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Les 38 figures de style essentielles de la langue française ⭐
figure de style liste repetition oxymore métaphore

Publié le 26/11/2017 (m.à.j* le 26/12/2024)
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⏳ Temps de lecture : 18 minutes

DĂ©finition de la figure de style : procĂ©dĂ© qui consiste Ă  s’écarter de l’usage ordinaire de la langue pour donner un caractĂšre « littĂ©raire » Ă  ce que l’on Ă©nonce. On fait une utilisation originale de la langue, on joue avec les codes, on exprime de façon singuliĂšre ce que l’on souhaite Ă©crire. Les figures de style peuvent agir sur le sens des mots, la construction des phrases ou sur leur sonoritĂ©. On peut aussi parler de figure de rhĂ©torique ou de figure du discours.

Comment faire des progrĂšs et maĂźtriser les figures de style ?  Il existe des ouvrages de rĂ©fĂ©rence sur les figures de style, notamment le Gradus de Bernard Dupriez, le Lexique des figures de style de Nicole Ricalens-Pourchot ou le manuel de Patrick Bacry.

Listes des figures de style + exemples

1. L’accumulation

L’accumulation est un procĂ©dĂ© qui consiste Ă  aligner, Ă  accumuler un grand nombre de termes pour multiplier les informations dans le but d’insister sur une idĂ©e, lui donner plus de force, la rendre plus saillante, plus frappante. L’accumulation est une figure d’amplification. Les mots accumulĂ©s sont en gĂ©nĂ©ral de mĂȘme nature, de mĂȘme fonction grammaticale ou de mĂȘme sonoritĂ© afin de rendre l’expression plus cohĂ©rente. La gradation et l’énumĂ©ration sont des types d’accumulation. L’anaphore et l’hyperbole s’appuient sur ce procĂ©dĂ©. Exemple : 

  • Au ciel, aux vents, aux rocs, Ă  la nuit, Ă  la brume,
    Le sinistre océan jette son noir sanglot. (Victor Hugo, La Légende des siÚcles, Les Pauvres gens)

Victor Hugo accumule le nom des Ă©lĂ©ments auxquels « l’ocĂ©an jette son noir sanglot Â».

2. L’acrostiche

Un acrostiche est un jeu littĂ©raire qui consiste Ă  Ă©crire un poĂšme dont on peut lire un mot formĂ© par les initiales des vers. Ce mot est souvent le nom de l’auteur, le nom de celui Ă  qui on dĂ©die le poĂšme ou un mot en rapport avec le titre du poĂšme. Exemple : 

  • Voulez-vous que vertĂ© vous die ?
    Il n’est jouer qu’en maladie
    Lettre vraye que tragedie
    Lasche homme que chevalereux,
    Orrible son que melodie,
    Ne bien conseillĂ© qu’amoureux (Villon, Ballade des contre-vĂ©ritĂ©s)

On peut lire verticalement le nom de l’auteur du poùme : VILLON.

4. L’allĂ©gorie (figure de style)

L’allĂ©gorie est une figure de style par laquelle on exprime, on reprĂ©sente une idĂ©e, une notion ou un thĂšme par une mĂ©taphore, une personnification, une image ou, plus gĂ©nĂ©ralement, une forme concrĂšte. En d’autres mots, l’allĂ©gorie est une reprĂ©sentation concrĂšte d’une notion abstraite. Elle utilise un symbole (un texte, une image, etc.) qui vĂ©hicule une notion. À l’écrit, on la repĂšre souvent par l’utilisation de la majuscule. L’allĂ©gorie a donc deux sens : un sens littĂ©ral (la forme qui reprĂ©sente l’idĂ©e) et un sens figurĂ© (l’idĂ©e, la notion qui est reprĂ©sentĂ©e). Exemple :

  • Le Temps mange la vie,
    Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
    Du sang que nous perdons croüt et se fortifie (Baudelaire, Fleurs du mal, L’Ennemi)

Baudelaire reprĂ©sente une notion abstraite, le temps qui fuit, de maniĂšre concrĂšte, comme un monstre qui dĂ©vore la vie de l’homme. Il y a donc, en outre, une personnification du temps. Personnification et allĂ©gorie vont souvent de pair. L’allĂ©gorie du temps qui fuit (tempus fugit) est un lieu commun de la littĂ©rature.

