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68 dates de la France du Moyen Âge à connaütre
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Publié le 15/02/2023 (m.à.j* le 23/02/2023)
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📋 Sommaire

⏳ Temps de lecture : 34 minutes

Cette chronologie est bien sĂ»r incomplĂšte et se concentre surtout sur la politique, mais vous permettra peut-ĂȘtre d’apprendre des choses.

496 : baptĂȘme de Clovis

Le roi franc Clovis (~481 ~ 511) se convertit au christianisme Ă  une date, en un lieu et dans des circonstances qui restent mal connus. Les sources historiques se rapportant Ă  l’évĂ©nement ont en effet rĂ©duites. Le seul texte contemporain au baptĂȘme de Clovis est une lettre que lui adresse l’évĂȘque de Vienne, Avit (m. dĂ©but du VIe siĂšcle), pour le remercier de l’invitation Ă  la cĂ©rĂ©monie. Avit y loue la conversion de Clovis :

La divine Providence a trouvĂ© un arbitre Ă  notre temps. Le choix que vous faites pour vous-mĂȘme, vous l’indiquez Ă  tous : votre foi, c’est notre victoire.

La victoire que salue Avit est celle du christianisme dans sa version orthodoxe, le courant romain professĂ© par le clergĂ© gallo-romain (le christianisme nicĂ©en ou trinitaire) dans lequel s’est engagĂ© Clovis, contre l’arianisme. Cet autre courant du christianisme, considĂ©rĂ© comme hĂ©rĂ©tique par le christianisme romain, a les prĂ©fĂ©rences des Burgondes, qui dominent la vallĂ©e du RhĂŽne, oĂč officie Avit, et des Wisigoths, installĂ©s au sud-ouest de la Gaule et dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique.

732 : « Charles Martel repousse les Arabes à Poitiers »

La bataille de Poitiers de 732, dĂ©faite pour les envahisseurs, aurait marquĂ© la limite occidentale de l’expansion de l’islam. Par la bataille de Poitiers, la France et l’Europe auraient sauvĂ© leur intĂ©gritĂ©. Une date clĂ© du roman nationalle maire du Palais Charles Martel obtenant alors le statut de « grand homme Â».

Cependant, son dĂ©roulement est peu documentĂ© : on connaĂźt mal l’état des forces en prĂ©sence. En outre, rien ne dit clairement que les musulmans d’al-Andalus, la pĂ©ninsule ibĂ©rique fraĂźchement conquise par l’empire musulman omeyyade, avait pour intention de conquĂ©rir les Gaules. Enfin, elle ne met pas un terme Ă  la prĂ©sence arabe au-delĂ  des PyrĂ©nĂ©es et masque les divisions internes des Francs. Henri Pirenne (1862 – 1935) disait dĂ©jĂ  en 1939 dans Mahomet et Charlemagne : 

Cette bataille n’a pas l’importance qu’on lui attribue. Elle n’est pas comparable Ă  la victoire remportĂ©e sur Attila. Elle marque la fin d’un raid mais n’arrĂȘte rien en rĂ©alitĂ©. Si Charles avait Ă©tĂ© vaincu, il n’en serait rĂ©sultĂ© qu’un pillage plus considĂ©rable.

Il faut nĂ©anmoins replacer la bataille dans son contexte : celle d’une sĂ©rie de dĂ©faites pour les armĂ©es musulmanes, et notamment celles de Toulouse en 721 ou de Convadonga en 722, qui tĂ©moignent d’une perte de l’élan conquĂ©rant qui avait permis aux armĂ©es arabo-berbĂšres de s’emparer la pĂ©ninsule ibĂ©rique. La bataille de Poitiers retrouve ici son importance. 

754 : Pépin le Bref sacré roi

Le fils de Charles Martel, PĂ©pin dit “le Bref”, confirme l’ascension des Pippinides (les futurs Carolingiens) au dĂ©triment des MĂ©rovingiens (la dynastie de Clovis). PĂ©pin s’impose comme la figure prĂ©dominante de cette famille. Élu roi en 751, PĂ©pin est sacrĂ© en 754 sacrĂ© par le pape Étienne II. Le royaume des Francs est alliĂ© Ă  la papautĂ©.

25 décembre 800 : Charlemagne sacré empereur

Tel PĂ©pin le Bref son pĂšre, Charlemagne se pose en protecteur de l’Église. Le 23 dĂ©cembre 800, Ă  Rome, une assemblĂ©e Ă©met le voeu que Charlemagne prĂźt le titre d’empereur. Le 25, jour de NoĂ«l, le pape LĂ©on III lui apposa la couronne. Charlemagne, roi des Francs, devient empereur : il devient symboliquement le successeur des empereurs romains.

14 février 842 : serments de Strasbourg

Louis le Pieux, le successeur de Charlemagne en 814, meurt en 840. Comme le veut la tradition franque, les terres sont partagĂ©es entre ses fils. Il en a trois, Louis le Germanique, Charles “le Chauve” et Lothaire. Les deux premiers s’allient contre le troisiĂšme, le battent Ă  Fontenay-en-Puisaye, puis jurent en 842 Ă  Strasbourg de s’aider mutuellement. La cĂ©rĂ©monie de serment Ă©tant publique, pour ĂȘtre comprise, doit ĂȘtre rĂ©citĂ©e en langue romane par Louis et en thiois par Charles. On tire de ce serment, le premier document Ă©crit connu de langue romane, ancĂȘtre trĂšs proche du français, qui se sĂ©pare du latin vulgaire. La tradition retient la date des serments de Strasbourg comme la date de naissance de la langue française.

843 : traité de Verdun

En aoĂ»t 843, le traitĂ© de Verdun entĂ©rine la division de l’empire de Charlemagne. Charles obtient les terres de l’Ouest, Louis obtient les terres Ă  l’est du Rhin sauf la Frise, et Lothaire un territoire partant de la mer du nord jusqu’à l’Italie, comprenant Aix-la-Chapelle et Rome. Lothaire reste empereur, mais ce n’est qu’un Ă©lĂ©ment de prestige. L’entitĂ© qui naĂźt de ces partages, c’est la Francia occidentalis, « premiĂšre vĂ©ritable incarnation de la France politique Â» (Jacques Le Goff).

880 : la CantilĂšne de saint Eulalie

Ce texte, un hymne chrĂ©tien, est le plus vieux texte littĂ©raire Ă©crit en langue d’oĂŻl, c’est-Ă -dire en français (la langue qui Ă©tait parlĂ©e au-dessus de la Loire). Ce poĂšme parle du martyre de sainte Eulalie de Merida.

11 septembre 909 ou 910 : fondation de l’abbaye de Cluny

L’abbaye de Cluny n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a Ă©tĂ©. FondĂ©e au nord-est de MĂącon, en SaĂŽne-et-Loire, sur les terres de Guillaume le Pieux, Cluny prend un essor exceptionnel grĂące Ă  des lignĂ©es de grands abbĂ©s talentueux et par son indĂ©pendance totale Ă  l’égard des seigneurs : elle ne dĂ©pendait que du pape. Ainsi, Cluny, dotĂ©e de la plus grande Ă©glise de la ChrĂ©tientĂ© jusqu’à la construction de la basilique Saint-Pierre, devient un centre culturel proĂ©minent en Europe, le fer de lance de la rĂ©forme religieuse du XIe siĂšcle, une force de promotion de la rĂšgle de saint BenoĂźt et le centre d’un rĂ©seau d’abbayes s’étendent Ă  toute la ChrĂ©tientĂ©.

911: traité de Saint-Clair-sur-Epte

Le roi Charles III (r. 898 – 922) vainc les troupes du chef viking Rollon prĂšs de Chartres en juillet 911. Pour faire cesser les pillages, le roi profite de l’affaiblissement de Rollon pour nĂ©gocier un traitĂ© de pacification : des terres en Ă©change de la reconnaissance de la suzerainetĂ© du roi des Francs et de la christianisation des Vikings. Ce traitĂ© est le point de dĂ©part symbolique de l’histoire du duchĂ© de Normandie, futur conquĂ©rant de l’Angleterre sous Guillaume.

966 : fondation de l’abbaye du Mont-Saint-Michel

Un premier sanctuaire est fondĂ© sur cet Ăźlot rocheux en 708 par Aubert, l’évĂȘque d’Avranches, inspirĂ© par des visions de l’archange Michel. Deux siĂšcles plus tard, le duc de Normandie, Richard Ier (943 – 966), y installe une communautĂ© bĂ©nĂ©dictine, sur le modĂšle Ă  succĂšs de Cluny. Peu Ă  peu, l’abbaye du Mont-Saint-Michel devient un lieu de pĂšlerinage important et un centre intellectuel important. Des moines s’y attellent Ă  la copie d’Ɠuvres notables, et Ă  la traduction de livre antiques comme ceux d’Aristote.

L’architecture gĂ©nĂ©rale des bĂątiments du Mont-Saint-Michel est le rĂ©sultats de siĂšcles d’additions et de restaurations. L’église abbatialle se situe Ă  80 mĂštres de hauteur et s’étend sur une plateforme de 80 mĂštres de longueur. Au sanctuaire carolingien s’est ajoutĂ© du gothique flamboyant (notamment le chƓur, reconstruit Ă  partir de 1421). Un village nĂ©s de l’afflux de pĂšlerins se dĂ©veloppe. Il est entourĂ© de murailles datant de la guerre de Cent Ans. Le Mont-Saint-Michel a en effet Ă©tĂ© au cƓur des combats entre France et Angleterre au Moyen Âge.

