dâun rĂ©seau dâabbayes sâĂ©tendent Ă toute la ChrĂ©tientĂ©.
911: traité de Saint-Clair-sur-Epte
Le roi Charles III (r. 898 â 922) vainc les troupes du chef viking Rollon prĂšs de Chartres en juillet 911. Pour faire cesser les pillages, le roi profite de lâaffaiblissement de Rollon pour nĂ©gocier un traitĂ© de pacification : des terres en Ă©change de la reconnaissance de la suzerainetĂ© du roi des Francs et de la christianisation des Vikings. Ce traitĂ© est le point de dĂ©part symbolique de lâhistoire du duchĂ© de Normandie, futur conquĂ©rant de lâAngleterre sous Guillaume.
966 : fondation de lâabbaye du Mont-Saint-Michel
Un premier sanctuaire est fondĂ© sur cet Ăźlot rocheux en 708 par Aubert, lâĂ©vĂȘque dâAvranches, inspirĂ© par des visions de lâarchange Michel. Deux siĂšcles plus tard, le duc de Normandie, Richard Ier (943 â 966), y installe une communautĂ© bĂ©nĂ©dictine, sur le modĂšle Ă succĂšs de Cluny. Peu Ă peu, lâabbaye du Mont-Saint-Michel devient un lieu de pĂšlerinage important et un centre intellectuel important. Des moines sây attellent Ă la copie dâĆuvres notables, et Ă la traduction de livre antiques comme ceux dâAristote.
Lâarchitecture gĂ©nĂ©rale des bĂątiments du Mont-Saint-Michel est le rĂ©sultats de siĂšcles dâadditions et de restaurations. LâĂ©glise abbatialle se situe Ă 80 mĂštres de hauteur et sâĂ©tend sur une plateforme de 80 mĂštres de longueur. Au sanctuaire carolingien sâest ajoutĂ© du gothique flamboyant (notamment le chĆur, reconstruit Ă partir de 1421). Un village nĂ©s de lâafflux de pĂšlerins se dĂ©veloppe. Il est entourĂ© de murailles datant de la guerre de Cent Ans. Le Mont-Saint-Michel a en effet Ă©tĂ© au cĆur des combats entre France et Angleterre au Moyen Ăge.
Mais son histoire reflĂšte celle de la France. Les voeux monastiques sont supprimĂ©s Ă la RĂ©volution. Le Mont-Saint-Michel devient un prison pour prĂȘtres rĂ©fractaires. En 1811, NapolĂ©on en fait une maison de force. Au XIXe siĂšcle, les bĂątiments, vides de religieux, se dĂ©gradent. Lâabbaye est nĂ©anmoins classĂ©e monuments historique en 1874, puis fait lâobjet de restauration destinĂ©es Ă accueillir le tourisme naissant. Le Mont-Saint-Michel, classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO depuis 1979, attire aujourdâhui plus de 2,5 millions de touristes chaque annĂ©e. Depuis 1966, une communautĂ© de moines sây est rĂ©installĂ©e.
987 : Hughes Capet, roi des Francs
En 987, peut-ĂȘtre en juillet, Hugues Capet est Ă©lu roi des Francs (Rex francorum) par une assemblĂ©e de grands du royaume. LâĂ©lection de Hugues Capet donne naissance Ă la dynastie capĂ©tienne, dont le dernier reprĂ©sentant sur le trĂŽne de France fut Charles X (1824 â 1830). Hugues Capet associe de son vivant son fils aĂźnĂ©, Robert le Pieux, Ă son rĂšgne. Il hĂ©ritera ainsi de facto du trĂŽne, rendant progressivement lâĂ©lection du roi facultative.
1er juin 989 : paix de Dieu au concile de Charroux
Le royautĂ© capĂ©tienne est encore balbutiante. Elle nâest pas capable dâimposer un ordre public sur le territoire du royaume. Les seigneurs multiplient les guerres privĂ©es entre eux, au dĂ©triment du clergĂ©, dont les biens sont spoliĂ©s, et des paysans, parfois capturĂ©s et rançonnĂ©s. LâĂglise comble le vide avec le mouvement de la âpaix de Dieuâ. Ă lâoccasion de conciles provinciaux, notamment celui de Charroux (Allier actuel), elle organise des pactes entre les seigneurs pour encadrer la violence. La violation de ces pactes pouvait entraĂźner lâexcommunication. Au sud de la Loire se dĂ©veloppe Ă partir du milieu du Xe siĂšcle le mouvement de la TrĂȘve de Dieu, bannissant la violence pendant certaines pĂ©riodes. La puissance capĂ©tienne prend le relai et impose peu Ă peu la paix du roi. Elle sâarroge, en quelque sorte, le monopole de la violence lĂ©gitime.
Vers 1090 : la Chanson de Roland
La Chanson de Roland est le plus bel exemple de chanson de geste qui nous soit parvenu au Moyen Ăge. Ce genre littĂ©raire met en scĂšne les exploits lĂ©gendaires de hĂ©ros exemplaires. La Chanson de Roland est une Ćuvre avant tout orale, diffusĂ©e par des trouvĂšres et chanteurs ambulants, qui a Ă©tĂ© fixĂ©e Ă lâĂ©crit, probablement au XIe siĂšcle. Son auteur est donc inconnu. Il en existe plusieurs versions, créées par la fantaisie des artistes de lâĂ©poque. La plus ancienne dont nous disposons est Ă©crite en anglo-normand, lâancien français parlĂ© par les Ă©lites de Normandie qui dominaient lâAngleterre. La Chanson de Roland est donc un des plus anciens textes littĂ©raires en français. Elle raconte lâhistoire de Roland, chevalier idĂ©al, qui meurt Ă la tĂȘte de lâarriĂšre-garde de lâarmĂ©e de Charlemagne dans une embuscade menĂ©e par des Vascons Ă Ronçevaux, dans les PyrĂ©nĂ©es. La mort Ă©pique de Roland, provoquĂ©e par le fĂ©lon Ganelon, sera vengĂ©e par Charlemagne, souverain Ă©rigĂ© en modĂšle.
1066 : conquĂȘte de lâAngleterre par Guillaume le ConquĂ©rant
Guillaume II de Normandie traverse la Manche et conquiert lâAngleterre aprĂšs sa victoire Ă la bataille dâHastings le 14 octobre 1066. Le duc devient roi dâAngleterre jusquâĂ sa mort en 1087 et reste dans les mĂ©moires comme Guillaume le ConquĂ©rant. Le nouveau roi Ă©tablit un cadastre gĂ©nĂ©ral du royaume dâAngleterre, le Domesday Book (le Livre du Jugement dernier), remarquable outil de connaissance pour gouverner. Une nouvelle Ă©lite, de culture française, sâinstalle Ă la tĂȘte de lâAngleterre et sâempare des terres. Elle domine alors une population anglo-saxonne et danoise. Ce remplacement aura des consĂ©quences importantes sur la culture anglaise et sur ses relations avec le royaume de France.
27 novembre 1095 : lâappel de Clermont
Depuis le VIIe siĂšcle, la Palestine, oĂč se trouve JĂ©rusalem, est sous autoritĂ© arabo-musulmane. Ă partir XIe siĂšcle, elle tombe aux mains des Turcs Seldjoukides, musulmans, qui exercent une forte pression sur lâEmpire byzantin. La progression turque pousse les Byzantins Ă demander de lâaide et des mercenaires Ă lâOccident chrĂ©tien. Des envoyĂ©s byzantins sont prĂ©sents au concile de Plaisance en mars 1095.
Urbain II, pape depuis 1088, organise un concile Ă Clermont en novembre 1095, pour traiter de questions de discipline ecclĂ©siastique. Ă lâissue de ce concile, deux canons, câest-Ă -dire deux rĂšgles ecclĂ©siastiques, Ă©tendent la paix de Dieu Ă tout le territoire de lâĂglise, et promettent la remise de la pĂ©nitence pour les pĂ©chĂ©s Ă ceux qui partiront dĂ©livrer lâĂglise de Dieu Ă JĂ©rusalem (Les Croisades, CĂ©cile Morrisson).
Urbain II prononce en conclusion un discours Ă la foule dans lequel il exhorte les ChrĂ©tiens Ă oublier leurs divisions et de partir dĂ©livrer leurs frĂšres en Orient. La foule lui aurait rĂ©pondu âDieu le veutâ. Cet appel eut un retentissement considĂ©rable, aussi bien dans la noblesse que dans les milieux populaires : il lance la premiĂšre Croisade. Celle-ci est constituĂ©e de deux expĂ©ditions :
- lâune des petites gens dirigĂ©e par Pierre LâErmite et Gautier Sans Avoir ;
- lâautre, plus organisĂ©e, menĂ©e par lâĂ©vĂȘque du Puy AdhĂ©mar de Monteil, rassemblant des nobles venant surtout du royaume des Francs.