5. L’allitĂ©ration

Une allitĂ©ration est une figure de style qui consiste Ă  rĂ©pĂ©ter de maniĂšre exacte ou approximative, une mĂȘme consonne (un mĂȘme « son Â», de type consonne). Cette rĂ©pĂ©tition trouve son sens dans le texte dans laquelle on la trouve. On voit le plus souvent les allitĂ©rations dans la poĂ©sie ou le théùtre. Jean-Marie Viprey dĂ©finit l’allitĂ©ration ainsi : « une saillance significative dans la rĂ©currence d’une consonne, Ă  l’échelle d’une configuration textuelle donnĂ©e. »

Exemple : un vers de Racine dans Andromaque (V, 5) est l’exemple le plus cĂ©lĂšbre d’allitĂ©ration dans la langue française : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos tĂȘtes ?

Ici, le son « s Â» (par la consonne s, ou la consonne c) est rĂ©pĂ©tĂ© 5 fois et suggĂšre le sifflement du serpent. Bref, il faut se demander : est-ce que la rĂ©pĂ©tition d’une consonne permet de remarquer quelque chose ?

6. L’anacoluthe

Une anacoluthe est une figure de style qui consiste Ă  opĂ©rer volontairement une rupture dans la syntaxe. La construction grammaticale de la phrase est transformĂ©e pour lui donner un effet rhĂ©torique. C’est une faute maĂźtrisĂ©e. La phrase se dirige vers le point vers lequel on l’attend, avant de prendre brusquement une autre direction. Elle est comme interrompue dans son cheminement. Exemple 

  • Le nez de ClĂ©opĂątre, s’il eĂ»t Ă©tĂ© plus court, la face du monde en eĂ»t Ă©tĂ© changĂ©e. (Pascal, PensĂ©es, 392)

Ici, le verbe aurait dĂ» avoir « le nez » pour sujet. Le sujet « La face du monde » apparaĂźt sans qu’on l’attende. Pascal veut surprendre en exprimant un saut intellectuel par cette Ă©trange syntaxe : l’histoire a Ă©tĂ© comme modifiĂ©e par le nez de ClĂ©opĂątre ! Pascal, mathĂ©maticien de gĂ©nie, Ă©tablit un parallĂšle implicite entre deux longueurs : la taille du nez de ClĂ©opĂątre et la face du monde. On le comprend : l’anacoluthe est frĂ©quente dans le langage parlĂ©.

7. L’anadiplose

Une anadiplose est une figure de style qui consiste Ă  rĂ©pĂ©ter le dernier mot d’une proposition (un mĂȘme ensemble de termes) au dĂ©but de la proposition suivante. Exemple :

  • Je vis ce beau Lyon, Lyon que tant je prise. (Du Bellay, Les Regrets, Lyon)

Il y a anadiplose car le mot Lyon est rĂ©pĂ©tĂ© dans deux propositions diffĂ©rentes, sĂ©parĂ©es par une virgule. 

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8. L’anagramme

Une anagramme est un jeu littĂ©raire qui consiste Ă  former un ou plusieurs mots en transposant les lettres d’un autre ou de plusieurs autres mots. Exemple :

  • Ange / Nage
  • Arts / Rats / Star / Tsar

Autre exemple : les mots « Gare maman » ou « Maman rage » peuvent ĂȘtre formĂ©s Ă  partir d’anagramme.