Mais son histoire reflĂšte celle de la France. Les voeux monastiques sont supprimĂ©s Ă  la RĂ©volution. Le Mont-Saint-Michel devient un prison pour prĂȘtres rĂ©fractaires. En 1811, NapolĂ©on en fait une maison de force. Au XIXe siĂšcle, les bĂątiments, vides de religieux, se dĂ©gradent. L’abbaye est nĂ©anmoins classĂ©e monuments historique en 1874, puis fait l’objet de restauration destinĂ©es Ă  accueillir le tourisme naissant. Le Mont-Saint-Michel, classĂ© au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, attire aujourd’hui plus de 2,5 millions de touristes chaque annĂ©e. Depuis 1966, une communautĂ© de moines s’y est rĂ©installĂ©e.

987 : Hughes Capet, roi des Francs

En 987, peut-ĂȘtre en juillet, Hugues Capet est Ă©lu roi des Francs (Rex francorum) par une assemblĂ©e de grands du royaume. L’élection de Hugues Capet donne naissance Ă  la dynastie capĂ©tienne, dont le dernier reprĂ©sentant sur le trĂŽne de France fut Charles X (1824 – 1830). Hugues Capet associe de son vivant son fils aĂźnĂ©, Robert le Pieux, Ă  son rĂšgne. Il hĂ©ritera ainsi de facto du trĂŽne, rendant progressivement l’élection du roi facultative.

1er juin 989 : paix de Dieu au concile de Charroux

Le royautĂ© capĂ©tienne est encore balbutiante. Elle n’est pas capable d’imposer un ordre public sur le territoire du royaume. Les seigneurs multiplient les guerres privĂ©es entre eux, au dĂ©triment du clergĂ©, dont les biens sont spoliĂ©s, et des paysans, parfois capturĂ©s et rançonnĂ©s. L’Église comble le vide avec le mouvement de la “paix de Dieu”. À l’occasion de conciles provinciaux, notamment celui de Charroux (Allier actuel), elle organise des pactes entre les seigneurs pour encadrer la violence. La violation de ces pactes pouvait entraĂźner l’excommunication. Au sud de la Loire se dĂ©veloppe Ă  partir du milieu du Xe siĂšcle le mouvement de la TrĂȘve de Dieu, bannissant la violence pendant certaines pĂ©riodes. La puissance capĂ©tienne prend le relai et impose peu Ă  peu la paix du roi. Elle s’arroge, en quelque sorte, le monopole de la violence lĂ©gitime.  

Vers 1090 : la Chanson de Roland

La Chanson de Roland est le plus bel exemple de chanson de geste qui nous soit parvenu au Moyen Âge. Ce genre littĂ©raire met en scĂšne les exploits lĂ©gendaires de hĂ©ros exemplaires. La Chanson de Roland est une Ɠuvre avant tout orale, diffusĂ©e par des trouvĂšres et chanteurs ambulants, qui a Ă©tĂ© fixĂ©e Ă  l’écrit, probablement au XIe siĂšcle. Son auteur est donc inconnu. Il en existe plusieurs versions, créées par la fantaisie des artistes de l’époque. La plus ancienne dont nous disposons est Ă©crite en anglo-normand, l’ancien français parlĂ© par les Ă©lites de Normandie qui dominaient l’Angleterre. La Chanson de Roland est donc un des plus anciens textes littĂ©raires en français. Elle raconte l’histoire de Roland, chevalier idĂ©al, qui meurt Ă  la tĂȘte de l’arriĂšre-garde de l’armĂ©e de Charlemagne dans une embuscade menĂ©e par des Vascons Ă  Ronçevaux, dans les PyrĂ©nĂ©es. La mort Ă©pique de Roland, provoquĂ©e par le fĂ©lon Ganelon, sera vengĂ©e par Charlemagne, souverain Ă©rigĂ© en modĂšle.

1066 : conquĂȘte de l’Angleterre par Guillaume le ConquĂ©rant

Guillaume II de Normandie traverse la Manche et conquiert l’Angleterre aprĂšs sa victoire Ă  la bataille d’Hastings le 14 octobre 1066. Le duc devient roi d’Angleterre jusqu’à sa mort en 1087 et reste dans les mĂ©moires comme Guillaume le ConquĂ©rant. Le nouveau roi Ă©tablit un cadastre gĂ©nĂ©ral du royaume d’Angleterre, le Domesday Book (le Livre du Jugement dernier), remarquable outil de connaissance pour gouverner. Une nouvelle Ă©lite, de culture française, s’installe Ă  la tĂȘte de l’Angleterre et s’empare des terres. Elle domine alors une population anglo-saxonne et danoise. Ce remplacement aura des consĂ©quences importantes sur la culture anglaise et sur ses relations avec le royaume de France.

27 novembre 1095 : l’appel de Clermont

Depuis le VIIe siĂšcle, la Palestine, oĂč se trouve JĂ©rusalem, est sous autoritĂ© arabo-musulmane. À partir XIe siĂšcle, elle tombe aux mains des Turcs Seldjoukides, musulmans, qui exercent une forte pression sur l’Empire byzantin. La progression turque pousse les Byzantins Ă  demander de l’aide et des mercenaires Ă  l’Occident chrĂ©tien. Des envoyĂ©s byzantins sont prĂ©sents au concile de Plaisance en mars 1095.

Urbain II, pape depuis 1088, organise un concile Ă  Clermont en novembre 1095, pour traiter de questions de discipline ecclĂ©siastique. À l’issue de ce concile, deux canons, c’est-Ă -dire deux rĂšgles ecclĂ©siastiques, Ă©tendent la paix de Dieu Ă  tout le territoire de l’Église, et promettent la remise de la pĂ©nitence pour les pĂ©chĂ©s Ă  ceux qui partiront dĂ©livrer l’Église de Dieu Ă  JĂ©rusalem (Les Croisades, CĂ©cile Morrisson).

Urbain II prononce en conclusion un discours Ă  la foule dans lequel il exhorte les ChrĂ©tiens Ă  oublier leurs divisions et de partir dĂ©livrer leurs frĂšres en Orient. La foule lui aurait rĂ©pondu “Dieu le veut”. Cet appel eut un retentissement considĂ©rable, aussi bien dans la noblesse que dans les milieux populaires  : il lance la premiĂšre Croisade. Celle-ci est constituĂ©e de deux expĂ©ditions :

  • l’une des petites gens dirigĂ©e par Pierre L’Ermite et Gautier Sans Avoir ;
  • l’autre, plus organisĂ©e, menĂ©e par l’évĂȘque du Puy AdhĂ©mar de Monteil, rassemblant des nobles venant surtout du royaume des Francs.

Fin du XIe siĂšcle : commentaire de Rachi

NĂ© vers 1140 en Champagne, rĂ©gion d’échanges intenses dans l’Europe du XIe siĂšcle, Rachi, abrĂ©viation de Rabbi Salomon Isaacide, est l’un des plus grands commentateurs de la Bible et du Talmud. Son Ɠuvre est poursuivie par ses descendants, les tossafistes. Rachi, installĂ© Ă  Troyes, permet notamment par ses gloses de connaĂźtre de nombreux mots d’ancien français (qu’il intĂšgre phonĂ©tiquement) dans des champs variĂ©s du vocabulaire. Ce rabbin est donc l’un des premiers Ă©crivains connus de langue française.  

21 mars 1098 : fondation de l’abbaye de Cüteaux

La fondation dans une rĂ©gion reculĂ©e de Bourgogne de l’abbaye de CĂźteaux par des moines de Molesmes dirigĂ©s par Robert donne naissance Ă  l’ordre cistercien. AprĂšs des dĂ©buts difficiles, il connaĂźtra un dĂ©veloppement impressionnant aprĂšs l’arrivĂ©e de Bernard de Clairvaux en 1112. L’objectif de ces moines est de revenir Ă  une plus stricte observance de la rĂšgle de saint BenoĂźt : priĂšre, silence total, humilitĂ© et travail. Cette volontĂ© de retour aux origines s’oppose Ă  l’épanouissement fastueux de Cluny. L’organisation de l’ordre cistercien est dĂ©finie par la Carta Caritatis (la Charte de charitĂ©), rĂ©digĂ©e par Étienne Harding (mort en 1134). Son approbation par le pape bourguignon Calixte II (1119 – 1124) donne naissance Ă  l’ordre. AbandonnĂ©e au XIXe siĂšcle aprĂšs l’interdiction rĂ©volutionnaire, l’abbaye de CĂźteaux est aujourd’hui occupĂ©e par des moines trappistes. L’architecture des abbayes cisterciennes se caractĂšrise par son dĂ©pouillement, dont l’abbaye de Fontenay (fondĂ©e en 1119, CĂŽte-d’Or actuelle) est un bel exemple.

1101 : fondation de l’abbaye de Fontevraud

La gigantesque abbaye de Fontevraud (13 hectares) a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1101 par le prĂȘcheur Robert d’Arbrissel (mort en 1117) en 1101, non loin de Saumur, dans le val de Loire embelli, quelques siĂšcles plus tard, par une galaxie de chĂąteaux. Cette abbaye a pour originalitĂ© d’ĂȘtre mixte. Le message des Évangiles est en effet le mĂȘme pour tous. Fontevraud devient ensuite un monastĂšre double : moines et moniales sont dans deux monastĂšres voisins sous l’autoritĂ© d’un mĂȘme abbĂ©. Cette disposition permet Ă  de nombreuses femmes de diriger Fontevraud. En 1115, PĂ©tronille de ChemillĂ© devient abbesse. L’histoire des abbesses de Fontevraud se poursuit jusqu’à la RĂ©volution. À partir du XVe siĂšcle, cinq abbesses de  famille des Bourbons, celles du roi de France Ă  partir de Henri IV, sont Ă©lues abbesses. L’abbaye de Fontevraud bĂ©nĂ©ficie dĂšs sa crĂ©ation du soutien de la puissante maison d’Anjou, dont sera issue celle des PlantagenĂȘts, dont l’Empire s’étendra de l’Angleterre au Sud-Ouest de la France. Henri II (roi d’Angleterre de 1154 Ă  1189), le fondateur de l’Empire, y est inhumĂ©. Il en sera de mĂȘme d’AliĂ©nor d’Aquitaine (1122 – 1204), sa veuve, et de Richard CƓur de Lion (r. 1189 – 1199), son fils. Fontevraud est la nĂ©cropole des PlantagenĂȘts. L’ordre de Fontevraud, auquel l’abbaye a donnĂ© naissance, se dĂ©veloppe dans la ChrĂ©tientĂ©, mĂȘme s’il connaĂźt un dĂ©clin Ă  la fin du Moyen Âge. NapolĂ©on en fait, aprĂšs la RĂ©volution, une prison. Elle ne ferme qu’en 1963 pour devenir un centre culturel.