Fin du XIe siĂšcle : commentaire de Rachi
NĂ© vers 1140 en Champagne, rĂ©gion dâĂ©changes intenses dans lâEurope du XIe siĂšcle, Rachi, abrĂ©viation de Rabbi Salomon Isaacide, est lâun des plus grands commentateurs de la Bible et du Talmud. Son Ćuvre est poursuivie par ses descendants, les tossafistes. Rachi, installĂ© Ă Troyes, permet notamment par ses gloses de connaĂźtre de nombreux mots dâancien français (quâil intĂšgre phonĂ©tiquement) dans des champs variĂ©s du vocabulaire. Ce rabbin est donc lâun des premiers Ă©crivains connus de langue française.
21 mars 1098 : fondation de lâabbaye de CĂźteaux
La fondation dans une rĂ©gion reculĂ©e de Bourgogne de lâabbaye de CĂźteaux par des moines de Molesmes dirigĂ©s par Robert donne naissance Ă lâordre cistercien. AprĂšs des dĂ©buts difficiles, il connaĂźtra un dĂ©veloppement impressionnant aprĂšs lâarrivĂ©e de Bernard de Clairvaux en 1112. Lâobjectif de ces moines est de revenir Ă une plus stricte observance de la rĂšgle de saint BenoĂźt : priĂšre, silence total, humilitĂ© et travail. Cette volontĂ© de retour aux origines sâoppose Ă lâĂ©panouissement fastueux de Cluny. Lâorganisation de lâordre cistercien est dĂ©finie par la Carta Caritatis (la Charte de charitĂ©), rĂ©digĂ©e par Ătienne Harding (mort en 1134). Son approbation par le pape bourguignon Calixte II (1119 â 1124) donne naissance Ă lâordre. AbandonnĂ©e au XIXe siĂšcle aprĂšs lâinterdiction rĂ©volutionnaire, lâabbaye de CĂźteaux est aujourdâhui occupĂ©e par des moines trappistes. Lâarchitecture des abbayes cisterciennes se caractĂšrise par son dĂ©pouillement, dont lâabbaye de Fontenay (fondĂ©e en 1119, CĂŽte-dâOr actuelle) est un bel exemple.
1101 : fondation de lâabbaye de Fontevraud
La gigantesque abbaye de Fontevraud (13 hectares) a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1101 par le prĂȘcheur Robert dâArbrissel (mort en 1117) en 1101, non loin de Saumur, dans le val de Loire embelli, quelques siĂšcles plus tard, par une galaxie de chĂąteaux. Cette abbaye a pour originalitĂ© dâĂȘtre mixte. Le message des Ăvangiles est en effet le mĂȘme pour tous. Fontevraud devient ensuite un monastĂšre double : moines et moniales sont dans deux monastĂšres voisins sous lâautoritĂ© dâun mĂȘme abbĂ©. Cette disposition permet Ă de nombreuses femmes de diriger Fontevraud. En 1115, PĂ©tronille de ChemillĂ© devient abbesse. Lâhistoire des abbesses de Fontevraud se poursuit jusquâĂ la RĂ©volution. Ă partir du XVe siĂšcle, cinq abbesses de famille des Bourbons, celles du roi de France Ă partir de Henri IV, sont Ă©lues abbesses. Lâabbaye de Fontevraud bĂ©nĂ©ficie dĂšs sa crĂ©ation du soutien de la puissante maison dâAnjou, dont sera issue celle des PlantagenĂȘts, dont lâEmpire sâĂ©tendra de lâAngleterre au Sud-Ouest de la France. Henri II (roi dâAngleterre de 1154 Ă 1189), le fondateur de lâEmpire, y est inhumĂ©. Il en sera de mĂȘme dâAliĂ©nor dâAquitaine (1122 â 1204), sa veuve, et de Richard CĆur de Lion (r. 1189 â 1199), son fils. Fontevraud est la nĂ©cropole des PlantagenĂȘts. Lâordre de Fontevraud, auquel lâabbaye a donnĂ© naissance, se dĂ©veloppe dans la ChrĂ©tientĂ©, mĂȘme sâil connaĂźt un dĂ©clin Ă la fin du Moyen Ăge. NapolĂ©on en fait, aprĂšs la RĂ©volution, une prison. Elle ne ferme quâen 1963 pour devenir un centre culturel.
1108 : Abbaye Saint-Victor de Paris
Lâabbaye de Saint-Victor, aujourdâhui disparue de la gĂ©ographie et des mĂ©moires, Ă©tait situĂ©e Ă Paris sur lâemplacement du jardin des Plantes et du campus du Jussieu, sur la rive gauche de la Seine. Avant lâavĂšnement de lâinstitution universitaire, lâabbaye de Saint-Victor est un centre intellectuel important du Moyen Ăge, alors en pleine « renaissance ». FondĂ©e par Guillaume de Champeaux (1070 â 1121), directeur de lâĂ©cole cathĂ©drale de Paris, dotĂ© dĂšs 1113 dâune importante bibliothĂšque qui survivra tout au long de son histoire, elle attire des personnalitĂ©s importantes, comme Thomas Becket, Bernard de Clairvaux ou AbĂ©lard. Paris devient, au cours du XIIe siĂšcle, un foyer du savoir en Europe, comme Laon ou Chartres. Des maĂźtres, qui sont des clercs, viennent y installer leurs cours privĂ©s et Ă©phĂ©mĂšres, avec lâautorisation des autoritĂ©s locales. La capitale se distingue par sa spĂ©cialisation en thĂ©ologie et en dialectique. Cette configuration prend fin avec lâavĂšnement de lâuniversitĂ© de Paris au XIIIe siĂšcle. Lâabbaye Saint-Victor mais maintient son activitĂ© jusquâĂ la RĂ©volution.
25 juin 1115 : Bernard de Clairvaux fonde son abbaye
Bernard de Fontaine (1090 â 1153), devenu saint Bernard de Clairvaux aprĂšs sa canonisation en 1174, est un des hommes les plus cĂ©lĂšbres de son temps. EntrĂ© Ă lâabbaye de CĂźteaux en 1112, il fonde ensuite avec 12 moines lâabbaye de Clairvaux (dans lâAube actuelle) sur les mĂȘmes principes que ceux de son abbaye-mĂšre. Elle connaĂźt rapidement un grand succĂšs. Bernard de Clairvaux est un thĂ©ologien important attachĂ© Ă la vie mystique, si bien quâil devient la figure centrale de lâordre cistercien. Il exerce en mĂȘme temps une grande influence dans les affaires temporelles de lâEurope chrĂ©tienne. Auteurs dâune correspondance massive (avec Hildergarde de Bingen par exemple, quâil protĂšge) et orateur de talent, il est souvent appelĂ© par le pape comme mĂ©diateur de certains conflits diplomatiques, avec le roi de France Louis VII notamment. Il joue en outre un rĂŽle important dans la crĂ©ation de lâordre du Temple. Bernard de Clairvaux est le prĂȘcheur de la deuxiĂšme croisade (1146 â 1149). Enfin, son hostilitĂ© Ă AbĂ©lard est elle aussi restĂ©e cĂ©lĂšbre. Ă la fin du XIIe siĂšcle, lâordre cistercien compte plus de 500 monastĂšres, puis sâĂ©tendra encore Ă toute lâEurope chrĂ©tienne (jusquâĂ la Transylvanie par exemple, avec lâabbaye de CĂąrÈa).
: Suger devient abbé de Saint-Denis
Suger (1080 ou 1081 â 1151) initie une tradition vive dans la culture française et dans la mĂ©moire collective, celle du grand serviteur de lâĂtat. De petite extraction, il devient trĂšs tĂŽt oblat Ă Saint-Denis, oĂč il rencontre le futur Louis VI (1108 â 1137). Talentueux, son ascension est rapide. Il devient le conseil de Louis VI pour les affaires ecclĂ©siastiques, puis conseiller de son successeur Louis VII (1137 â 1180), dont il a organisĂ© le mariage avec AliĂ©nor dâAquitaine (25 juillet 1137). Il est rĂ©gent du royaume lorsque Louis VII par pour la deuxiĂšme croisade, prĂȘchĂ©e par Benard de Clairvaux, de 1147 Ă 1149 Ălu abbĂ© de Saint-Denis en 1122, sa grand oeuvre est la reconstruction de la basilique dans un style alors novateur : le gothique. MĂ©cĂšne, il fait fabriquer une magnifique carafe liturgique qui fait partie du trĂ©sor de Saint-Denis, âLâAigle de Sugerâ. Suger est aussi un homme de lettres qui raconte lâhistoire des rois quâil a servi et dĂ©crit la reconstruction de son abbaye.