9. L’anaphore

L’anaphore est une figure de style qui consiste Ă  rĂ©pĂ©ter un mĂȘme mot ou un mĂȘme groupe de mots en tĂȘte de phrases, de vers, de paragraphes qui se suivent. C’est une figure de style qui donne une impression d’insistance, de symĂ©trie et renforce un propos. Ce procĂ©dĂ© est particuliĂšrement populaire en poĂ©sie. Attention cependant, il faut essayer de comprendre l’intention de l’auteur. En effet, l’anaphore n’est pas le rĂ©sultat d’une nĂ©gligence. Elle est voulue par l’auteur qui peut vouloir souligner une juxtaposition, crĂ©er un effet d’accumulation, un effet musical, suggĂ©rer une obsession, l’urgence ou donner l’effet d’une incantation, etc. Exemple : 

  • Paris, Paris outragĂ© ! Paris brisĂ© ! Paris martyrisĂ© ! mais Paris libĂ©rĂ© !
 (Charles de Gaulle, Discours du 25 aoĂ»t 1944 Ă  l’HĂŽtel de ville de Paris)

En grammaire, l’anaphore est un procĂ©dĂ© par lequel un mot ou un groupe de mots rappelle un autre mot ou groupe de mots prĂ©cĂ©demment Ă©noncĂ© (l’antĂ©cĂ©dent). L’anaphore peut aussi ĂȘtre elliptique (voir plus bas). Exemple : Michel n’a pas son manuel ; je lui ai prĂȘtĂ© le mien.« Le mien Â» se substitue ici au mot « manuel« , qui est l’antĂ©cĂ©dent. Par « le mien« , on fait rĂ©fĂ©rence Ă  « manuel ».  

10. L’antithùse

Une antithĂšse (ou alliance d’idĂ©es) est une figure de style qui consiste Ă  opposer trĂšs fortement deux termes ou deux ensembles de termes contraires. Cette figure de style oppose des idĂ©es. L’antithĂšse est aussi, selon le Gradus, un moyen de mettre en relief une idĂ©e principale en prĂ©sentant une idĂ©e inverse que l’on Ă©carte ou que l’on nie. Exemple :

  • Être ou ne pas ĂȘtre (Shakespeare, Hamlet, III, 1)

Ce vers cĂ©lĂ©brissime de Hamlet est l’exemple le plus simple d’antithĂšse : la proposition « ĂŠtre » s’oppose Ă  la proposition « ne pas ĂȘtre Â». La symĂ©trie entre les deux propositions contraires (Être / ne pas ĂȘtre) renforce l’effet de contraste.

11. L’antiphrase

L’antiphrase est une figure de style par laquelle on laisse entendre le contraire de ce que l’on veut vraiment dire ou Ă©crire. On emploie un mot ou une proposition dans un sens contraire Ă  son vĂ©ritable sens. Exemple :

  • Nous nous Ă©tions rĂ©unis pour choisir le cadeau d’anniversaire que nous allions offrir Ă  Sylvie. Tous Ă©taient prĂȘts Ă  donner 30€, sauf Jean, qui ne voulait pas cĂ©der plus de 5€. « Quelle gĂ©nĂ©rositĂ© ! », lui dit Paul.

Nicolas ne pense pas que Jean soit gĂ©nĂ©reux. Au contraire ! Il ironise sur son avarice. L’antiphrase est la figure par excellence de l’ironie. Elle permet de mettre facilement en Ă©vidence le ridicule d’une situation. Ainsi, on peut dire « Ne vous gĂȘnez pas ! Â» Ă  quelqu’un qui fait quelque chose de dĂ©rangeant, ou « DĂ©licieux ! Â» pour se moquer d’un repas visiblement dĂ©goĂ»tant. Certains ne comprennent pas la diffĂ©rence entre antiphrase et ironie. L’antiphrase est une figure de style, une tournure de phrase qui produit un effet littĂ©raire. L’ironie est un concept qui ne s’applique pas uniquement Ă  une phrase, elle peut ĂȘtre une caractĂ©ristique des choses de la vie (on peut dire qu’une chose est ironique, comme dire qu’une chose est triste, ou bleue, ou compliquĂ©e, etc.).