1108 : Abbaye Saint-Victor de Paris

L’abbaye de Saint-Victor, aujourd’hui disparue de la gĂ©ographie et des mĂ©moires, Ă©tait situĂ©e Ă  Paris sur l’emplacement du jardin des Plantes et du campus du Jussieu, sur la rive gauche de la Seine. Avant l’avĂšnement de l’institution universitaire, l’abbaye de Saint-Victor est un centre intellectuel important du Moyen Âge, alors en pleine « renaissance ». FondĂ©e par Guillaume de Champeaux (1070 – 1121), directeur de l’école cathĂ©drale de Paris, dotĂ© dĂšs 1113 d’une importante bibliothĂšque qui survivra tout au long de son histoire, elle attire des personnalitĂ©s importantes, comme Thomas Becket, Bernard de Clairvaux ou AbĂ©lard. Paris devient, au cours du XIIe siĂšcle, un foyer du savoir en Europe, comme Laon ou Chartres. Des maĂźtres, qui sont des clercs, viennent y installer leurs cours privĂ©s et Ă©phĂ©mĂšres, avec l’autorisation des autoritĂ©s locales. La capitale se distingue par sa spĂ©cialisation en thĂ©ologie et en dialectique. Cette configuration prend fin avec l’avĂšnement de l’universitĂ© de Paris au XIIIe siĂšcle. L’abbaye Saint-Victor mais maintient son activitĂ© jusqu’à la RĂ©volution.

25 juin 1115 : Bernard de Clairvaux fonde son abbaye

Bernard de Fontaine (1090 – 1153), devenu saint Bernard de Clairvaux aprĂšs sa canonisation en 1174, est un des hommes les plus cĂ©lĂšbres de son temps. EntrĂ© Ă  l’abbaye de CĂźteaux en 1112, il fonde ensuite avec 12 moines l’abbaye de Clairvaux (dans l’Aube actuelle) sur les mĂȘmes principes que ceux de son abbaye-mĂšre. Elle connaĂźt rapidement un grand succĂšs. Bernard de Clairvaux est un thĂ©ologien important attachĂ© Ă  la vie mystique, si bien qu’il devient la figure centrale de l’ordre cistercien. Il exerce en mĂȘme temps une grande influence dans les affaires temporelles de l’Europe chrĂ©tienne. Auteurs d’une correspondance massive (avec Hildergarde de Bingen par exemple, qu’il protĂšge) et orateur de talent, il est souvent appelĂ© par le pape comme mĂ©diateur de certains conflits diplomatiques, avec le roi de France Louis VII notamment. Il joue en outre un rĂŽle important dans la crĂ©ation de l’ordre du Temple. Bernard de Clairvaux est le prĂȘcheur de la deuxiĂšme croisade (1146 – 1149). Enfin, son hostilitĂ© Ă  AbĂ©lard est elle aussi restĂ©e cĂ©lĂšbre. À la fin du XIIe siĂšcle,  l’ordre cistercien compte plus de 500 monastĂšres, puis s’étendra encore Ă  toute l’Europe chrĂ©tienne (jusqu’à la Transylvanie par exemple, avec l’abbaye de CĂąrța).

 : Suger devient abbĂ© de Saint-Denis

Suger (1080 ou 1081 – 1151) initie une tradition vive dans la culture française et dans la mĂ©moire collective, celle du grand serviteur de l’État. De petite extraction, il devient trĂšs tĂŽt oblat Ă  Saint-Denis, oĂč il rencontre le futur Louis VI (1108 – 1137). Talentueux, son ascension est rapide. Il devient le conseil de Louis VI pour les affaires ecclĂ©siastiques, puis conseiller de son successeur Louis VII (1137 – 1180), dont il a organisĂ© le mariage avec AliĂ©nor d’Aquitaine (25 juillet 1137). Il est rĂ©gent du royaume lorsque Louis VII par pour la deuxiĂšme croisade, prĂȘchĂ©e par Benard de Clairvaux, de 1147 Ă  1149 Élu abbĂ© de Saint-Denis en 1122, sa grand oeuvre est la reconstruction de la basilique dans un style alors novateur : le gothique. MĂ©cĂšne, il fait fabriquer une magnifique carafe liturgique qui fait partie du trĂ©sor de Saint-Denis, “L’Aigle de Suger”. Suger est aussi un homme de lettres qui raconte l’histoire des rois qu’il a servi et dĂ©crit la reconstruction de son abbaye.

1113 : Héloïse et Abelard

Pierre Abelard (1079 – 1142) est un de ces maĂźtres qui se distingue Ă  l’époque de l’essor scolaire de Paris, dont la renommĂ©e tient surtout Ă  l’enseignement de la thĂ©ologie (mot que l’on doit peut-ĂȘtre Ă  Abelard mĂȘme) et Ă  la dialectique. ÉlĂšve de Guillaume de Champeaux, il devient un maĂźtre Ă  succĂšs, mais ses thĂšses sont plusieurs fois condamnĂ©es, et sa position est instable. Plus largement, les cours de cette Ă©poque se transforment : il s’agit dĂ©sormais questionner le texte sacrĂ©, en faire Ă©merger des questions philosophiques et logiques. Le maĂźtre n’a pas le monopole du savoir. Les Ă©lĂšves, lorsqu’ils s’en sentent capables, peuvent donner leur avis. Si ses Ă©crits sont aujourd’hui oubliĂ©s, le souvenir de sa relation amoureuse avec une de ses Ă©lĂšves (ou plutĂŽt de la sĂ©duction d’une de ses Ă©lĂšves), HĂ©loĂŻse (✞ 1164), grande femme de lettres du Moyen Âge, est toujours vivace. Le maĂźtre et l’élĂšve se marient et donnent naissance Ă  un enfant, Astrolabe. Ensemble, ils fondent l’abbaye du Paraclet, une abbaye fĂ©minine bĂ©nĂ©dictine, en 1131. Cependant, la liaison entre AbĂ©lard et HĂ©loĂŻse entraĂźne la colĂšre de l’oncle de cette derniĂšre, le chanoine Fulbert, qui fait castrer AbĂ©lard en 1117. En outre, le mariage menaçait la carriĂšre d’AbĂ©lard, qui semble ĂȘtre le premier de ses soucis. Cette relation impossible sera transfigurĂ©e en mythe de l’amour libre au fil des siĂšcles. Elle est connue par une correspondance, qui semble authentique, entre les deux amants. AbĂ©lard en outre contĂ© son histoire dans un texte autobiographique, l’Histoire de mes malheurs, rĂ©digĂ© vers 1132.

11 juin 1144 : reconstruction de la basilique de Saint-Denis

La reconstruction et l’agrandissement de la basilique de Saint-Denis, la nĂ©cropole des rois de France, Ă  partir de 1135 est assurĂ©ment l’Ɠuvre la plus mĂ©morable de Suger. Cette reconstruction se fait dans un style nouveau, l’art gothique, qui cherche Ă  maximiser la prĂ©sence de la lumiĂšre dans l’édifice. Dieu est lumiĂšre, elle symbolise la rĂ©vĂ©lation divine. Ainsi, les vitraux sont trĂšs prĂ©sents dans la nef. La façade, dont l’aspect date de Suger, compte trois travĂ©es ouvertes par une rosace et sept fenĂȘtres. Autre innovation fondamentale : les voĂ»tes qui reposent sur des croisĂ©es d’ogives, qui permet d’édifier des bĂątiments plus grands et de dĂ©gager les murs latĂ©raux pour les ouvrir par des fenĂȘtres. La basilique est consacrĂ©e le 11 juin 1144 en prĂ©sence de Louis VII et AliĂ©nor d’Aquitaine. Suger est enterrĂ© dans l’abbaye Ă  sa mort en 1151.

1143 : résumé du Coran par Pierre le Vénérable

Le XI siĂšcle est une pĂ©riode de fort antagonisme entre chrĂ©tientĂ© et islam : l’Espagne est encore divisĂ©e entre chrĂ©tiens et musulmans, et la deuxiĂšme croisade se prĂ©pare (1147-1149). Pierre le VĂ©nĂ©rable (mort en 1156), abbĂ© de Cluny au dynamisme marquĂ©, cherche Ă  combattre les ennemis de l’Église, les hĂ©rĂ©tiques, les Juifs et les mahomĂ©tans. AprĂšs un voyage en Espagne, il rĂ©unit des savants pour traduire un rĂ©sumĂ© du Coran en latin afin de rĂ©futer, non par les armes mais par les idĂ©es, le message de l’islam.

Qu’on donne Ă  l’erreur mahomĂ©tane le nom honteux d’hĂ©rĂ©sie ou celui, infĂąme, de paganisme, il faut agir contre elle, c’est-Ă -dire Ă©crire.