1113 : Héloïse et Abelard
Pierre Abelard (1079 â 1142) est un de ces maĂźtres qui se distingue Ă lâĂ©poque de lâessor scolaire de Paris, dont la renommĂ©e tient surtout Ă lâenseignement de la thĂ©ologie (mot que lâon doit peut-ĂȘtre Ă Abelard mĂȘme) et Ă la dialectique. ĂlĂšve de Guillaume de Champeaux, il devient un maĂźtre Ă succĂšs, mais ses thĂšses sont plusieurs fois condamnĂ©es, et sa position est instable. Plus largement, les cours de cette Ă©poque se transforment : il sâagit dĂ©sormais questionner le texte sacrĂ©, en faire Ă©merger des questions philosophiques et logiques. Le maĂźtre nâa pas le monopole du savoir. Les Ă©lĂšves, lorsquâils sâen sentent capables, peuvent donner leur avis. Si ses Ă©crits sont aujourdâhui oubliĂ©s, le souvenir de sa relation amoureuse avec une de ses Ă©lĂšves (ou plutĂŽt de la sĂ©duction dâune de ses Ă©lĂšves), HĂ©loĂŻse (â 1164), grande femme de lettres du Moyen Ăge, est toujours vivace. Le maĂźtre et lâĂ©lĂšve se marient et donnent naissance Ă un enfant, Astrolabe. Ensemble, ils fondent lâabbaye du Paraclet, une abbaye fĂ©minine bĂ©nĂ©dictine, en 1131. Cependant, la liaison entre AbĂ©lard et HĂ©loĂŻse entraĂźne la colĂšre de lâoncle de cette derniĂšre, le chanoine Fulbert, qui fait castrer AbĂ©lard en 1117. En outre, le mariage menaçait la carriĂšre dâAbĂ©lard, qui semble ĂȘtre le premier de ses soucis. Cette relation impossible sera transfigurĂ©e en mythe de lâamour libre au fil des siĂšcles. Elle est connue par une correspondance, qui semble authentique, entre les deux amants. AbĂ©lard en outre contĂ© son histoire dans un texte autobiographique, lâHistoire de mes malheurs, rĂ©digĂ© vers 1132.
11 juin 1144 : reconstruction de la basilique de Saint-Denis
1143 : résumé du Coran par Pierre le Vénérable
Le XI siĂšcle est une pĂ©riode de fort antagonisme entre chrĂ©tientĂ© et islam : lâEspagne est encore divisĂ©e entre chrĂ©tiens et musulmans, et la deuxiĂšme croisade se prĂ©pare (1147-1149). Pierre le VĂ©nĂ©rable (mort en 1156), abbĂ© de Cluny au dynamisme marquĂ©, cherche Ă combattre les ennemis de lâĂglise, les hĂ©rĂ©tiques, les Juifs et les mahomĂ©tans. AprĂšs un voyage en Espagne, il rĂ©unit des savants pour traduire un rĂ©sumĂ© du Coran en latin afin de rĂ©futer, non par les armes mais par les idĂ©es, le message de lâislam.
Quâon donne Ă lâerreur mahomĂ©tane le nom honteux dâhĂ©rĂ©sie ou celui, infĂąme, de paganisme, il faut agir contre elle, câest-Ă -dire Ă©crire.
Cette traduction faisait partie dâune entreprise plus grande. Pierre le VĂ©nĂ©rable prĂ©parait un traitĂ© Contre les Sarrasins, inachevĂ©. La rĂ©futation passe par une meilleure connaissance de la religion de lâautre. LĂ est la grande novation.
1163 : début de la construction de Notre-Dame de Paris
Le dĂ©veloppement de la technique de la croisĂ©e dâogives, Ă©lĂ©ment majeur du dĂ©veloppement de lâart gothique, permet la construction de bĂątiment plus grand. AprĂšs la reconstruction de la basilique Saint-Denis par Suger, des cathĂ©drales sont bĂąties Ă Senlis, Noyon, Laon, etc. Maurice de Sully (mort en 1196), Ă©vĂȘque de Paris depuis son Ă©lection le 12 octobre 1160, dĂ©cide de la construction dâune cathĂ©drale Ă Paris, la capitale du royaume de France. 1163 est la date traditionnelle du dĂ©but des travaux, lancĂ©s en prĂ©sence du pape Alexandre III (1159 â 1181). Elle dĂ©diĂ©e Ă la vierge Marie. Le culture mariale fait lâobjet dâun renouveau au XIIe siĂšcle. Plusieurs campagnes de construction se succĂšdent jusquâau milieu du XIVe siĂšcle, mĂȘme si lâessentiel est terminĂ© au milieu du XIIIe. Notre-Dame de Paris fait ensuite lâobjet de nombreux rĂ©amĂ©nagements. Avant le XIXe siĂšcle, la cathĂ©drale est le lieu de grands Ă©vĂ©nements historiques, comme le sacre de NapolĂ©on le 2 dĂ©cembre 1804. Toutefois, elle sort en piteux Ă©tat du XVIIIe siĂšcle. Un livre contribue Ă la sauver, Notre-Dame de Paris (1831) de Victor Hugo, qui lui confĂšre un statut quasi mythique. Lâengouement pousse le roi Louis Philippe (1830 â 1848) lance une campagne de restauration qui sera menĂ©e par Viollet-le-Duc de 1844 Ă 1864. Ces campagnes continuent au reste au XXe siĂšcle : vitraux sont par exemple rĂ©habilitĂ©s en 1965 par le maĂźtre-verrier Jacques Le Chevallier. Notre-Dame de Paris est aujourdâhui lâun des symboles de Paris et de la France. Le succĂšs du film de Disney Le Bossu de Notre-Dame (1996) a probablement renforcĂ© cette position aux yeux des touristes venus du monde entier. Lâincendie qui lâa ravagĂ©e en 2019 a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement Ă retentissement international.
Vers 1165â1180 : lâĆuvre de ChrĂ©tien de Troyes
ChrĂ©tien de Troyes, dont la vie est quasi inconnue, entre un temps au service de la cour de Champagne, rĂ©gion du commentateur biblique Rachi. Cet Ă©crivain, sĂ»rement un clerc, connaisseurs du latin et de la culture antique, est le premier grand romancier de langue française. On lui connaĂźt cinq romans (Ărec et Ănide, CligĂšs, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le chevalier au lion, Perceval ou le conte du Graal), inspirĂ©s par la lĂ©gende arthurienne, dont les intrigues illustrent lâidĂ©al chevaleresque de lâĂ©poque et lâamour courtois.
1190 : Ordonnance-Testament de 1190
Ce testament produit avant le dĂ©part en croisade de Philippe Auguste (r. 1180 â 1223) fait mention pour la premiĂšre fois des baillis (de lâancien français baillir, âadministrerâ), commissaires royaux qui disposent de pouvoir administratif et judiciaires (ils sont nommĂ©s sĂ©nĂ©chaux au sud). Cette institution, inspirĂ©e par les PlantagenĂȘts, perdra de lâinfluence au cours des siĂšcles, mais jouera un rĂŽle important dans lâunification de la justice sous lâautoritĂ© du roi.
15 janvier 1200 : reconnaissance de lâuniversitĂ© de Paris
Le Moyen-Ăge voit apparaĂźtre un nouveau type dâinstitution : les universitĂ©s. La plus ancienne est fondĂ©e Ă Bologne en 1088, puis Oxford et Cambridge. Paris, dĂ©jĂ une grande citĂ©, rassemble dĂ©jĂ Ă lâaube du XIIIe siĂšcle un grand nombre de figures intellectuelles du temps. Philippe Auguste accorde en 1200 aux maĂźtres et Ă©tudiants parisiens le statut de clerc, privilĂšge les soustrayant aux juridictions temporelles (privilegium fori â privilĂšge de for ou de clergie). Ils sont ainsi protĂ©gĂ©s des autoritĂ©s locales et de la population. Ils sont en outre exemptĂ©s dâimpĂŽts et dâobligations militaires.