12. L’assonance

En gĂ©nĂ©ral, on parle d’allitĂ©ration pour la rĂ©pĂ©tition d’une consonne, et d’assonance pour la rĂ©pĂ©tition d’une voyelle. Exemple :

  • Tout m’afflige et me nuit et conspire Ă  me nuire. (Racine, PhĂšdre, I, 3)

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13. L’asyndùte

L’asyndĂšte est une figure de style par laquelle on juxtapose des Ă©lĂ©ments tout en supprimant volontairement les mots de liaison entre ces Ă©lĂ©ments. On omet d’inscrire la coordination entre plusieurs propositions d’une mĂȘme phrase ou entre plusieurs phrases. Elle se traduit souvent par l’emploi de la virgule L’asyndĂšte  s’oppose Ă  la polysyndĂšte. Elle est une forme de parataxe. Exemple : 

  • MĂ©nalque se jette hors de la portiĂšre, traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’antichambre, la chambre, le cabinet, tout lui est familier, rien ne lui est nouveau, il s’assit, il se repose, il est chez soi ; le maĂźtre arrive, celui-ci se lĂšve pour le recevoir, il le traite fort civilement, le prie de s’asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre ; il parle, il rĂȘve, il reprend la parole ; le maĂźtre de la maison s’ennuie, et demeure Ă©tonnĂ© ; (La BruyĂšre, Les CaractĂšres, De l’Homme)

Dans cet extrait, La BruyĂšre multiplie les propositions (« se jette hors de la portiĂšre », « traverse la cour », « monte l’escalier »), en ne les liant que par des virgules. Il n’emploie aucun terme de liaison. Il aurait en effet pu Ă©crire : « MĂ©nalque se jette hors de la portiĂšre. Il traverse ensuite la cour pour monter l’escalier et parcourt l’antichambre
 »

L’asyndĂšte est une ellipse, c’est-Ă -dire un procĂ©dĂ© par lequel on retranche des mots d’une phrase sans que le sens de cette phrase en soit affectĂ©.

14. L’aposiopùse

L’aposiopĂšse est une figure de style qui consiste Ă  interrompre brusquement une phrase ou un vers qui reste inachevĂ©, traduisant une hĂ©sitation, une Ă©motion, une menace. Elle produit un silence, matĂ©rialisĂ© par des points de suspension. L’énoncĂ© continue ensuite en digression. Exemple :

  • Lisette : Ah ! Tirez-moi d’inquiĂ©tude. En un mot, qui ĂȘtes-vous ?
    Arlequin :Je suis
N’avez-vous jamais vu de fausse monnaie ? savez-vous ce que c’est qu’un louis d’or faux ? Eh bien, je ressemble assez à cela. (Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, III, 6)

Arlequin, déguisé en son maßtre dans la piÚce de Marivaux, hésite à avouer directement sa véritable identité.

15. L’antanaclase

L’antanaclase (ou la diaphore, synonyme) est une figure de style qui consiste Ă  utiliser deux fois le mĂȘme mot dans une phrase en lui donnant deux sens diffĂ©rents. Cette figure joue sur la polysĂ©mie d’un mot, c’est-Ă -dire sur le fait qu’un mot dispose de plusieurs sens. C’est une figure de style voisine de la syllepse et de la paronomase. Exemple :

  • Le cƓur a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas. (Pascal, PensĂ©es, IV, 277)

La premiĂšre occurrence de « raison Â» renvoie aux motivations, alors que la seconde renvoie plutĂŽt Ă  la raison comme facultĂ© de l’esprit humain.

16. L’antonomase

Une antonomase est figure qui consiste Ă  faire d’un nom commun ou d’une pĂ©riphrase un nom propre ou, Ă  l’inverse, on fait d’un nom propre un nom commun. L’antonomase est donc un type de mĂ©tonymie. Exemple :

  • On parle souvent d’un apollon pour parler d’un bel homme, ou d’un homme qui prend soin de son apparence.
    • D’un nom propre, on est passĂ© ici Ă  un nom commun.
  • En France, il est courant d’utiliser la locution « le gĂ©nĂ©ral Â» pour parler du gĂ©nĂ©ral de Gaulle.
    • D’un nom commun, on est passĂ© Ă  un nom propre.
  • Le Hun Attila fut surnommĂ© « le flĂ©au de Dieu Â».