Cette traduction faisait partie d’une entreprise plus grande. Pierre le VĂ©nĂ©rable prĂ©parait un traitĂ© Contre les Sarrasins, inachevĂ©. La rĂ©futation passe par une meilleure connaissance de la religion de l’autre. LĂ  est la grande novation.

1163 : début de la construction de Notre-Dame de Paris

Le dĂ©veloppement de la technique de la croisĂ©e d’ogives, Ă©lĂ©ment majeur du dĂ©veloppement de l’art gothique, permet la construction de bĂątiment plus grand. AprĂšs la reconstruction de la basilique Saint-Denis par Suger, des cathĂ©drales sont bĂąties Ă  Senlis, Noyon, Laon, etc. Maurice de Sully (mort en 1196), Ă©vĂȘque de Paris depuis son Ă©lection le 12 octobre 1160, dĂ©cide de la construction d’une cathĂ©drale Ă  Paris, la capitale du royaume de France. 1163 est la date traditionnelle du dĂ©but des travaux, lancĂ©s en prĂ©sence du pape Alexandre III (1159 – 1181). Elle dĂ©diĂ©e Ă  la vierge Marie. Le culture mariale fait l’objet d’un renouveau au XIIe siĂšcle. Plusieurs campagnes de construction se succĂšdent jusqu’au milieu du XIVe siĂšcle, mĂȘme si l’essentiel est terminĂ© au milieu du XIIIe. Notre-Dame de Paris fait ensuite l’objet de nombreux rĂ©amĂ©nagements. Avant le XIXe siĂšcle, la cathĂ©drale est le lieu de grands Ă©vĂ©nements historiques, comme le sacre de NapolĂ©on le 2 dĂ©cembre 1804. Toutefois, elle sort en piteux Ă©tat du XVIIIe siĂšcle. Un livre contribue Ă  la sauver, Notre-Dame de Paris (1831) de Victor Hugo, qui lui confĂšre un statut quasi mythique. L’engouement pousse le roi Louis Philippe (1830 – 1848) lance une campagne de restauration qui sera menĂ©e par Viollet-le-Duc de 1844 Ă  1864. Ces campagnes continuent au reste au XXe siĂšcle : vitraux sont par exemple rĂ©habilitĂ©s en 1965 par le maĂźtre-verrier Jacques Le Chevallier. Notre-Dame de Paris est aujourd’hui l’un des symboles de Paris et de la France. Le succĂšs du film de Disney Le Bossu de Notre-Dame (1996) a probablement renforcĂ© cette position aux yeux des touristes venus du monde entier. L’incendie qui l’a ravagĂ©e en 2019 a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement Ă  retentissement international.

Vers 1165–1180 : l’Ɠuvre de ChrĂ©tien de Troyes

ChrĂ©tien de Troyes, dont la vie est quasi inconnue, entre un temps au service de la cour de Champagne, rĂ©gion du commentateur biblique Rachi. Cet Ă©crivain, sĂ»rement un clerc, connaisseurs du latin et de la culture antique, est le premier grand romancier de langue française. On lui connaĂźt cinq romans (Érec et Énide, CligĂšs, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le chevalier au lion, Perceval ou le conte du Graal), inspirĂ©s par la lĂ©gende arthurienne, dont les intrigues illustrent l’idĂ©al chevaleresque de l’époque et l’amour courtois.

1190 : Ordonnance-Testament de 1190

Ce testament produit avant le dĂ©part en croisade de Philippe Auguste (r. 1180 – 1223)  fait mention pour la premiĂšre fois des baillis (de l’ancien français baillir, “administrer”), commissaires royaux qui disposent de pouvoir administratif et judiciaires (ils sont nommĂ©s sĂ©nĂ©chaux au sud). Cette institution, inspirĂ©e par les PlantagenĂȘts, perdra de l’influence au cours des siĂšcles, mais jouera un rĂŽle important dans l’unification de la justice sous l’autoritĂ© du roi.

15 janvier 1200 : reconnaissance de l’universitĂ© de Paris

Le Moyen-Âge voit apparaĂźtre un nouveau type d’institution : les universitĂ©s. La plus ancienne est fondĂ©e Ă  Bologne en 1088, puis Oxford et Cambridge. Paris, dĂ©jĂ  une grande citĂ©, rassemble dĂ©jĂ  Ă  l’aube du XIIIe siĂšcle un grand nombre de figures intellectuelles du temps. Philippe Auguste accorde en 1200 aux maĂźtres et Ă©tudiants parisiens le statut de clerc, privilĂšge les soustrayant aux juridictions temporelles (privilegium fori – privilĂšge de for ou de clergie). Ils sont ainsi protĂ©gĂ©s des autoritĂ©s locales et de la population. Ils sont en outre exemptĂ©s d’impĂŽts et d’obligations militaires.

L’universitĂ© obtient ensuite un statut officiel en 1215, rĂ©digĂ© par le lĂ©gat Robert de Courçon. Son sceau porte l’inscription Universitatis magistorum et scolarium parisiensium. La bulle Parens scientiarum de 1231 du pape GrĂ©goire IX (1227 – 1241) lui confĂšre l’autonomie et donne un statut Ă  son personnel. MaĂźtres et Ă©tudiants vivent alors de leurs rentes et peuvent se consacrer pleinement Ă  l’étude et Ă  l’enseignement. SituĂ©e dans ce qui est aujourd’hui le « Quartier latin », elle est alors en organisĂ©e en quatre facultĂ©s, celles du droit, de la mĂ©decine, des arts libĂ©raux et, la plus importante et celle qui fait sa rĂ©putation, de thĂ©ologie (et de dialectique). Le rayonnement de l’universitĂ© de Paris ne cesse alors de croĂźtre jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Paris devient l’un des grands centres du savoir en Europe et attire de nombreux Ă©tudiants Ă©trangers. L’influence d’un enseignement est dĂ©sormais internationale. Ces Ă©changes sont facilitĂ©s par la maĂźtrise commune du latin. L’universitĂ© est d’ailleurs divisĂ©e en quatre nations : la française (Français de la Loire et du Sud, Italiens et IbĂ©riques), la normande, l’anglaise (pour les peuples germaniques) et la picarde (Picardie, Est de la France et Pays-Bas). De nombreux professeurs sont d’ailleurs anglais et elle accueille certaines figures reconnues, comme Thomas d’Aquin.  

28 avril 1202 : la confiscation de Philippe Auguste

À l’avĂšnement de Philippe II (1180 – 1223), les PlantagenĂȘts rĂšgne sur un Empire qui s’étend sur l’Angleterre et tout l’Ouest de la France. Le 28 avril 12012, le roi prend prĂ©textes de l’insoumission du roi d’Angleterre Jean sans Terre (1199 – 1216), qui est aussi son vassal, pour lui confisquer la Normandie, le Maine, la Touraine et l’Anjou. Le roi d’Angleterre rĂ©agit, mais les combats tournent Ă  la faveur des troupes royales. Le 6 mars 1204, ChĂąteau-Gaillard capitule. Le 24 juin, Rouen fait de mĂȘme. Le domaine royal, limitĂ© Ă  un axe Paris-Bourges au dĂ©but du rĂšgne, s’agrandit de maniĂšre considĂ©rable. Philippe II tire de cette formidable rĂ©ussite son surnom d’Auguste.  

6 mai 1211 : construction de la cathédrale de Reims

L’ancienne cathĂ©drale est dĂ©truite par un incendie le 6 mai 1210. La construction de l’édifice actuel date du 6 mai 1211. Ce n’est pas sa derniĂšre mĂ©saventure : en 1914, les Allemands bombardent la cathĂ©drale du fait de son importance symbolique. En effet la cathĂ©drale de Reims, l’un des plus beaux Ă©difices gothiques de France, a Ă©tĂ© le lieu du sacre de 29 rois jusqu’en 1825. Effaçant 1914, mais aussi l’antagonisme qui a opposĂ© ces deux pays, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle et le chancelier Adenauer scellent la rĂ©conciliation Ă  Reims en 1962 et assistent ensemble Ă  un Te Deum dans la cathĂ©drale.  

12 septembre 1213 : bataille de Muret

Muret, situĂ©e au sud-ouest de Toulouse, a Ă©tĂ© le site d’une bataille opposant les troupes de la croisade albigeoise (dirigĂ©e principalement contre le catharisme), venues pour la plupart du nord du royaume, Ă  une coalition de seigneurs du sud-ouest de la France (Toulouse, Comminges, BĂ©arn, Foix, etc.) alliĂ© au roi d’Aragon Pierre II, qui convoite cette rĂ©gion. La victoire de Simon de Montfort († 1218), qui fait suite au succĂšs de la croisade albigeoise, ancre les pays de langue d’oc (le Languedoc) dans le royaume de France, dont le roi est alors Philippe Auguste. Cette rĂ©gion aurait pu faire partie d’un ensemble territorial avec l’Aragon.  

27 juillet 1214 : bataille de Bouvines

La bataille de Bouvines est bien plus cĂ©lĂšbre que la bataille de Muret qu’elle suit d’une annĂ©e. Cet affrontement de grande ampleur, au sud-est de Lille est, d’un certain point de vue, le pendant de la bataille de Muret au-dessus de la Loire. Philippe Auguste (r. 1180 – 1223) remporte une victoire qui Ă©carte les puissances qui concurrençaient son pouvoir. Plusieurs seigneurs fĂ©lons sont vaincus (les comtes de Flandre et de Boulogne), et l’empereur germanique Otton IV, qui a fui, est dĂ©posĂ© au profit de FrĂ©dĂ©ric II.