LâuniversitĂ© obtient ensuite un statut officiel en 1215, rĂ©digĂ© par le lĂ©gat Robert de Courçon. Son sceau porte lâinscription Universitatis magistorum et scolarium parisiensium. La bulle Parens scientiarum de 1231 du pape GrĂ©goire IX (1227 â 1241) lui confĂšre lâautonomie et donne un statut Ă son personnel. MaĂźtres et Ă©tudiants vivent alors de leurs rentes et peuvent se consacrer pleinement Ă lâĂ©tude et Ă lâenseignement. SituĂ©e dans ce qui est aujourdâhui le « Quartier latin », elle est alors en organisĂ©e en quatre facultĂ©s, celles du droit, de la mĂ©decine, des arts libĂ©raux et, la plus importante et celle qui fait sa rĂ©putation, de thĂ©ologie (et de dialectique). Le rayonnement de lâuniversitĂ© de Paris ne cesse alors de croĂźtre jusquâĂ la fin du Moyen-Ăge. Paris devient lâun des grands centres du savoir en Europe et attire de nombreux Ă©tudiants Ă©trangers. Lâinfluence dâun enseignement est dĂ©sormais internationale. Ces Ă©changes sont facilitĂ©s par la maĂźtrise commune du latin. LâuniversitĂ© est dâailleurs divisĂ©e en quatre nations : la française (Français de la Loire et du Sud, Italiens et IbĂ©riques), la normande, lâanglaise (pour les peuples germaniques) et la picarde (Picardie, Est de la France et Pays-Bas). De nombreux professeurs sont dâailleurs anglais et elle accueille certaines figures reconnues, comme Thomas dâAquin.
28 avril 1202 : la confiscation de Philippe Auguste
Ă lâavĂšnement de Philippe II (1180 â 1223), les PlantagenĂȘts rĂšgne sur un Empire qui sâĂ©tend sur lâAngleterre et tout lâOuest de la France. Le 28 avril 12012, le roi prend prĂ©textes de lâinsoumission du roi dâAngleterre Jean sans Terre (1199 â 1216), qui est aussi son vassal, pour lui confisquer la Normandie, le Maine, la Touraine et lâAnjou. Le roi dâAngleterre rĂ©agit, mais les combats tournent Ă la faveur des troupes royales. Le 6 mars 1204, ChĂąteau-Gaillard capitule. Le 24 juin, Rouen fait de mĂȘme. Le domaine royal, limitĂ© Ă un axe Paris-Bourges au dĂ©but du rĂšgne, sâagrandit de maniĂšre considĂ©rable. Philippe II tire de cette formidable rĂ©ussite son surnom dâAuguste.
6 mai 1211 : construction de la cathédrale de Reims
Lâancienne cathĂ©drale est dĂ©truite par un incendie le 6 mai 1210. La construction de lâĂ©difice actuel date du 6 mai 1211. Ce nâest pas sa derniĂšre mĂ©saventure : en 1914, les Allemands bombardent la cathĂ©drale du fait de son importance symbolique. En effet la cathĂ©drale de Reims, lâun des plus beaux Ă©difices gothiques de France, a Ă©tĂ© le lieu du sacre de 29 rois jusquâen 1825. Effaçant 1914, mais aussi lâantagonisme qui a opposĂ© ces deux pays, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle et le chancelier Adenauer scellent la rĂ©conciliation Ă Reims en 1962 et assistent ensemble Ă un Te Deum dans la cathĂ©drale.
12 septembre 1213 : bataille de Muret
Muret, situĂ©e au sud-ouest de Toulouse, a Ă©tĂ© le site dâune bataille opposant les troupes de la croisade albigeoise (dirigĂ©e principalement contre le catharisme), venues pour la plupart du nord du royaume, Ă une coalition de seigneurs du sud-ouest de la France (Toulouse, Comminges, BĂ©arn, Foix, etc.) alliĂ© au roi dâAragon Pierre II, qui convoite cette rĂ©gion. La victoire de Simon de Montfort (â 1218), qui fait suite au succĂšs de la croisade albigeoise, ancre les pays de langue dâoc (le Languedoc) dans le royaume de France, dont le roi est alors Philippe Auguste. Cette rĂ©gion aurait pu faire partie dâun ensemble territorial avec lâAragon.
27 juillet 1214 : bataille de Bouvines
La bataille de Bouvines est bien plus cĂ©lĂšbre que la bataille de Muret quâelle suit dâune annĂ©e. Cet affrontement de grande ampleur, au sud-est de Lille est, dâun certain point de vue, le pendant de la bataille de Muret au-dessus de la Loire. Philippe Auguste (r. 1180 â 1223) remporte une victoire qui Ă©carte les puissances qui concurrençaient son pouvoir. Plusieurs seigneurs fĂ©lons sont vaincus (les comtes de Flandre et de Boulogne), et lâempereur germanique Otton IV, qui a fui, est dĂ©posĂ© au profit de FrĂ©dĂ©ric II.
La bataille de Bouvines est un Ă©vĂ©nement clĂ© du roman national. Elle a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une manifestation de la naissance de la nation française par les manuels de la IIIe RĂ©publique, car des villes du domaine royal ont envoyĂ© des milices urbaines (constituĂ©e par des roturiers) combattre auprĂšs du roi. Cependant, leur rĂŽle a Ă©tĂ© limitĂ© en comparaison de celui des seigneurs, dont dĂ©pendait le roi. Lâhistorien Georges Duby est lâauteur dâun livre mĂ©morable sur le sujet, Le Dimanche de Bouvines. 27 juillet 1214, dans la collection « Les Trente JournĂ©es qui ont fait la France ».
Le 2 juillet prĂ©cĂ©dent, le fils de Philippe Auguste, Louis de France, le futur Louis VIII, battait le roi dâAngleterre Jean sans Terre Ă la bataille de La Roche-aux-Moines, dans la Maine-et-Loire actuel. La puissance anglaise en sort trĂšs affaiblie. Muret â Bouvines â La Roche-aux-Moines : le pouvoir royal français a les mains libres.
1220 : achÚvement de la cathédrale de Chartres
Le monument par excellence de lâart gothique français (Unesco), la cathĂ©drale de Chartres, domine de sa magnificence la plaine de Beauce. Elle est la mieux conservĂ©e de son style. Henri IV (r. 1589 â 1610) est le seul roi a y avoir Ă©tĂ© sacrĂ© le 27 fĂ©vrier 1594. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, lâĂ©crivain Charles PĂ©guy renouvelle la tradition du pĂšlerinage entre Paris et Chartres.
Blanche de Castille (1188 â 1252) est la fille du roi de Castille Alphonse VIII et dâAlinĂ©or dâAngleterre. Elle donc la petite-fille dâAliĂ©nor dâAquitaine et la niĂšce de Richard CĆur de Lion et de Jean sans Terre. En 1200, elle Ă©pouse le futur Louis VIII. LâhĂ©ritier du trĂŽne, Louis IX, âSaint Louisâ, naĂźt le 25 avril 1214. Louis VIII monte sur le trĂŽne en 1223 et meurt trois ans plus tard seulement, le 8 novembre 1226. Dans son testament, le roi dĂ©funt avait fait de la reine la rĂ©gente du royaume aprĂšs sa mort. LâhĂ©ritier est encore dans sa minoritĂ©.
La rĂ©gence de Blanche de Castille est une double nouveautĂ© : pour la premiĂšre fois, une femme dirige la France et, pour la premiĂšre fois, ce dirigeant est Ă©tranger. Ce ne sera pas la derniĂšre. Catherine de MĂ©dicis (1519 â 1589) ou Mazarin (1602 â 1661) suivront. Blanche de Castille sâappuie en outre sur un Italien, le lĂ©gat du pape Romano Bonaventura. La rĂ©gente doit rĂ©sister Ă lâhostilitĂ© des Ă©lites, qui souhaitent profiter la minoritĂ© du roi pour reprendre du pouvoir. Elle mĂšne en outre les nĂ©gociations qui permettent la signature du traitĂ© de Meaux-Paris en 1229 qui rattache le Sud-Ouest au royaume. Enfin elle organise le mariage de son fils avec Marguerite de Provence (1221 â 1295) le 27 mai 1234. Elle meurt en 1252, et est enterrĂ©e Ă lâabbaye de cistercienne de Maubuisson quâelle a fondĂ©.
Décembre 1254 : promulgation de la Grande Ordonnance
Le long rĂšgne de Saint Louis (1226 â 1270) est une pĂ©riode dâenquĂȘtes sur le royaume et de rĂ©formes. AprĂšs lâenquĂȘte de 1247, le roi promulgue en 1254 (reprise en 1256) une ordonnance qui rĂ©forme la justice, afin de prĂ©venir les abus et moraliser la vie du royaume. Saint Louis est, pour les mĂ©moires, le roi qui incarne la Justice par excellence : lâimage dâĂpinal le reprĂ©sente comme juge rendant la justice sous son chĂȘne. La Grande Ordonnance, destinĂ©e aux baillis, aux sĂ©nĂ©chaux, mais aussi Ă toutes les autoritĂ©s locales, insiste sur lâimportance de la prĂ©somption dâinnocence. Elle rĂ©glemente en outre lâactivitĂ© des administrateurs royaux : baillis et sĂ©nĂ©chaux ne peuvent contracter dâemprunts, prendre femme dans leur circonscription, assurer la protection et lâentretien des routes, rendre compte de leur gestion, recevoir les plaintes de leurs administrĂ©s, etc. Le texte cherche en outre Ă interdir lâusure, la prostitution, les jeux de hasard, le blasphĂšme, et comporte des mesures vexatoires contre les Juifs.