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17. Le calembour

Un calembour est un jeu de mot qui repose sur l’équivoque que provoque l’emploi de mots Ă  double sens, ou de termes dont la prononciation est semblable ou identique mais dont le sens diffĂšre. L’effet comique vient de la double interprĂ©tation que l’on peut faire de ces phrases. Exemple :

  • Chassez le naturiste, il revient au bungalow (Jean-Paul Gousset)

Ce cĂ©lĂšbre calembour du journaliste du Canard enchaĂźnĂ© dĂ©tourne le proverbe « Chassez le naturel, il revient au galop Â» Ă  l’aide de paronymes (naturiste pour naturel ; bungalow pour galop).

18. Le chiasme

Le chiasme (se prononce kiasme) est une figure de style qui consiste Ă  disposer au moins 2 Ă©lĂ©ments, par exemple l’adjectif + le nom rude journĂ©een miroir avec au moins deux autres Ă©lĂ©ments correspondants, par exemple le nom + l’adjectif travail fructueux. On obtient ainsi une phrase formĂ©e sur le modĂšle AB/BA : Ă  rude journĂ©e, travail fructueux. Les deux parties d’un chiasme sont souvent sĂ©parĂ©es par une conjonction de coordination (mais, ou, et
) ou par un point virgule ou une virgule. Exemple :

  • Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu. (Hugo, La lĂ©gende des siĂšcles, Booz endormi)

Ce vers de Hugo est un chiasme formé comme suit :

  • ABC = nom (roi) + verbe (chantait) + adverbe (en bas) /
  • CBA = adverbe (en haut) + verbe (mourait) + nom (Dieu).

C’est donc un chiasme multiple sous forme ABC / CBA. Le chiasme donne ici de l’harmonie Ă  l’expression : la sonoritĂ© de la phrase devient agrĂ©able. Il donne du rythme dans une structure du texte resserrĂ©e. En outre, le chiasme permet de mettre en relief une ressemblance ou une opposition. Attention : une phrase formĂ©e sur le modĂšle AB/AB n’est pas un chiasme mais un parallĂ©lisme. Par exemple : « Je meurs si (A) je vous perds (B) mais je meurs si (A) j’attends (B). Â» (Racine, Andromaque).

19. La comparaison

La comparaison est un procĂ©dĂ© par lequel on rapproche un terme ou un ensemble de termes, par exemple « la terre Â», d’un terme ou d’un ensemble de termes diffĂ©rent, par exemple « le feu Â». Deux entitĂ©s sont mises sur un mĂȘme plan : « la terre est rouge comme le feu Â». Le premier terme ou ensemble de termes est appelĂ© le comparĂ© (ou thĂšme) : dans l’exemple, c’est « la terre Â». Le deuxiĂšme terme ou ensemble de termes est appelĂ© le comparant (ou phore) : dans l’exemple, c’est « le feu ». La comparaison opĂšre Ă  l’aide d’un outil de comparaison. Dans l’exemple prĂ©cĂ©dent, l’outil de comparaison est « comme ». L’outil de comparaison peut ĂȘtre :

  • une conjonction ou un adverbe : comme, ainsi que, de mĂȘme que, plus que, moins que etc. ;
  • un adjectif comparatif : tel, semblable, pareil Ă , etc. ;
  • un verbe : paraĂźtre, avoir l’air de, sembler, ressembler, etc.