La bataille de Bouvines est un Ă©vĂ©nement clĂ© du roman national. Elle a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une manifestation de la naissance de la nation française par les manuels de la IIIe RĂ©publique, car des villes du domaine royal ont envoyĂ© des milices urbaines (constituĂ©e par des roturiers) combattre auprĂšs du roi. Cependant, leur rĂŽle a Ă©tĂ© limitĂ© en comparaison de celui des seigneurs, dont dĂ©pendait le roi. L’historien Georges Duby est l’auteur d’un livre mĂ©morable sur le sujet, Le Dimanche de Bouvines. 27 juillet 1214, dans la collection Â« Les Trente JournĂ©es qui ont fait la France ».

Le 2 juillet prĂ©cĂ©dent, le fils de Philippe Auguste, Louis de France, le futur Louis VIII, battait le roi d’Angleterre Jean sans Terre Ă  la bataille de La Roche-aux-Moines, dans la Maine-et-Loire actuel. La puissance anglaise en sort trĂšs affaiblie. Muret – Bouvines – La Roche-aux-Moines : le pouvoir royal français a les mains libres.  

1220 : achÚvement de la cathédrale de Chartres

Le monument par excellence de l’art gothique français (Unesco), la cathĂ©drale de Chartres, domine de sa magnificence la plaine de Beauce. Elle est la mieux conservĂ©e de son style. Henri IV (r. 1589 – 1610) est le seul roi a y avoir Ă©tĂ© sacrĂ© le 27 fĂ©vrier 1594. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, l’écrivain Charles PĂ©guy renouvelle la tradition du pĂšlerinage entre Paris et Chartres.

Blanche de Castille (1188 – 1252) est la fille du roi de Castille Alphonse VIII et d’AlinĂ©or d’Angleterre. Elle donc la petite-fille d’AliĂ©nor d’Aquitaine et la niĂšce de Richard CƓur de Lion et de Jean sans Terre. En 1200, elle Ă©pouse le futur Louis VIII. L’hĂ©ritier du trĂŽne, Louis IX, “Saint Louis”, naĂźt le 25 avril 1214. Louis VIII monte sur le trĂŽne en 1223 et meurt trois ans plus tard seulement, le 8 novembre 1226. Dans son testament, le roi dĂ©funt avait fait de la reine la rĂ©gente du royaume aprĂšs sa mort. L’hĂ©ritier est encore dans sa minoritĂ©.

La rĂ©gence de Blanche de Castille est une double nouveautĂ© : pour la premiĂšre fois, une femme dirige la France et, pour la premiĂšre fois, ce dirigeant est Ă©tranger. Ce ne sera pas la derniĂšre. Catherine de MĂ©dicis (1519 – 1589) ou Mazarin (1602 – 1661) suivront. Blanche de Castille s’appuie en outre sur un Italien, le lĂ©gat du pape Romano Bonaventura. La rĂ©gente doit rĂ©sister Ă  l’hostilitĂ© des Ă©lites, qui souhaitent profiter la minoritĂ© du roi pour reprendre du pouvoir. Elle mĂšne en outre les nĂ©gociations qui permettent la signature du traitĂ© de Meaux-Paris en 1229 qui rattache le Sud-Ouest au royaume. Enfin elle organise le mariage de son fils avec Marguerite de Provence (1221 – 1295) le 27 mai 1234. Elle meurt en 1252, et est enterrĂ©e Ă  l’abbaye de cistercienne de Maubuisson qu’elle a fondĂ©.

Décembre 1254 : promulgation de la Grande Ordonnance

Le long rĂšgne de Saint Louis (1226 – 1270) est une pĂ©riode d’enquĂȘtes sur le royaume et de rĂ©formes. AprĂšs l’enquĂȘte de 1247, le roi promulgue en 1254 (reprise en 1256) une ordonnance qui rĂ©forme la justice, afin de prĂ©venir les abus et moraliser la vie du royaume. Saint Louis est, pour les mĂ©moires, le roi qui incarne la Justice par excellence : l’image d’Épinal le reprĂ©sente comme juge rendant la justice sous son chĂȘne. La Grande Ordonnance, destinĂ©e aux baillis, aux sĂ©nĂ©chaux, mais aussi Ă  toutes les autoritĂ©s locales, insiste sur l’importance de la prĂ©somption d’innocence. Elle rĂ©glemente en outre l’activitĂ© des administrateurs royaux : baillis et sĂ©nĂ©chaux ne peuvent contracter d’emprunts, prendre femme dans leur circonscription, assurer la protection et l’entretien des routes, rendre compte de leur gestion, recevoir les plaintes de leurs administrĂ©s, etc. Le texte cherche en outre Ă  interdir l’usure, la prostitution, les jeux de hasard, le blasphĂšme, et comporte des mesures vexatoires contre les Juifs.

1256 : le roi est empereur en son royaume

Alors que le droit romain fait l’objet d’une rĂ©appropriation en Europe, le juriste Jean de Blanot, dans son Libellus super titulo Institutionum de actionibus, Ă©crit que le “roi est empereur en son royaume” (rex est imperator in regno suo). Cette cĂ©lĂšbre maxime de droit public, affirme le pouvoir du roi de France, monarchie indĂ©pendante et autonome, c’est-Ă -dire qu’elle ne dĂ©pend d’aucune structure au-dessus d’elle. Elle consacre la souverainetĂ© du roi de France face aux prĂ©tentions du Saint Empire Ă  rĂ©tablir l’Empire romain et aux prĂ©tentions du Pape Ă  se placer au-dessus du pouvoir temporel. On trouve une idĂ©e semblable dans la formule “le roi ne connaĂźt pas de supĂ©rieur” (rex superiorem non recognoscens), que l’on trouve dans une rĂ©ponse du pape Innocent III (1198 – 1216) au comte de Montpellier, Ă  qui il refuse la reconnaissance d’un enfant adultĂ©rin, ce qui est de la compĂ©tence du roi de France.

1257 : fondation de la Sorbonne

La fondation d’un collĂšge pour Ă©tudiants pauvres par le thĂ©ologien Robert de Sorbon en 1253 est confirmĂ©e par Saint Louis en 1257. Il est installĂ© sur un versant de la Montagne Sainte-GeneviĂšve, sur la rue qui porte dĂ©sormais le nom de “Sorbonne”. On y dispense des cours de thĂ©ologie. La rĂ©putation de l’établissement, qui participe aux controverses de son temps, devient rapidement europĂ©enne. La Sorbonne contribue au prestige de l’universitĂ© de Paris, fondĂ©e en 1200. La Sorbonne, Ă©clatĂ©e en plusieurs universitĂ©s aprĂšs les Ă©vĂ©nements de mai 1968, existe toujours aujourd’hui.

1280 : Le Roman de la rose

Le Roman de la rose est un Ɠuvre de 21 750 octosyllabes Ă©crite par deux auteurs : Guillaume de Lorris pour la premiĂšre partie (4058 vers) puis Jean de Meung pour la second (17 700 vers). L’Ɠuvre dĂ©crit un rĂȘve allĂ©gorique fait par l’auteur. Les personnages porte d’ailleurs des noms Ă©vocateurs : BeautĂ©, courtoisie, richesse pour les bons, jalousie, honte, malbouche pour les mauvais, etc. La premiĂšre partie est une Ɠuvre classique sur le thĂšme de l’amour courtois, alors que la seconde traite l’amour de maniĂšre plus cynique et rationnelle. L’Ɠuvre eut une grande influence en Europe, suscitant la controverse (comme la critique de Christine de Pizan au XIVe siĂšcle) ou l’admiration (PĂ©trarque, Chaucer, etc.).  

26 octobre 1289 : université de Montpellier

On trouve Ă  Montpellier la plus ancienne facultĂ© de mĂ©decine de France. C’est d’ailleurs l’une des deux seules villes universitaires, avec Paris, oĂč la mĂ©decine est enseignĂ©e. La situation gĂ©ographique de Montpellier est idĂ©ale : elle est situĂ©e Ă  mi-chemin entre Paris, l’Espagne oĂč la mĂ©decine arabe est pratiquĂ©e, Salerne, en Campanie, oĂč la premiĂšre Ă©cole de mĂ©dicine du Moyen Âge a Ă©tĂ© fondĂ©e et Avignon, oĂč les papes s’installent au dĂ©but du XIVe siĂšcle. En 1180, le seigneur de Montpellier Guilhem VIII autorise par Ă©dit Ă  quiconque d’enseigner la mĂ©decine. L’universitĂ© de Montpellier est reconnue par la bulle du pape Nicolas IV Quia sapientia du 26 octobre 1289.  

10 avril 1302 : premiÚre convocation des états généraux, par Philippe le Bel

Le 5 dĂ©cembre 1301, le pape Boniface VIII (r. 1295 – 1303) adresse au roi de France Philippe le Bel (1284 – 1314), avec lequel il est en conflit, la bulle Ausculta fili. Ce texte redit la supĂ©rioritĂ© du pouvoir spirituelle sur le pouvoir En rĂ©ponse, le roi de France crĂ©e une nouvelle institution appelĂ©e Ă  avoir une grande influence sur l’histoire de France : les États gĂ©nĂ©raux. Les premiers sont organisĂ©s le 10 avril 1302 Ă  Notre-Dame de Paris. Ils rassemblent des clercs, des nobles et des dĂ©lĂ©guĂ©s de ce qui sera plus tard nommĂ© le Tiers État. Les États gĂ©nĂ©raux ont pour objectif de renforcer la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir royal face aux attaques papales et Ă  rĂ©affirmer la fidĂ©litĂ© du clergĂ© au roi. Ce lieu de nĂ©gociation permet au roi de France de lever des impĂŽts.