1256 : le roi est empereur en son royaume
Alors que le droit romain fait lâobjet dâune rĂ©appropriation en Europe, le juriste Jean de Blanot, dans son Libellus super titulo Institutionum de actionibus, Ă©crit que le âroi est empereur en son royaumeâ (rex est imperator in regno suo). Cette cĂ©lĂšbre maxime de droit public, affirme le pouvoir du roi de France, monarchie indĂ©pendante et autonome, câest-Ă -dire quâelle ne dĂ©pend dâaucune structure au-dessus dâelle. Elle consacre la souverainetĂ© du roi de France face aux prĂ©tentions du Saint Empire Ă rĂ©tablir lâEmpire romain et aux prĂ©tentions du Pape Ă se placer au-dessus du pouvoir temporel. On trouve une idĂ©e semblable dans la formule âle roi ne connaĂźt pas de supĂ©rieurâ (rex superiorem non recognoscens), que lâon trouve dans une rĂ©ponse du pape Innocent III (1198 â 1216) au comte de Montpellier, Ă qui il refuse la reconnaissance dâun enfant adultĂ©rin, ce qui est de la compĂ©tence du roi de France.
1257 : fondation de la Sorbonne
La fondation dâun collĂšge pour Ă©tudiants pauvres par le thĂ©ologien Robert de Sorbon en 1253 est confirmĂ©e par Saint Louis en 1257. Il est installĂ© sur un versant de la Montagne Sainte-GeneviĂšve, sur la rue qui porte dĂ©sormais le nom de âSorbonneâ. On y dispense des cours de thĂ©ologie. La rĂ©putation de lâĂ©tablissement, qui participe aux controverses de son temps, devient rapidement europĂ©enne. La Sorbonne contribue au prestige de lâuniversitĂ© de Paris, fondĂ©e en 1200. La Sorbonne, Ă©clatĂ©e en plusieurs universitĂ©s aprĂšs les Ă©vĂ©nements de mai 1968, existe toujours aujourdâhui.
1280 : Le Roman de la rose
Le Roman de la rose est un Ćuvre de 21 750 octosyllabes Ă©crite par deux auteurs : Guillaume de Lorris pour la premiĂšre partie (4058 vers) puis Jean de Meung pour la second (17 700 vers). LâĆuvre dĂ©crit un rĂȘve allĂ©gorique fait par lâauteur. Les personnages porte dâailleurs des noms Ă©vocateurs : BeautĂ©, courtoisie, richesse pour les bons, jalousie, honte, malbouche pour les mauvais, etc. La premiĂšre partie est une Ćuvre classique sur le thĂšme de lâamour courtois, alors que la seconde traite lâamour de maniĂšre plus cynique et rationnelle. LâĆuvre eut une grande influence en Europe, suscitant la controverse (comme la critique de Christine de Pizan au XIVe siĂšcle) ou lâadmiration (PĂ©trarque, Chaucer, etc.).
26 octobre 1289 : université de Montpellier
On trouve Ă Montpellier la plus ancienne facultĂ© de mĂ©decine de France. Câest dâailleurs lâune des deux seules villes universitaires, avec Paris, oĂč la mĂ©decine est enseignĂ©e. La situation gĂ©ographique de Montpellier est idĂ©ale : elle est situĂ©e Ă mi-chemin entre Paris, lâEspagne oĂč la mĂ©decine arabe est pratiquĂ©e, Salerne, en Campanie, oĂč la premiĂšre Ă©cole de mĂ©dicine du Moyen Ăge a Ă©tĂ© fondĂ©e et Avignon, oĂč les papes sâinstallent au dĂ©but du XIVe siĂšcle. En 1180, le seigneur de Montpellier Guilhem VIII autorise par Ă©dit Ă quiconque dâenseigner la mĂ©decine. LâuniversitĂ© de Montpellier est reconnue par la bulle du pape Nicolas IV Quia sapientia du 26 octobre 1289.
10 avril 1302 : premiÚre convocation des états généraux, par Philippe le Bel
Le 5 dĂ©cembre 1301, le pape Boniface VIII (r. 1295 â 1303) adresse au roi de France Philippe le Bel (1284 â 1314), avec lequel il est en conflit, la bulle Ausculta fili. Ce texte redit la supĂ©rioritĂ© du pouvoir spirituelle sur le pouvoir En rĂ©ponse, le roi de France crĂ©e une nouvelle institution appelĂ©e Ă avoir une grande influence sur lâhistoire de France : les Ătats gĂ©nĂ©raux. Les premiers sont organisĂ©s le 10 avril 1302 Ă Notre-Dame de Paris. Ils rassemblent des clercs, des nobles et des dĂ©lĂ©guĂ©s de ce qui sera plus tard nommĂ© le Tiers Ătat. Les Ătats gĂ©nĂ©raux ont pour objectif de renforcer la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir royal face aux attaques papales et Ă rĂ©affirmer la fidĂ©litĂ© du clergĂ© au roi. Ce lieu de nĂ©gociation permet au roi de France de lever des impĂŽts.
13 octobre 1307 : la chute des Templiers
Lâordre du Temple Ă©tait un ordre religieux et militaire chrĂ©tien qui se chargeait de la protection des pĂšlerins se rendant en Palestine. Avec la disparition des Ătats croisĂ©s au Proche-Orient, les Templiers se replient sur lâEurope, oĂč ils possĂšdent de nombreuses commanderies, qui sont pour la plupart des exploitations agricoles bien gĂ©rĂ©es dont lâargent Ă©tait destinĂ© Ă la âTerre sainteâ.
Sous lâautoritĂ© exclusive du pape et donc indĂ©pendants de toute autoritĂ© temporelle (des seigneurs et des rois), riches, les Templiers suscitent lâhostilitĂ© du roi de France Philippe le Bel (1285 â 1314) qui les fait arrĂȘter le 13 octobre 1307 par les baillis et les sĂ©nĂ©chaux, alors que Jacques de Molay, le grand maĂźtre de lâordre, est en France. Pour calmer la discorde avec le roi de France, le pape, qui est alors le Français ClĂ©ment V, dissout lâordre du Temple le 22 mars 1312 au concile de Vienne. Lâordre de lâHĂŽpital rĂ©cupĂšre la majeure partie de ses richesses.
La légende de la malédiction prononcée par Jacques de Molay contre le roi de France a inspiré Maurice Druon pour ses Rois Maudits.
1309 : installation de la papauté à Avignon
ClĂ©ment V (1305 â 1314), pape français intronisĂ© Ă Lyon, est Ă©lu par un conclave sous pression de Philippe le Bel. Câest un pape plus ouvert aux influences du roi de France que Boniface VIII (1294 â 1303), et qui introduit nombre de cardinaux français.
Il refuse de rejoindre Rome et sâinstalle Ă Avignon en 1309. Les cinq papes suivants, tous français, lâimiteront. Avignon devient donc le centre de la ChrĂ©tientĂ© au XIVe siĂšcle. AprĂšs la mort de Urbain V (1362 â 1370), GrĂ©goire XI (1371 â 1378), le dernier pape français, retourne Ă Rome. BenoĂźt XII (1335 â 1342) dĂ©cide la construction de ce qui est restĂ© le plus beau tĂ©moignage de cette pĂ©riode : le palais des Papes, un des plus grandioses exemples dâarchitecture gothique.
1312 : rattachement de Lyon
Par convention, et Ă la suite dâune thĂšse de lâhistorien Pierre Bonasseux de 1874, lâintĂ©gration de Lyon au royaume de France est parfois datĂ©e de 1312, lorsque le dirigeant de la ville, lâarchevĂȘque Pierre de Savoie (de 1308 â 1332), perdit sa juridiction temporelle (son pouvoir en tant que souverain) au profit du roi de France, Philippe le Bel (1285 â 1314). Cependant, lâautoritĂ© royale Ă©tait Ă©tablie dans la ville depuis plus longue date Ă la faveur des conflits entre les notables de la ville (« les bourgeois »), lâarchevĂȘque et le chapitre de chanoines.
1337 : début de la guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans, appellation du XIXe siĂšcle, est une longue pĂ©riode dâaffrontements entre deux puissances qui se disputent le territoire de la France actuelle : les Valois (CapĂ©tiens) et les PlantagenĂȘts. Bien quâils dirigent lâAngleterre, ces derniers ont de profondes attaches en France. Cet affrontera ne sâarrĂȘtera quâau milieu du XVe siĂšcle, avec la victoire des Valois. Ă ce conflit sâest ajoutĂ© la Peste noire ( 1347 â 1352) et une grave crise Ă©conomique qui ont durement Ă©prouvĂ© les populations.