La comparaison est une figure de style lorsqu’on rapproche des Ă©lĂ©ments au dĂ©part dissemblables, pour crĂ©er un effet littĂ©raire. On parle alors de comparaison figurative. Exemple :

  • Un petit baiser, comme une folle araignĂ©e,
    Te courra par le cou
 (Rimbaud, RĂȘvĂ© pour l’hiver)

Rimbaud compare dans ces vers « un petit baiser Â» dans le cou Ă  un Ă©lĂ©ment qui lui semble au dĂ©part complĂštement diffĂ©rent et Ă©tranger : une « folle araignĂ©e« . Le poĂšte rapproche deux rĂ©alitĂ©s dissemblables qui, aprĂšs effort du lecteur, semblent effectivement se rapprocher : les petits baisers multipliĂ©s dans le cou courent et chatouillent comme le ferait une petite araignĂ©e.

20. L’euphĂ©misme

Un euphĂ©misme est une figure de style par laquelle on attĂ©nue l’expression d’une idĂ©e pour en masquer le caractĂšre dĂ©plaisant, brutal, triste, vulgaire, douloureux, etc. On Ă©nonce indirectement une idĂ©e odieuse (par exemple, l’idĂ©e de la mort) pour attĂ©nuer son effet (la peur et la tristesse pour la mort). Exemple :

  • Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
    Tranquille. Il a deux trous rouges au cĂŽtĂ© droit. (Rimbaud, Le dormeur du val)

Ces cĂ©lĂšbres vers qui concluent Le Dormeur du Val sont euphĂ©miques : Rimbaud ne dit pas explicitement que le soldat est mort. Il utilise pour cela une mĂ©tonymie en Ă©nonçant l’effet Ă  la place de la cause : les « deux trous rouges au cĂŽtĂ© droit Â» disent bien sĂ»r qu’un soldat ennemi lui a tirĂ© dessus et l’a tuĂ©. Ă‰voquer directement la mort aurait jurĂ© avec le ton du poĂšme, dans lequel le lecteur est plongĂ© dans une atmosphĂšre de quiĂ©tude et de sĂ©rĂ©nitĂ©. En gĂ©nĂ©ral, l’euphĂ©misme est employĂ© pour parler de la maladie, de la mort ou de la sexualitĂ©.

21. La gradation

Une gradation est une figure de style qui consiste Ă  ordonner les termes d’une phrase qui Ă©voquent une idĂ©e similaire selon une progression ascendante ou descendante. En d’autres mots, une mĂȘme idĂ©e peut ĂȘtre exprimĂ©e avec plus ou moins de force grĂące Ă  une Ă©numĂ©ration de termes qui peuvent gagner ou perdre en intensitĂ©, en nombre, en taille, etc. Les termes qui se suivent dans une gradation progressent par le sens. Exemple :

  • C’est un roc ! c’est un pic ! c’est un cap !
    Que dis-je, c’est un cap ? 
 c’est une pĂ©ninsule ! (Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4)

Cyrano de Bergerac parle de son gros nez par des mĂ©taphores dĂ©signant un Ă©lĂ©ment toujours plus important en dimension. On parlera souvent de gradation ascendante pour dĂ©signer une gradation qui gagne en intensitĂ©.

22. L’hypallage

Un hypallage est une figure de style par laquelle on associe un terme d’une phrase (par exemple : « endeuillĂ© Â») Ă  un terme diffĂ©rent de celui qui aurait convenu selon le sens (« endeuillĂ©e Â» associĂ© Ă  « maison Â» Ă  la place de « famille Â» dans l’exemple : « La famille se trouvait dans la maison endeuillĂ©e Â»). On associe des termes qui paraissent a priori hĂ©tĂ©rogĂšnes mais dont le lien est finalement logique. L’hypallage concerne surtout les adjectifs. Exemple :

  • Et maintenant il revoyait la chambre veuve. (Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels, Vera)

Le hĂ©ros du conte de Villiers de L’Isle-Adam associe chaque objet de son intimitĂ© au souvenir de la mort de sa femme. Comprendre une hypallage exige souvent d’en connaĂźtre le contexte.