13 octobre 1307 : la chute des Templiers

L’ordre du Temple Ă©tait un ordre religieux et militaire chrĂ©tien qui se chargeait de la protection des pĂšlerins se rendant en Palestine. Avec la disparition des États croisĂ©s au Proche-Orient, les Templiers se replient sur l’Europe, oĂč ils possĂšdent de nombreuses commanderies, qui sont pour la plupart des exploitations agricoles bien gĂ©rĂ©es dont l’argent Ă©tait destinĂ© Ă  la “Terre sainte”.

Sous l’autoritĂ© exclusive du pape et donc indĂ©pendants de toute autoritĂ© temporelle (des seigneurs et des rois), riches, les Templiers suscitent l’hostilitĂ© du roi de France Philippe le Bel (1285 – 1314) qui les fait arrĂȘter le 13 octobre 1307 par les baillis et les sĂ©nĂ©chaux, alors que Jacques de Molay, le grand maĂźtre de l’ordre, est en France. Pour calmer la discorde avec le roi de France, le pape, qui est alors le Français ClĂ©ment V, dissout l’ordre du Temple le 22 mars 1312 au concile de Vienne. L’ordre de l’HĂŽpital rĂ©cupĂšre la majeure partie de ses richesses.

La légende de la malédiction prononcée par Jacques de Molay contre le roi de France a inspiré Maurice Druon pour ses Rois Maudits.

1309 : installation de la papauté à Avignon

ClĂ©ment V (1305 – 1314), pape français intronisĂ© Ă  Lyon, est Ă©lu par un conclave sous pression de Philippe le Bel. C’est un pape plus ouvert aux influences du roi de France que Boniface VIII (1294 – 1303), et qui introduit nombre de cardinaux français.

Il refuse de rejoindre Rome et s’installe Ă  Avignon en 1309. Les cinq papes suivants, tous français, l’imiteront. Avignon devient donc le centre de la ChrĂ©tientĂ© au XIVe siĂšcle. AprĂšs la mort de Urbain V (1362 – 1370), GrĂ©goire XI (1371 – 1378), le dernier pape français, retourne Ă  Rome. BenoĂźt XII (1335 – 1342) dĂ©cide la construction de ce qui est restĂ© le plus beau tĂ©moignage de cette pĂ©riode : le palais des Papes, un des plus grandioses exemples d’architecture gothique.

1312 : rattachement de Lyon

Par convention, et Ă  la suite d’une thĂšse de l’historien Pierre Bonasseux de 1874, l’intĂ©gration de Lyon au royaume de France est parfois datĂ©e de 1312, lorsque le dirigeant de la ville, l’archevĂȘque Pierre de Savoie (de 1308 – 1332), perdit sa juridiction temporelle (son pouvoir en tant que souverain) au profit du roi de France, Philippe le Bel (1285 – 1314). Cependant, l’autoritĂ© royale Ă©tait Ă©tablie dans la ville depuis plus longue date Ă  la faveur des conflits entre les notables de la ville (« les bourgeois »), l’archevĂȘque et le chapitre de chanoines.

1337 : début de la guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans, appellation du XIXe siĂšcle, est une longue pĂ©riode d’affrontements entre deux puissances qui se disputent le territoire de la France actuelle : les Valois (CapĂ©tiens) et les PlantagenĂȘts. Bien qu’ils dirigent l’Angleterre, ces derniers ont de profondes attaches en France. Cet affrontera ne s’arrĂȘtera qu’au milieu du XVe siĂšcle, avec la victoire des Valois. À ce conflit s’est ajoutĂ© la Peste noire ( 1347 – 1352) et une grave crise Ă©conomique qui ont durement Ă©prouvĂ© les populations.

26 août 1346 : bataille de Crécy

La bataille de CrĂ©cy est le premier affrontement de consĂ©quence de la guerre de Cent Ans. Le roi de France Philippe VI (r. 1328 – 1350), Ă  la tĂȘte d’une imposante armĂ©e, poursuit les troupes plus rĂ©duites d’Édouard III (r. 1327 – 1377). Les Anglais se prĂ©parent sur un terrain favorable Ă  combattre les Français prĂšs de CrĂ©cy-en-Ponthieu (Somme). Ils infligent une dĂ©faite humiliante au roi de France, dont la chevalerie, lourdement Ă©quipĂ©e, ne peut rien faire contre la pluie des archers anglais (dotĂ© de longbows, arcs longs anglais). L’indiscipline française et l’inadaptation de sa tactique, fondĂ©e sur les charges de chevalerie, coĂ»tent au royaume une lourde dĂ©faite. Édouard III n’exploite pas son avantage pour prendre Paris, mais se dirige vers Calais qu’il assiĂšge et qu’il occupe (1347). Le royaume de France ne rĂ©cupĂ©rera la ville qu’en 1558.

Humbert II, Dauphin de Viennois (1333 – 1349) vend son fief, le DauphinĂ©, dont la capitale est Grenoble, au roi de France Philippe VI (1328 -1350). Cependant, le DauphinĂ© est fait apanage du fils aĂźnĂ© du roi de France, l’hĂ©ritier de la couronne. Ainsi, ce dernier porte le titre de Dauphin.

19 septembre 1356 : défaite de Poitiers et capture du roi Jean II

Cette deuxiĂšme bataille de Poitiers, moins cĂ©lĂšbre que celle de 732, sort naturel d’une dĂ©faite, est un dĂ©sastre pour le royaume de France. Pour arrĂȘter les incursions et les pillages d’Édouard de Woodstock, le fils d’Édouard III, le roi de France Jean II (1350 – 1364) le poursuit pendant un mois pour l’affronter finalement Ă  Maupertuis, au sud de Poitiers. Comme Ă  CrĂ©cy, la chevalerie française est humiliĂ©e par les archers anglais. Elle sort de cette dĂ©faite humiliĂ©e et discrĂ©ditĂ©e. Pire encore, le roi est fait prisonnier, fait inĂ©dit dans l’histoire de France. Cette captivitĂ© longue de quatre ans Ă©branle le pouvoir et donne naissance Ă  une grave crise de la monarchie  que doit affronter le jeune dauphin Charles, alors Ăąge de dix-huit ans. La bourgeoisie tente, autour d’Étienne Marcel, de rĂ©former la monarchie pour la contrĂŽler et la “Grande Jacquerie” Ă©clate dans les campagnes en 1358. Autre consĂ©quence catastrophique de la bataille de Poitiers : le traitĂ© de BrĂ©tigny, conclu le 8 mai 1360, Ă©crase le royaume d’une rançon de 3 millions d’écus pour la libĂ©ration du roi et cĂšde un tiers du royaume Ă  Édouard III.

1357 : Grande Ordonnance 

En l’absence de son pĂšre, le dauphin Charles, 18 ans, est chargĂ© de la conduite du royaume. Il subit rapidement les contrecoups de l’affaiblissement de la monarchie. En effet, l’assemblĂ©e de notables rĂ©unie aux États de LanguedoĂŻl d’octobre 1356 s’oppose violemment Ă  lui. L’évĂȘque de Laon, Robert le Coq, sĂ©ide de Charles de Navarre, demande la libĂ©ration immĂ©diate de son maĂźtre. Ă‰tienne Marcel, prĂ©vĂŽt des marchands de Paris, demande, lui, la rĂ©formation de l’État, ce qui inclut l’écartement des corrompus, la fin des abus et surtout, un contrĂŽle accru de la monarchie par les trois ordres au moyen du conseil. Les États accordent cependant au dauphin Charles des subsides pour la guerre. Charles revient Ă  Paris en fĂ©vrier 1357, aprĂšs avoir demandĂ© sans succĂšs de l’aide Ă  l’empereur Charles IV pourtant son oncle. Par la Grande Ordonnance, il cĂšde aux exigences des États et introduit leurs dĂ©lĂ©guĂ©s dans le Conseil royal. Jean II dĂ©savoue son fils. Charles de Navarre est en outre libĂ©rĂ©.

22 fĂ©vrier 1358 : Ă©meute d’Étienne Marcel

RĂ©unis en fĂ©vrier 1358, les États de Paris demandent l’interdiction des assemblĂ©es locales pour leur substituer une assemblĂ©e unique pour la LanguedoĂŻl. La bourgeoisie parisienne cherche en effet Ă  soumettre la monarchie Ă  ses intĂ©rĂȘts, en Ă©liminant le contrepoids que reprĂ©sentent les États provinciaux dont l’objectif est avant tout de contrĂŽler la perception et l’utilisation des subsides demandĂ©s. Le 22 fĂ©vrier, Étienne Marcel, prĂ©vĂŽt des marchands de Paris, organise une Ă©meute contre le gouvernement et pour impressionner le dauphin. Deux marĂ©chaux, Robert de Clermont, marĂ©chal de Normandie, et Jean de Conflans, marĂ©chal de Champagne, sont tuĂ©s alors qu’ils voulaient protĂ©ger Charles. Ce dernier, terrorisĂ©, approuve les meurtres.

Mai 1358 : Grande Jacquerie

Les soulĂšvement des Jacques (c’est-Ă -dire paysans) contre la noblesse partent du Beauvaisis Ă  partir de fin mai 1358. Ils se rĂ©pandent en Picardie, en Champagne et dans le nord de l’Île-de-France. Ils n’obtiennent cependant aucun soutien d’Étienne Marcel, tandis que Charles de Navarre les rĂ©prime.