26 août 1346 : bataille de Crécy
La bataille de CrĂ©cy est le premier affrontement de consĂ©quence de la guerre de Cent Ans. Le roi de France Philippe VI (r. 1328 â 1350), Ă la tĂȘte dâune imposante armĂ©e, poursuit les troupes plus rĂ©duites dâĂdouard III (r. 1327 â 1377). Les Anglais se prĂ©parent sur un terrain favorable Ă combattre les Français prĂšs de CrĂ©cy-en-Ponthieu (Somme). Ils infligent une dĂ©faite humiliante au roi de France, dont la chevalerie, lourdement Ă©quipĂ©e, ne peut rien faire contre la pluie des archers anglais (dotĂ© de longbows, arcs longs anglais). Lâindiscipline française et lâinadaptation de sa tactique, fondĂ©e sur les charges de chevalerie, coĂ»tent au royaume une lourde dĂ©faite. Ădouard III nâexploite pas son avantage pour prendre Paris, mais se dirige vers Calais quâil assiĂšge et quâil occupe (1347). Le royaume de France ne rĂ©cupĂ©rera la ville quâen 1558.
Humbert II, Dauphin de Viennois (1333 â 1349) vend son fief, le DauphinĂ©, dont la capitale est Grenoble, au roi de France Philippe VI (1328 -1350). Cependant, le DauphinĂ© est fait apanage du fils aĂźnĂ© du roi de France, lâhĂ©ritier de la couronne. Ainsi, ce dernier porte le titre de Dauphin.
19 septembre 1356 : défaite de Poitiers et capture du roi Jean II
Cette deuxiĂšme bataille de Poitiers, moins cĂ©lĂšbre que celle de 732, sort naturel dâune dĂ©faite, est un dĂ©sastre pour le royaume de France. Pour arrĂȘter les incursions et les pillages dâĂdouard de Woodstock, le fils dâĂdouard III, le roi de France Jean II (1350 â 1364) le poursuit pendant un mois pour lâaffronter finalement Ă Maupertuis, au sud de Poitiers. Comme Ă CrĂ©cy, la chevalerie française est humiliĂ©e par les archers anglais. Elle sort de cette dĂ©faite humiliĂ©e et discrĂ©ditĂ©e. Pire encore, le roi est fait prisonnier, fait inĂ©dit dans lâhistoire de France. Cette captivitĂ© longue de quatre ans Ă©branle le pouvoir et donne naissance Ă une grave crise de la monarchie que doit affronter le jeune dauphin Charles, alors Ăąge de dix-huit ans. La bourgeoisie tente, autour dâĂtienne Marcel, de rĂ©former la monarchie pour la contrĂŽler et la âGrande Jacquerieâ Ă©clate dans les campagnes en 1358. Autre consĂ©quence catastrophique de la bataille de Poitiers : le traitĂ© de BrĂ©tigny, conclu le 8 mai 1360, Ă©crase le royaume dâune rançon de 3 millions dâĂ©cus pour la libĂ©ration du roi et cĂšde un tiers du royaume Ă Ădouard III.
1357 : Grande Ordonnance
En lâabsence de son pĂšre, le dauphin Charles, 18 ans, est chargĂ© de la conduite du royaume. Il subit rapidement les contrecoups de lâaffaiblissement de la monarchie. En effet, lâassemblĂ©e de notables rĂ©unie aux Ătats de LanguedoĂŻl dâoctobre 1356 sâoppose violemment Ă lui. LâĂ©vĂȘque de Laon, Robert le Coq, sĂ©ide de Charles de Navarre, demande la libĂ©ration immĂ©diate de son maĂźtre. Ătienne Marcel, prĂ©vĂŽt des marchands de Paris, demande, lui, la rĂ©formation de lâĂtat, ce qui inclut lâĂ©cartement des corrompus, la fin des abus et surtout, un contrĂŽle accru de la monarchie par les trois ordres au moyen du conseil. Les Ătats accordent cependant au dauphin Charles des subsides pour la guerre. Charles revient Ă Paris en fĂ©vrier 1357, aprĂšs avoir demandĂ© sans succĂšs de lâaide Ă lâempereur Charles IV pourtant son oncle. Par la Grande Ordonnance, il cĂšde aux exigences des Ătats et introduit leurs dĂ©lĂ©guĂ©s dans le Conseil royal. Jean II dĂ©savoue son fils. Charles de Navarre est en outre libĂ©rĂ©.
22 fĂ©vrier 1358 : Ă©meute dâĂtienne Marcel
RĂ©unis en fĂ©vrier 1358, les Ătats de Paris demandent lâinterdiction des assemblĂ©es locales pour leur substituer une assemblĂ©e unique pour la LanguedoĂŻl. La bourgeoisie parisienne cherche en effet Ă soumettre la monarchie Ă ses intĂ©rĂȘts, en Ă©liminant le contrepoids que reprĂ©sentent les Ătats provinciaux dont lâobjectif est avant tout de contrĂŽler la perception et lâutilisation des subsides demandĂ©s. Le 22 fĂ©vrier, Ătienne Marcel, prĂ©vĂŽt des marchands de Paris, organise une Ă©meute contre le gouvernement et pour impressionner le dauphin. Deux marĂ©chaux, Robert de Clermont, marĂ©chal de Normandie, et Jean de Conflans, marĂ©chal de Champagne, sont tuĂ©s alors quâils voulaient protĂ©ger Charles. Ce dernier, terrorisĂ©, approuve les meurtres.
Mai 1358 : Grande Jacquerie
Les soulĂšvement des Jacques (câest-Ă -dire paysans) contre la noblesse partent du Beauvaisis Ă partir de fin mai 1358. Ils se rĂ©pandent en Picardie, en Champagne et dans le nord de lâĂle-de-France. Ils nâobtiennent cependant aucun soutien dâĂtienne Marcel, tandis que Charles de Navarre les rĂ©prime.
2 août 1358 : le dauphin Charles entre dans Paris
Charles prend le titre de rĂ©gent et quitte Paris. Il rĂ©unit les Ătats de LanguedoĂŻl Ă CompiĂšgne le 4 mai, en lâabsence des Parisiens. La rĂ©bellion dâĂtienne Marcel est isolĂ©e. Fort du soutien des Ătats de CompiĂšgne, le rĂ©gent avance jusquâĂ Paris. Ătienne Marcel demande alors de lâaide aux villes flamandes : il se prĂ©sente comme le champion du combat des non-nobles contre les nobles. Tentative infructueuse. Ătienne Marcel introduit alors des soldats anglais dans Paris, ce qui fait chuter sa popularitĂ©. Le 31 juillet, il est assassinĂ© avec ses lieutenants. Le 2 aoĂ»t 1358, le rĂ©gent Charles entre dans Paris. La « rĂ©volution parisienne » a Ă©chouĂ©.
5 décembre 1360 : le franc à Cheval
Pour payer la rançon de Jean II, lâordonnance de CompiĂšgne du 5 dĂ©cembre 1360 dĂ©cide lâĂ©mission du âfranc Ă Chevalâ, premiĂšre monnaie Ă porter le nom âfrancâ. Ce mot renvoie peut-ĂȘtre Ă la libĂ©ration du roi par les Anglais. Il est âĂ chevalâ car la piĂšce reprĂ©sente le roi sur son cheval, en armure.
19 juin 1369 : constitution de âlâĂtat bourguignonâ
Philippe II (duc de Bourgogne de 1363 Ă 1404), fils du roi Jean II, reçoit de son pĂšre le duchĂ© de Bourgogne puis, grĂące Ă son mariage le 19 juin 1369 avec Marguerite III de Flandre, les comtĂ©s de Bourgogne, de Flandre, de Nevers, dâArtois et de Rethel. « LâĂtat bourguignon » naĂźt. Cet Ătat, qui est en rĂ©alitĂ© un agglomĂ©rat de seigneuries, va permettre au quatre ducs de la dynastie CapĂ©tien-Valois qui en sont les souverains de jouer un rĂŽle important dans les affaires du temps : Philippe II, Jean Ier (âJean sans Peurâ 1404 â 1419), Philippe II (âPhilippe le Bonâ 1419 â 1467) et Charles (âCharles le TĂ©mĂ©raireâ 1467 â 1477). Profitant de la richesse du comtĂ© de Flandre, les ducs de Bourgogne seront des protagonistes influents de la guerre de Cent Ans Sous Philippe II et Charles, les ducs de Bourgogne cherchent Ă Ă©manciper leurs possessions pour les constituer en Lotharingie renaissante. Ce projet Ă©chouera cependant.