23. L’hyperbole

Une hyperbole est une figure de style qui utilise l’exagĂ©ration pour mettre un Ă©lĂ©ment en relief, pour frapper les esprits ou pour ironiser. Selon le LittrĂ©, l’hyperbole permet d’augmenter ou de diminuer excessivement la vĂ©ritĂ© des choses pour qu’elles produisent une impression plus grande. En d’autres termes, dans la clartĂ© du français de La BruyĂšre (1645 – 1696) : « L’hyperbole exprime au-delĂ  de la vĂ©ritĂ© pour ramener l’esprit Ă  la mieux connaĂźtre. » (La BruyĂšre, Les CaractĂšresDes ouvrages de l’esprit)

Exemple : Elle me confia son sac. Il pesait au moins une tonne !

On comprend aisĂ©ment ce que l’on souhaite exprimer ici : le sac Ă©tait trĂšs lourd. L’évaluation du poids du sac est trĂšs exagĂ©rĂ©e. L’hyperbole permet d’exprimer une idĂ©e qui n’aurait pas Ă©tĂ© aussi frappante ni aussi claire si l’on avait simplement dit : « Elle me confia son sac. Il Ă©tait lourd et pesait au moins 10 kg ! Â». L’hyperbole peut en outre ajouter un effet humoristique : on imagine la personne se ployer sous le poids du sac ! 

24. La litote

Une litote est une figure de style qui consiste Ă  dire moins pour faire entendre beaucoup plus. En d’autres termes, on dit moins pour suggĂ©rer davantage. Par mĂ©tonymie, on dĂ©signe par litote une expression utilisant ce procĂ©dĂ©. La litote utilise souvent la nĂ©gation. Exemple :

  • Nous Ă©tions perdus dans la forĂȘt. L’un de nos compagnons nous suggĂ©ra de choisir une direction, de la suivre et de ne pas en changer. Ce n’était pas idiot. En Ă  peine une heure, nous Ă©tions sortis de la forĂȘt.

La litote se trouve ici Ă  Ce n’était pas idiot. La suggestion du compagnon Ă©tait en fait intelligente. Plus encore, on devine que cette suggestion qui pouvait ĂȘtre accueillie avec scepticisme de prime abord Ă©tait en fait intelligente. Bref, la litote attĂ©nue l’expression d’un sentiment ou d’un jugement, mais cette attĂ©nuation est fausse ou simulĂ©e. Par un effet de balancier, la phrase est comme soulignĂ©e, elle devient plus forte, elle a plus de poids. La phrase implicite met mieux les sentiments en Ă©vidence que la phrase explicite. La litote est une figure du contraste entre les idĂ©es.

25. La métaphore

La mĂ©taphore est une figure de style qui consiste Ă  dĂ©signer un terme, un ensemble de termes ou une idĂ©e, par exemple le soleil couchant, par un autre terme ou un autre ensemble de termes qui signifie normalement autre chose, comme « l’or du soir Â». Ainsi, comme dans le cĂ©lĂšbre poĂšme de Victor Hugo, on parle du soleil couchant comme de « l’or du soir ».

  • Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyùre en fleur. (Victor Hugo, Demain, dùs l’aube
, 1856)

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26. La métonymie

Une mĂ©tonymie est une figure de style par laquelle on remplace un mot, par exemple l’épĂ©e, par un autre mot avec lequel il a un lien logique, comme « le fer ». Ainsi, on peut dire : ces guerriers ont croisĂ© le fer ! On dĂ©signe quelque chose :

  1. par un autre élément ;
  2. du mĂȘme ensemble ;
  3. qui a une relation logique avec cette chose.

Exemple : « J’ai dĂ©gustĂ© hier soir un onctueux bordeaux  ! »

On comprend dans cet exemple que l’on a pas bu la ville de Bordeaux, mais un vin produit dans la rĂ©gion de Bordeaux. Il y a un lien logique entre ces deux Ă©lĂ©ments : on parle du lieu Ă  la place de la chose. La mĂ©tonymie sert ici de raccourci pour la pensĂ©e. Il serait fastidieux, voire maladroit, pour un Français ou quiconque s’y connaĂźt en vin de dire : « J’ai dĂ©gustĂ© hier soir un onctueux vin de Bordeaux ! ». Lorsque l’on utilise un nom propre pour le substituer Ă  un nom commun, on parle alors d’antonomase (un « tartuffe Â» pour un hypocrite, un « roquefort Â» pour un fromage de Roquefort, etc.).