2 août 1358 : le dauphin Charles entre dans Paris

Charles prend le titre de rĂ©gent et quitte Paris. Il rĂ©unit les États de LanguedoĂŻl Ă  CompiĂšgne le 4 mai, en l’absence des Parisiens. La rĂ©bellion d’Étienne Marcel est isolĂ©e. Fort du soutien des États de CompiĂšgne, le rĂ©gent avance jusqu’à Paris. Étienne Marcel demande alors de l’aide aux villes flamandes : il se prĂ©sente comme le champion du combat des non-nobles contre les nobles. Tentative infructueuse. Étienne Marcel introduit alors des soldats anglais dans Paris, ce qui fait chuter sa popularitĂ©. Le 31 juillet, il est assassinĂ© avec ses lieutenants. Le 2 aoĂ»t 1358, le rĂ©gent Charles entre dans Paris. La « rĂ©volution parisienne Â» a Ă©chouĂ©.

5 décembre 1360 : le franc à Cheval

Pour payer la rançon de Jean II, l’ordonnance de CompiĂšgne du 5 dĂ©cembre 1360 dĂ©cide l’émission du “franc Ă  Cheval”, premiĂšre monnaie Ă  porter le nom “franc”. Ce mot renvoie peut-ĂȘtre Ă  la libĂ©ration du roi par les Anglais. Il est “à cheval” car la piĂšce reprĂ©sente le roi sur son cheval, en armure. 

19 juin 1369 : constitution de “l’État bourguignon”

Philippe II (duc de Bourgogne de 1363 Ă  1404), fils du roi Jean II, reçoit de son pĂšre le duchĂ© de Bourgogne puis, grĂące Ă  son mariage le 19 juin 1369 avec Marguerite III de Flandre, les comtĂ©s de Bourgogne, de Flandre, de Nevers, d’Artois et de Rethel. « L’État bourguignon » naĂźt. Cet État, qui est en rĂ©alitĂ© un agglomĂ©rat de seigneuries, va permettre au quatre ducs de la dynastie CapĂ©tien-Valois qui en sont les souverains de jouer un rĂŽle important dans les affaires du temps : Philippe II, Jean Ier (“Jean sans Peur” 1404 – 1419), Philippe II (“Philippe le Bon” 1419 – 1467) et Charles (“Charles le TĂ©mĂ©raire” 1467 – 1477). Profitant de la richesse du comtĂ© de Flandre, les ducs de Bourgogne seront des protagonistes influents de la guerre de Cent Ans Sous Philippe II et Charles, les ducs de Bourgogne cherchent Ă  Ă©manciper leurs possessions pour les constituer en Lotharingie renaissante. Ce projet Ă©chouera cependant.

1394 : expulsion “dĂ©finitive” des Juifs de France

Depuis les Croisades, les Juifs de France font l’objet de violences spontanĂ©es, puis de mesures vexatoires du pouvoir royal (notamment sous Saint-Louis) et de conversions forcĂ©es. Avant l’expulsion de 1394, les Juifs sont victimes de six expulsions, dont la plus importante est celle de 1306 par Philippe le Bel (qui aurait provoquĂ© la fuite d’au moins 75 000 Juifs hors du royaume de France). C’est alors une communautĂ© puissante. Rachi, cĂ©lĂšbre commentateur de la Bible et du Talmud, Ă©tait par exemple Ă©tabli Ă  Troyes. L’expulsion de 1394 est dĂ©cidĂ©e par une loi du 17 septembre. Le roi Charles VI (1380 – 1422) la veut dĂ©finitive, sans exception ni privilĂšge. Les Juifs sont alors accusĂ©s d’ĂȘtre responsables des difficultĂ©s et de la famine en cette pĂ©riode difficile de la guerre de Cent Ans. Ils ont jusqu’au 3 novembre pour partir. AprĂšs cette date, il n’existe officiellement plus de Juifs dans le royaume de France. La plupart fuient vers l’Allemagne, la Savoie ou l’Orient. L’expulsion de Juifs n’est pas propre Ă  la France : l’Angleterre les expulse en 1290, et les rois de l’Espagne conquise sur les musulmans, Isabelle Ferdinand, les expulse par Ă©dit le 31 mars 1492.

1405 : La Cité des dames de Christine de Pisan

Christine de Pisan (vers 1365 – 1430) est la premiĂšre grande polygraphe de langue française. ArrivĂ©e trĂšs jeune de Venise, fille de l’astrologue de Charles V (1364 – 1380), elle est rapidement veuve du secrĂ©taire du roi Étienne de Castel (morte en 1387) et doit assumer la charge de sa famille. Instruite, proche du pouvoir et membre de la couche supĂ©rieure de la sociĂ©tĂ©, elle dirige un atelier de copistes et bĂ©nĂ©ficie notamment de commandes princiĂšres. Elle produit en parallĂšle une Ɠuvre abondante et variĂ©e, de la poĂ©sie au traitĂ© militaire. Dans ses Ă©crits, elle critique la misogynie d’un Boccace ou que l’on trouve dans la deuxiĂšme partie du Roman de la rose. Dans deux livres, La CitĂ© des dames (publiĂ© 1405) et Le Livre des trois vertus ou TrĂ©sor de la citĂ© des dames (1405-1406), elle prĂ©sente le rĂŽle effectif et utile des femmes dans la sociĂ©tĂ© française et les introduit sur la scĂšne publique. Femme de la guerre de Cent Ans, elle prend le parti du roi (celui des “vrais Français”) et doit se rĂ©fugier dans un monastĂšre aprĂšs la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Une de ses derniĂšres Ɠuvres est un poĂšme en honneur de Jeanne d’Arc.

25 octobre 1415 : bataille d’Azincourt

Azincourt est une des dĂ©faites les plus cĂ©lĂšbres de l’histoire de France. Les 8000 Anglais de Henri V (r. 1413 – 1422), bien positionnĂ©s Ă  l’endroit le plus Ă©troit de la plaine, vainquent une armĂ©e de 15 000 Français. Ces derniers comptent 5000 Ă  6000 morts. Nombre de prisonniers sont Ă©gorgĂ©s. AprĂšs CrĂ©cy en 1346 et Poitiers en 1356, la chevalerie français est de nouveau humiliĂ©e par la tactique anglaise.

8 mai 1429 : OrlĂ©ans dĂ©livrĂ©e par Jeanne d’Arc

Jeanne d’Arc arrive Ă  Chinon fin fĂ©vrier ou dĂ©but mars 1429. LĂ , elle est autorisĂ©e Ă  rencontrer le roi de France, Charles VII  (r. 1422 – 1441) qu’elle convainc de l’équiper. Une enquĂȘte thĂ©ologique conclut Ă  l’orthodoxie des voix divines qui l’inspirent. Elle quitte Blois le 28 avril aprĂšs avoir sommĂ© ses adversaires de « rendre France Â» au nom du « roi de France Â».  Elle connaĂźt son premier succĂšs en reprenant une place stratĂ©gique, OrlĂ©ans, des mains des Anglais. Elle tire de ce fait d’arme son surnom de “pucelle d’OrlĂ©ans”.

30 mai 1431 : Jeanne d’Arc brĂ»lĂ©e

Le 23 mai 1430, Ă  CompiĂšgne, Jeanne d’Arc est faite prisonniĂšre. Vendue 10 000 livres aux Anglais par Jean de Luxembourg, elle est jugĂ©e Ă  Rouen par un tribunal d’inquisition prĂ©sidĂ© par l’évĂȘque de Beauvais Pierre Cauchon. À l’issue de son procĂšs dĂ©butĂ© le 21 fĂ©vrier 1431, elle est condamnĂ©e comme « hĂ©rĂ©tique, relapse, apostate et idolĂątre Â» , livrĂ©e aux Anglais puis brulĂ©e le 30 mai 1431. NaĂźt alors des figures symboliques et patriotiques les plus influentes de l’histoire de France. CanonisĂ©e en 1920, elle est fĂȘtĂ©e le 12 mai.

7 juillet 1438 : Pragmatique Sanction de Bourges

La Pragmatique Sanction est une ordonnance du roi de France Charles VII (1422 – 1461). Elle est publiĂ©e Ă  Bourges au cours d’une assemblĂ©e du clergĂ© français, le 7 juillet 1438, puis acceptĂ©e par le concile l’annĂ©e suivante. Cette ordonnance limite grandement le pouvoir du pape, alors EugĂšne IV (r. 1431 – 1447). En effet, la Pragmatique Sanction rĂ©tablit le droit de nomination des Ă©vĂȘques par les chanoines et des abbĂ©s par les religieux au dĂ©triment du droit de nomination du pape. Dans les faits, le roi recommande ses candidats aux Ă©lections, et fait pression sur les Ă©lecteurs. Elle rĂ©duit en outre les revenus perçus par le pape en France (suppression des annates, annĂ©e de recette que les nouveaux abbĂ©s ou Ă©vĂȘques devaient verser au Saint-SiĂšge.) La Pragmatique Sanction est le premier grand pas du gallicanisme, doctrine selon laquelle l’Église de France est autonome par rapport au pape. En effet, les conciles de l’Église de France sont reconnus comme supĂ©rieurs Ă  l’autoritĂ© de Rome. Elle renforce le pouvoir du roi sur une Église qui est reprĂ©sentĂ©e comme Ă©tant dans l’État. Inacceptable pour le pape, elle sera plusieurs fois annulĂ©e puis rĂ©tablie jusqu’au concordat de Bologne (1516).

1438 : Jacques CƓur, Grand Argentier du royaume de France

Jacques CƓur (vers 1395 – 1456), d’abord maĂźtre des monnaies Ă  Bourges, lĂ  oĂč siĂšge le roi Charles VII (1422 – 1461), devient en 1438 l’argentier du royaume. L’argenterie consiste Ă  fournir la cour en fournitures, comme des bijoux, des meubles et des vĂȘtements. Cependant, la position de Jacques CƓur lui permet de s’enrichir considĂ©rablement et devenir l’un des plus influents personnages de l’État. Le public permet d’enrichir le privĂ©e, Ă  une Ă©poque oĂč la distinction n’est pas encore bien Ă©tablie.

