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« Pain bénit » ou « pain béni » ? Orthographe

Publié le 18/10/2021 (m.à.j* le 25/01/2024)
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On écrit : pain bénit. Le verbe « bénir » a deux participes passés : béni(e) & bénit(e). Le participe passé « bénit » est employé comme adjectif, épithète ou attribut, pour qualifier certaines choses qui ont reçu, au cours d’une cérémonie, la bénédiction d’un prêtre. Ainsi, on dit aussi : de l’eau bénite (moins souvent : une médaille, une église, une cloche bénite, etc.). Il est employé aussi comme participe passé quand le sujet est un objet qui a reçu la bénédiction d’un prêtre. Mais cet emploi au participe passé est rarissime (on dirait plutôt aujourd’hui « la médaille a été bénie par le prêtre » que « la médaille a été bénite par le prêtre »).

« Béni » est employé pour le reste. C’est la forme « ordinaire » du participe passé : « En cas, reprit l’abbé, ce doit être un homme béni de Dieu, il doit être riche… heureux ? » (Dumas, Le Comte de Monte-Cristo)

On trouve cul-béni(t) avec ou sans « t ». 

Cependant, dans la réalité, ce partage, conçu au XVIIe siècle (cf. Dictionnaire historique de la langue française) est mal connu (sauf pour quelques locutions comme « eau bénite ») et, comme le remarque Le Bon Usage, la confusion règne. Les auteurs de cette grammaire relèvent notamment chez Sarraute (Planétarium, 1959) : « C’est du pain béni d’installer une nouvelle maison ». Autre exemple avec une autre locution chez Barrès : « Or, à la tête de son large lit, était suspendu un chapelet béni par le pape, un souvenir de M. de Transe » (Le Jardin de Bérénice, 1891). On voit d’ailleurs grâce à google n-gram que « pain bénit » domine, mais que la forme sans « t » lui fait toujours concurrence. On l’écrit aussi avec « t » dans les usages métaphoriques

À lire en cliquant ici : pourquoi dit-on « béni-oui-oui » ?

Exemples avec « pain bénit »

  • Cette affaire, c’est du pain bénit pour nos finances : on gagne énormément sans faire aucun effort !

Le vieil hypocrite n’a jamais manqué de donner à Ursule vingt francs pour mettre au cierge quand elle rend le pain bénit.

Balzac, Ursule Mirouët

[…] le patron avait encore congédié deux ouvrières la veille ; ce serait pain bénit s’il faisait la culbute, car il mangeait tout, il laissait ses enfants le derrière nu.

Zola, L’Assommoir

… auprès du pain bénit venu lui aussi familièrement en sortant de l’église […]

Proust, Du côté de chez Swann