1394 : expulsion âdĂ©finitiveâ des Juifs de France
Depuis les Croisades, les Juifs de France font lâobjet de violences spontanĂ©es, puis de mesures vexatoires du pouvoir royal (notamment sous Saint-Louis) et de conversions forcĂ©es. Avant lâexpulsion de 1394, les Juifs sont victimes de six expulsions, dont la plus importante est celle de 1306 par Philippe le Bel (qui aurait provoquĂ© la fuite dâau moins 75 000 Juifs hors du royaume de France). Câest alors une communautĂ© puissante. Rachi, cĂ©lĂšbre commentateur de la Bible et du Talmud, Ă©tait par exemple Ă©tabli Ă Troyes. Lâexpulsion de 1394 est dĂ©cidĂ©e par une loi du 17 septembre. Le roi Charles VI (1380 â 1422) la veut dĂ©finitive, sans exception ni privilĂšge. Les Juifs sont alors accusĂ©s dâĂȘtre responsables des difficultĂ©s et de la famine en cette pĂ©riode difficile de la guerre de Cent Ans. Ils ont jusquâau 3 novembre pour partir. AprĂšs cette date, il nâexiste officiellement plus de Juifs dans le royaume de France. La plupart fuient vers lâAllemagne, la Savoie ou lâOrient. Lâexpulsion de Juifs nâest pas propre Ă la France : lâAngleterre les expulse en 1290, et les rois de lâEspagne conquise sur les musulmans, Isabelle Ferdinand, les expulse par Ă©dit le 31 mars 1492.
1405 : La Cité des dames de Christine de Pisan
Christine de Pisan (vers 1365 â 1430) est la premiĂšre grande polygraphe de langue française. ArrivĂ©e trĂšs jeune de Venise, fille de lâastrologue de Charles V (1364 â 1380), elle est rapidement veuve du secrĂ©taire du roi Ătienne de Castel (morte en 1387) et doit assumer la charge de sa famille. Instruite, proche du pouvoir et membre de la couche supĂ©rieure de la sociĂ©tĂ©, elle dirige un atelier de copistes et bĂ©nĂ©ficie notamment de commandes princiĂšres. Elle produit en parallĂšle une Ćuvre abondante et variĂ©e, de la poĂ©sie au traitĂ© militaire. Dans ses Ă©crits, elle critique la misogynie dâun Boccace ou que lâon trouve dans la deuxiĂšme partie du Roman de la rose. Dans deux livres, La CitĂ© des dames (publiĂ© 1405) et Le Livre des trois vertus ou TrĂ©sor de la citĂ© des dames (1405-1406), elle prĂ©sente le rĂŽle effectif et utile des femmes dans la sociĂ©tĂ© française et les introduit sur la scĂšne publique. Femme de la guerre de Cent Ans, elle prend le parti du roi (celui des âvrais Françaisâ) et doit se rĂ©fugier dans un monastĂšre aprĂšs la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Une de ses derniĂšres Ćuvres est un poĂšme en honneur de Jeanne dâArc.
25 octobre 1415 : bataille dâAzincourt
Azincourt est une des dĂ©faites les plus cĂ©lĂšbres de lâhistoire de France. Les 8000 Anglais de Henri V (r. 1413 â 1422), bien positionnĂ©s Ă lâendroit le plus Ă©troit de la plaine, vainquent une armĂ©e de 15 000 Français. Ces derniers comptent 5000 Ă 6000 morts. Nombre de prisonniers sont Ă©gorgĂ©s. AprĂšs CrĂ©cy en 1346 et Poitiers en 1356, la chevalerie français est de nouveau humiliĂ©e par la tactique anglaise.
8 mai 1429 : OrlĂ©ans dĂ©livrĂ©e par Jeanne dâArc
Jeanne dâArc arrive Ă Chinon fin fĂ©vrier ou dĂ©but mars 1429. LĂ , elle est autorisĂ©e Ă rencontrer le roi de France, Charles VII (r. 1422 â 1441) quâelle convainc de lâĂ©quiper. Une enquĂȘte thĂ©ologique conclut Ă lâorthodoxie des voix divines qui lâinspirent. Elle quitte Blois le 28 avril aprĂšs avoir sommĂ© ses adversaires de « rendre France » au nom du « roi de France ». Elle connaĂźt son premier succĂšs en reprenant une place stratĂ©gique, OrlĂ©ans, des mains des Anglais. Elle tire de ce fait dâarme son surnom de âpucelle dâOrlĂ©ansâ.
30 mai 1431 : Jeanne dâArc brĂ»lĂ©e
Le 23 mai 1430, Ă CompiĂšgne, Jeanne dâArc est faite prisonniĂšre. Vendue 10 000 livres aux Anglais par Jean de Luxembourg, elle est jugĂ©e Ă Rouen par un tribunal dâinquisition prĂ©sidĂ© par lâĂ©vĂȘque de Beauvais Pierre Cauchon. Ă lâissue de son procĂšs dĂ©butĂ© le 21 fĂ©vrier 1431, elle est condamnĂ©e comme « hĂ©rĂ©tique, relapse, apostate et idolĂątre » , livrĂ©e aux Anglais puis brulĂ©e le 30 mai 1431. NaĂźt alors des figures symboliques et patriotiques les plus influentes de lâhistoire de France. CanonisĂ©e en 1920, elle est fĂȘtĂ©e le 12 mai.
7 juillet 1438 : Pragmatique Sanction de Bourges
La Pragmatique Sanction est une ordonnance du roi de France Charles VII (1422 â 1461). Elle est publiĂ©e Ă Bourges au cours dâune assemblĂ©e du clergĂ© français, le 7 juillet 1438, puis acceptĂ©e par le concile lâannĂ©e suivante. Cette ordonnance limite grandement le pouvoir du pape, alors EugĂšne IV (r. 1431 â 1447). En effet, la Pragmatique Sanction rĂ©tablit le droit de nomination des Ă©vĂȘques par les chanoines et des abbĂ©s par les religieux au dĂ©triment du droit de nomination du pape. Dans les faits, le roi recommande ses candidats aux Ă©lections, et fait pression sur les Ă©lecteurs. Elle rĂ©duit en outre les revenus perçus par le pape en France (suppression des annates, annĂ©e de recette que les nouveaux abbĂ©s ou Ă©vĂȘques devaient verser au Saint-SiĂšge.) La Pragmatique Sanction est le premier grand pas du gallicanisme, doctrine selon laquelle lâĂglise de France est autonome par rapport au pape. En effet, les conciles de lâĂglise de France sont reconnus comme supĂ©rieurs Ă lâautoritĂ© de Rome. Elle renforce le pouvoir du roi sur une Ăglise qui est reprĂ©sentĂ©e comme Ă©tant dans lâĂtat. Inacceptable pour le pape, elle sera plusieurs fois annulĂ©e puis rĂ©tablie jusquâau concordat de Bologne (1516).
1438 : Jacques CĆur, Grand Argentier du royaume de France
Jacques CĆur (vers 1395 â 1456), dâabord maĂźtre des monnaies Ă Bourges, lĂ oĂč siĂšge le roi Charles VII (1422 â 1461), devient en 1438 lâargentier du royaume. Lâargenterie consiste Ă fournir la cour en fournitures, comme des bijoux, des meubles et des vĂȘtements. Cependant, la position de Jacques CĆur lui permet de sâenrichir considĂ©rablement et devenir lâun des plus influents personnages de lâĂtat. Le public permet dâenrichir le privĂ©e, Ă une Ă©poque oĂč la distinction nâest pas encore bien Ă©tablie.
CrĂ©ancier et banquier du roi et dâune aristocratie endettĂ©e, il organise son commerce dâapprovisionnement dont les ramifications sâĂ©tendent Ă la MĂ©diterranĂ©e. Il dirige ainsi un rĂ©seau de comptoir dâapprovisionnements et possĂšde, en 1451, sept navires qui servent ses opĂ©rations dâimport et dâexport. Ses activitĂ©s sâĂ©tendent Ă dâautres domaines : il perçoit des revenus fiscaux de Languedoc, possĂšde des armuries Ă Bourges, une manufacture Ă Florence, il organise la production de laine dans le Berry, etc. Pour lâorganisation de son commerce, il utilise en outre les techniques financiĂšres les plus modernes de son temps. Une telle activitĂ© lui permet de tisser un rĂ©seau de relations auprĂšs des puissants : il est proche de roi RenĂ©, du roi Alphonse V dâAragon et du pape Nicolas V (1447 â 1455). âLâesprit dâentrepriseâ de Jacques CĆur a fait la fascination pour cet aventurier romanesque. Sa chute, brutale, a construit sa lĂ©gende : il est arrĂȘtĂ© par ordre du roi en 1451, puis condamnĂ© en 1453. Cette ascension manquĂ©e ne peut manquer de rappeler celle de Nicolas Fouquet, deux siĂšcles plus tard.
