968 Vues
Enregistrer

« Ironie » et « sarcasme » : quelle différence ? 📚

Publié le 15/01/2021 (m.à.j* le 27/05/2024)
5 commentaires

« Ironie » et « sarcasme » sont des notions proches. Cet article vous présente certaines informations qui pourraient vous aider à comprendre la différence qui réside entre elles.

 

« Ironie » et « sarcasme » : quelle différence ?

Le sarcasme est une forme d’ironie. L’ironie, du grec eirôneia, εἰρωνεία « interroger en feignant l’ignorance » ou « feinte dans la manière d’agir », consiste à dire le contraire de ce que l’on pense ou à simuler l’ignorance, tout en adoptant un ton qui laisse deviner sa pensée véritable. Sa forme privilégiée est l’antiphrase. Le personnage qui l’incarne est le philosophe grec Socrate (vers 470 – 399). Elle permet de moquer, tourner en dérision, railler, être caustique. Exemple : quelqu’un de mal payé pourrait dire, par dérision, à un collègue au moment de sa paye : « je ne sais pas ce que je vais faire de tout cet argent ! » .

Le sarcasme, du grec sarkasmos (σαρκασμος) « rire amer » (de sarkazo, σαρκάζω, « ouvrir la bouche pour montrer les dents ou brouter comme font les herbivores ») est une forme d’ironie, mais mordante, acerbe, voire cruelle et insultante. C’est une ironie plus violente, plus incisive. Elle attaque franchement. Exemple : à propos d’un roman médiocre, un critique pourrait écrire : « Quel chef-d’œuvre l’auteur nous livre là ! Le style rivalise avec Balzac, l’intrigue avec Dumas ». Ce terme a été introduit en français par Rabelais (1483 ou 1494 – 1553).

Vostre conseil (dist Panurge) semble à la chanson de Ricochet : Ce ne sont que sarcasmes, mocqueries, & redictes contradictoires.

Le Tiers Livre, 1552

« Sarcastique » est un adjectif qui se diffuse à partir de la fin du XVIIIe siècle :

Swift attaque en même temps les préjugés religieux et politiques ; il ne frappe qu’en passant sur les vices particuliers, il sait que pour les combattre d’une manière utile, il faut les prendre à leur source, dans les gouvernemens et dans les superstitions. Sa plaisanterie est âpre, amere, sarcastique […]

Mercure français, 19 avril 1796

Il qualifie aujourd’hui des paroles ou une personne moqueuse, à une personne qui joue à la plus maligne :

C’est sur un ton sarcastique qu’il m’avait demandé de l’appeler « cher maître » et qu’il m’appelait lui-même ainsi.

Proust, À la recherche du temps perdu

Savoir si l’on est passé de l’ironie au sarcasme est une question de perception. Des auteurs peuvent avoir des conceptions personnelles de l’ironie et du sarcasme. Ainsi, l’écrivain Luis Sepúlvedu a-t-il déclaré : 

Je n’ai absolument pas un regard sarcastique sur mes personnages, pas plus que mes personnages n’ont une vision sarcastique du monde, car le sarcasme est une lâcheté. L’ironie fait appel à l’intelligence, mais pas le sarcasme – il simplifie tout. »

Lemonde.fr

La satire est, quant à elle, de l’ironie critique sur des sujets politiques ou sociaux.  À lire ici : « bucolique », « champêtre » et « rustique », quelle différence ?