CrĂ©ancier et banquier du roi et d’une aristocratie endettĂ©e, il organise son commerce d’approvisionnement dont les ramifications s’étendent Ă  la MĂ©diterranĂ©e. Il dirige ainsi un rĂ©seau de comptoir d’approvisionnements et possĂšde, en 1451, sept navires qui servent ses opĂ©rations d’import et d’export. Ses activitĂ©s s’étendent Ă  d’autres domaines : il perçoit des revenus fiscaux de Languedoc, possĂšde des armuries Ă  Bourges, une manufacture Ă  Florence, il organise la production de laine dans le Berry, etc. Pour l’organisation de son commerce, il utilise en outre les techniques financiĂšres les plus modernes de son temps. Une telle activitĂ© lui permet de tisser un rĂ©seau de relations auprĂšs des puissants : il est proche de roi RenĂ©, du roi Alphonse V d’Aragon et du pape Nicolas V (1447 – 1455). “L’esprit d’entreprise” de Jacques CƓur a fait la fascination pour cet aventurier romanesque. Sa chute, brutale, a construit sa lĂ©gende : il est arrĂȘtĂ© par ordre du roi en 1451, puis condamnĂ© en 1453. Cette ascension manquĂ©e ne peut manquer de rappeler celle de Nicolas Fouquet, deux siĂšcles plus tard.

Jacques CƓur parvient cependant Ă  s’enfuir grĂące Ă  ses relations et meurt sur l’üle de Chios en 1456. Ce destin a constituĂ© un mythe: celui de l’incapacitĂ© française Ă  considĂ©rer ses entrepreneurs, sa mĂ©fiance Ă  l’égard des grandes rĂ©ussites individuelles et la trop grande liaison de l’économie au bon vouloir de l’État. Il faut cependant noter que l’ascension de Jacques CƓur a Ă©tĂ© permise par sa position de puissant, et que l’argent qu’il mobilisait Ă©tait investi avant tout dans l’État et dans des activitĂ©s plus traditionnelles (comme la terre). Enfin, Jacques CƓur laisse en hĂ©ritage un superbe hĂŽtel particulier Ă  Bourges, le palais Jacques-CƓur, de style gothique flamboyant.

4 aoĂ»t 1443 : fondation de l’hospice de Beaune par Nicolas Rolin

Nicolas Rolin (vers 1376 – 1462), riche chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon (de 1419 Ă  1467), et sa femme Guigoge de Salins (1403 – 1470), prennent l’initiative de la crĂ©ation d’un HĂŽtel-Dieu afin de soigner les malades et s’occuper des indigents, Ɠuvre de charitĂ© chrĂ©tienne. Les Hospices de Beaune sont nĂ©es. L’établissement est achevĂ© en 1457 et existe toujours aujourd’hui. Il reste cĂ©lĂšbre pour son architecture gothique flamboyant et ses superbes toits de tuiles vernissĂ©es polychromes. Les hospices sont en outre propriĂ©taire d’un domaine viticole de 60 hectares. Le 3e dimanche de novembre, le vin qui en est tirĂ© est vendu aux enchĂšres pour financer les activitĂ©s de l’hĂŽpital.

26 mai 1445 : crĂ©ation des compagnies d’ordonnance

L’ordonnance de Louppy-le-ChĂątel du 26 mai 1445 crĂ©e quinze compagnies d’ordonnance, formations militaires dirigĂ©es chacune par un capitaine. Chaque compagnie comte cent lances, une unitĂ© de base, et chaque lance compte six hommes : trois archers, un homme d’armes, un auxiliaire armĂ© (le coutilier) et un page, qui n’est pas un combattant. Ce sont des soldats montĂ©s. Ce sont les premiers unitĂ©s permanentes de l’armĂ©e royale, qui reposait surtout sur la convocation du ban et de l’arriĂšre-ban (les vassaux du roi, et les vassaux des seigneurs) et sur les mercenaires, indisciplinĂ©s et coĂ»teux. En 1448, on dĂ©cide en outre que les non nobles fourniront un combattant par paroisse, qui doit se battre pour le roi avec un arc ou une arbalĂšte. C’est la milice des « francs-archers Â» qui constitue une infanterie de rĂ©serve de plusieurs milliers d’hommes. Enfin, sous la direction de Jean et Gaspard Bureau, des bandes d’artillerie de campagne sont constituĂ©es pour les siĂšges des places et les batailles rangĂ©es

17 juillet 1453 : bataille de Castillon

La victoire de Formigny du 15 avril 1450 a Ă©loignĂ© la Normandie des ambitions anglaises. Charles VII dirige dĂ©sormais ses efforts vers la conquĂȘte de la Guyenne. Les Français rencontrent les Anglais de John Talbot, dĂ©barquĂ© Ă  Bordeaux, Ă  Castillon, le 17 juillet 1453. La puissante armĂ©e française, servie par ses compagnies d’ordonnances et la meilleure artillerie d’Europe, vainc ses adversaires. Talbot y laisse la vie. La Guyenne est reprise. L’Aquitaine intĂšgre pleinement le royaume de France. La guerre de Cent Ans entre en sommeil. Elle ne prendra vraiment fin qu’au traitĂ© de Picquigny du 29 aoĂ»t 1475.

1463 : disparition de François Villon

François de Montcorbier, dit François Villon, nĂ© vers 1431, est le plus cĂ©lĂšbre poĂšte du Moyen Âge français. Son image de poĂšte malfaiteur a construit sa lĂ©gende de “poĂšte maudit” avant l’heure. Coupable du meurtre d’un prĂȘtre et de vols, toujours menacĂ© d’emprisonnement et pendaison, il joue sur les thĂšmes du testament et du legs en s’amusant de sa fin prochaine.

FrĂšres humains, qui aprĂšs nous vivez, N’ayez les cueurs contre nous endurciz, Car, si pitiĂ© de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez cinq, six : Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devorĂ©e et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s’en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !

La ballade des pendus

On perd sa trace aprùs son bannissement de Paris alors qu’il a 31 ou 32 ans.

Vers 1476 :  Impressions en français par Colard Mansion

Gutenberg (vers 1400 – 1468) dĂ©veloppe Ă  Mayence en Allemagne, au milieu du XVe siĂšcle, une invention aux effets rĂ©volutionnaires : l’imprimerie. À l’instar de l’invention de l’alphabet, elle permet une diffusion massive de l’écrit et des idĂ©es. Cette invention se diffuse rapidement en Europe, d’abord en Italie puis en France, Ă  Paris et Ă  Lyon. Colard Mansion passe pour avoir introduit vers 1476 la presse typographique Ă  Bruges. Au cours de ses annĂ©es d’activitĂ©s, de 1457 Ă  1484, il imprime la plupart de ses livres en français du XVe siĂšcle. Parmi eux, on trouve par exemple le Jardin de dĂ©votion de Pierre d’Ailly ou la La consolation de philosophie de BoĂšce. Colard Mansion est ainsi l’un des premiers imprimeurs connus de livres en français.

1476 : création des relais de poste

La date de la naissance des relais de poste est gĂ©nĂ©ralement placĂ©e Ă  la prise de l’édit de Luxies du 19 juin 1464. Mais ce texte semble ĂȘtre un faux créé en 1660. À partir de 1476, sous Louis XI (1461 – 1483), des relais sont installĂ©s sur les routes des postes royales pour fournir des montures fraiches aux chevaucheurs et accĂ©lĂ©rer ainsi l’acheminement du courrier. La poste royale fut ensuite progressivement ouverte au commun. En 1672, sous Louis XIV (1643 – 1715), le ministre Louvois créé une « Ferme gĂ©nĂ©rale des Postes ».

1481 : union de la Provence au royaume de France

La Provence est depuis 1246 sous l’autoritĂ© de la maison d’Anjou, une maison capĂ©tienne. Elle donc est depuis longtemps intĂ©grĂ©e au royaume. RenĂ© d’Anjou (1409 – 1480), qui est comte de Provence, sert par exemple Charles VII pendant la guerre de Cent Ans. Le comte de Provence, qui a perdu son fils, cĂšde dans son testament le comtĂ© Ă  Charles du Maine. Ce dernier meurt un an plus tard . Il avait dĂ©signĂ© le roi de France, Louis XI, comme hĂ©ritier. La Provence est donc unie au royaume de France et peut conserver ses traditions et institutions selon les termes de la “Constitution provençale”. Cependant, l’organisation du comtĂ© sera remaniĂ©e au XVIe siĂšcle et le français est imposĂ© par l’ordonnance de Villers-CotterĂȘts de 1539, au dĂ©triment du latin et du provençal.

23 décembre 1482 : Bourgogne et Picardie intÚgrent le royaume de France

Charles le TĂ©mĂ©raire, Ă  la tĂȘte du puissant “État bourguignon”, meurt en 1477. Le rĂȘve de renaissance de la Lotharingie carolingienne s’évanouit. Louis XI perd un rival. Le roi de France et l’empereur germanique, mariĂ© Ă  l’hĂ©ritiĂšre du duchĂ© Marie de Bourgogne (1477-1482), luttent alors pour s’emparer des terres bourguignonnes. Le traitĂ© d’Arras, signĂ© le 23 dĂ©cembre 1482, puis celui de Senlis du 23 mai 1493, rĂšglent la guerre de succession de Bourgogne. Le royaume de France rĂ©cupĂšre la Bourgogne et la Picardie. Mais le rĂšglement imparfait et complexe de la question de l’hĂ©ritage bourguignon sera un objet de contentieux qui aura des consĂ©quences importantes sur les relations entre la France et l’Empire aux XVIe et XVIIe siĂšcles.

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