Jacques CĆur parvient cependant Ă sâenfuir grĂące Ă ses relations et meurt sur lâĂźle de Chios en 1456. Ce destin a constituĂ© un mythe: celui de lâincapacitĂ© française Ă considĂ©rer ses entrepreneurs, sa mĂ©fiance Ă lâĂ©gard des grandes rĂ©ussites individuelles et la trop grande liaison de lâĂ©conomie au bon vouloir de lâĂtat. Il faut cependant noter que lâascension de Jacques CĆur a Ă©tĂ© permise par sa position de puissant, et que lâargent quâil mobilisait Ă©tait investi avant tout dans lâĂtat et dans des activitĂ©s plus traditionnelles (comme la terre). Enfin, Jacques CĆur laisse en hĂ©ritage un superbe hĂŽtel particulier Ă Bourges, le palais Jacques-CĆur, de style gothique flamboyant.
4 aoĂ»t 1443 : fondation de lâhospice de Beaune par Nicolas Rolin
Nicolas Rolin (vers 1376 â 1462), riche chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon (de 1419 Ă 1467), et sa femme Guigoge de Salins (1403 â 1470), prennent lâinitiative de la crĂ©ation dâun HĂŽtel-Dieu afin de soigner les malades et sâoccuper des indigents, Ćuvre de charitĂ© chrĂ©tienne. Les Hospices de Beaune sont nĂ©es. LâĂ©tablissement est achevĂ© en 1457 et existe toujours aujourdâhui. Il reste cĂ©lĂšbre pour son architecture gothique flamboyant et ses superbes toits de tuiles vernissĂ©es polychromes. Les hospices sont en outre propriĂ©taire dâun domaine viticole de 60 hectares. Le 3e dimanche de novembre, le vin qui en est tirĂ© est vendu aux enchĂšres pour financer les activitĂ©s de lâhĂŽpital.
26 mai 1445 : crĂ©ation des compagnies dâordonnance
Lâordonnance de Louppy-le-ChĂątel du 26 mai 1445 crĂ©e quinze compagnies dâordonnance, formations militaires dirigĂ©es chacune par un capitaine. Chaque compagnie comte cent lances, une unitĂ© de base, et chaque lance compte six hommes : trois archers, un homme dâarmes, un auxiliaire armĂ© (le coutilier) et un page, qui nâest pas un combattant. Ce sont des soldats montĂ©s. Ce sont les premiers unitĂ©s permanentes de lâarmĂ©e royale, qui reposait surtout sur la convocation du ban et de lâarriĂšre-ban (les vassaux du roi, et les vassaux des seigneurs) et sur les mercenaires, indisciplinĂ©s et coĂ»teux. En 1448, on dĂ©cide en outre que les non nobles fourniront un combattant par paroisse, qui doit se battre pour le roi avec un arc ou une arbalĂšte. Câest la milice des « francs-archers » qui constitue une infanterie de rĂ©serve de plusieurs milliers dâhommes. Enfin, sous la direction de Jean et Gaspard Bureau, des bandes dâartillerie de campagne sont constituĂ©es pour les siĂšges des places et les batailles rangĂ©es
17 juillet 1453 : bataille de Castillon
La victoire de Formigny du 15 avril 1450 a Ă©loignĂ© la Normandie des ambitions anglaises. Charles VII dirige dĂ©sormais ses efforts vers la conquĂȘte de la Guyenne. Les Français rencontrent les Anglais de John Talbot, dĂ©barquĂ© Ă Bordeaux, Ă Castillon, le 17 juillet 1453. La puissante armĂ©e française, servie par ses compagnies dâordonnances et la meilleure artillerie dâEurope, vainc ses adversaires. Talbot y laisse la vie. La Guyenne est reprise. LâAquitaine intĂšgre pleinement le royaume de France. La guerre de Cent Ans entre en sommeil. Elle ne prendra vraiment fin quâau traitĂ© de Picquigny du 29 aoĂ»t 1475.
1463 : disparition de François Villon
François de Montcorbier, dit François Villon, nĂ© vers 1431, est le plus cĂ©lĂšbre poĂšte du Moyen Ăge français. Son image de poĂšte malfaiteur a construit sa lĂ©gende de âpoĂšte mauditâ avant lâheure. Coupable du meurtre dâun prĂȘtre et de vols, toujours menacĂ© dâemprisonnement et pendaison, il joue sur les thĂšmes du testament et du legs en sâamusant de sa fin prochaine.
FrĂšres humains, qui aprĂšs nous vivez, Nâayez les cueurs contre nous endurciz, Car, si pitiĂ© de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez cinq, six : Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devorĂ©e et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne sâen rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
On perd sa trace aprĂšs son bannissement de Paris alors quâil a 31 ou 32 ans.
Vers 1476 : Impressions en français par Colard Mansion
Gutenberg (vers 1400 â 1468) dĂ©veloppe Ă Mayence en Allemagne, au milieu du XVe siĂšcle, une invention aux effets rĂ©volutionnaires : lâimprimerie. Ă lâinstar de lâinvention de lâalphabet, elle permet une diffusion massive de lâĂ©crit et des idĂ©es. Cette invention se diffuse rapidement en Europe, dâabord en Italie puis en France, Ă Paris et Ă Lyon. Colard Mansion passe pour avoir introduit vers 1476 la presse typographique Ă Bruges. Au cours de ses annĂ©es dâactivitĂ©s, de 1457 Ă 1484, il imprime la plupart de ses livres en français du XVe siĂšcle. Parmi eux, on trouve par exemple le Jardin de dĂ©votion de Pierre dâAilly ou la La consolation de philosophie de BoĂšce. Colard Mansion est ainsi lâun des premiers imprimeurs connus de livres en français.
1476 : création des relais de poste
La date de la naissance des relais de poste est gĂ©nĂ©ralement placĂ©e Ă la prise de lâĂ©dit de Luxies du 19 juin 1464. Mais ce texte semble ĂȘtre un faux créé en 1660. Ă partir de 1476, sous Louis XI (1461 â 1483), des relais sont installĂ©s sur les routes des postes royales pour fournir des montures fraiches aux chevaucheurs et accĂ©lĂ©rer ainsi lâacheminement du courrier. La poste royale fut ensuite progressivement ouverte au commun. En 1672, sous Louis XIV (1643 â 1715), le ministre Louvois créé une « Ferme gĂ©nĂ©rale des Postes ».
1481 : union de la Provence au royaume de France
La Provence est depuis 1246 sous lâautoritĂ© de la maison dâAnjou, une maison capĂ©tienne. Elle donc est depuis longtemps intĂ©grĂ©e au royaume. RenĂ© dâAnjou (1409 â 1480), qui est comte de Provence, sert par exemple Charles VII pendant la guerre de Cent Ans. Le comte de Provence, qui a perdu son fils, cĂšde dans son testament le comtĂ© Ă Charles du Maine. Ce dernier meurt un an plus tard . Il avait dĂ©signĂ© le roi de France, Louis XI, comme hĂ©ritier. La Provence est donc unie au royaume de France et peut conserver ses traditions et institutions selon les termes de la âConstitution provençaleâ. Cependant, lâorganisation du comtĂ© sera remaniĂ©e au XVIe siĂšcle et le français est imposĂ© par lâordonnance de Villers-CotterĂȘts de 1539, au dĂ©triment du latin et du provençal.
23 décembre 1482 : Bourgogne et Picardie intÚgrent le royaume de France
Charles le TĂ©mĂ©raire, Ă la tĂȘte du puissant âĂtat bourguignonâ, meurt en 1477. Le rĂȘve de renaissance de la Lotharingie carolingienne sâĂ©vanouit. Louis XI perd un rival. Le roi de France et lâempereur germanique, mariĂ© Ă lâhĂ©ritiĂšre du duchĂ© Marie de Bourgogne (1477-1482), luttent alors pour sâemparer des terres bourguignonnes. Le traitĂ© dâArras, signĂ© le 23 dĂ©cembre 1482, puis celui de Senlis du 23 mai 1493, rĂšglent la guerre de succession de Bourgogne. Le royaume de France rĂ©cupĂšre la Bourgogne et la Picardie. Mais le rĂšglement imparfait et complexe de la question de lâhĂ©ritage bourguignon sera un objet de contentieux qui aura des consĂ©quences importantes sur les relations entre la France et lâEmpire aux XVIe et XVIIe siĂšcles.
Merci pour ces diffĂ©rents repĂšres historiques . Existe tâil un ouvrage englobant toutes ces dates et Ă©vĂšnements ?