27. L’oxymore

Un oxymore (synonyme : alliance de mots) est une figure de style qui consister Ă  allier deux termes qui semblent se contredire. On rapproche de maniĂšre paradoxale des termes qui peuvent paraĂźtre contraires. En d’autres termes, dans l’oxymoreun mĂȘme objet a des qualitĂ©s contradictoires. Mais attention : cette alliance de mots contraires n’est pas incompatible, elle crĂ©e un sens. DerniĂšre chose Ă  savoir : les termes contradictoires d’un oxymore doivent toujours appartenir Ă  la mĂȘme entitĂ© de mots (au mĂȘme syntagme, cela ne peut pas ĂȘtre deux phrases sĂ©parĂ©es l’une de l’autre). Exemple : le dramaturge Corneille nous a donnĂ© le plus cĂ©lĂšbre exemple d’oxymore :

  • Cette obscure clartĂ© qui tombe des Ă©toiles
    Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ; (Le Cid, IV, 3)

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27. Le paradoxe

Un paradoxe est un procĂ©dĂ© par lequel on Ă©nonce une idĂ©e contraire Ă  l’opinion commune. En effet, ce terme vient du grec para, « contre » et doxa, « opinion Â».

Exemple : « L’homme n’est ni ange, ni bĂȘte, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bĂȘte. » (Pascal, PensĂ©es, 572)

Ce cĂ©lĂšbre aphorisme, qui associe dans une antithĂšse les termes « ange Â» et « bĂȘte Â», est un paradoxe : on pense spontanĂ©ment que celui qui fait l’ange, c’est-Ă -dire celui qui fait l’effort de bien se comporter, est une personne bonne. Cependant, Pascal nous dit que lorsque l’on fait l’ange, on finit toujours par dĂ©velopper des comportements mauvais. En rĂ©alitĂ©, seul Dieu est parfait : l’homme n’est qu’un pĂ©cheur moyen, ni complĂštement bon, ni complĂštement mauvais. Un paradoxe est une figure de style dans la mesure oĂč des idĂ©es ou des mots ordinairement opposĂ©s sont rassemblĂ©s d’une maniĂšre originale. Ces associations surprenantes frappent l’esprit.

28. La parataxe

Une parataxe est une figure de style par laquelle on juxtapose des propositions sans marquer le rapport de dĂ©pendance qui les unit. Aucun mot de liaison (comme les conjonctions de subordination : lorsque, que, quand, si, etc., les prĂ©positions, les verbes ĂȘtres, paraĂźtre, etc.) ne vient signaler le rapport entre les phrases : ce sont des textes sans « que ». L’asyndĂšte est une forme de parataxe, par laquelle on omet plus spĂ©cifiquement les mots de coordination. Exemple :

  • L’orage Ă©clatait. La pluie tombait en rayons blancs. Les carreaux pleuraient comme des yeux. De petites gouttes jaillissaient par les fentes des croisĂ©es. Dehors le cheval courbait la tĂȘte sous l’averse. (Jules Renard, Crime de village)

Dans cet extrait, il y un enchaĂźnement logique des diffĂ©rentes phrases. La deuxiĂšme est une consĂ©quence logique de la premiĂšre, etc. Mais il n’est composĂ© que de propositions principales car il est dĂ©pourvu de coordonnants et de subordonnants.

29. La paronomase

La paronomase est une figure par laquelle on rapproche deux mots dont la sonoritĂ© ou l’orthographe sont semblables, mais dont le sens est diffĂ©rent. Ces mots sont nommĂ©s des paronymes (comme Ă©ruption et irruption). La paronomase s’appuie sur l’homophonie. Elle fait naĂźtre des allitĂ©rations ou des assonances. Exemple : « En vivant et en voyant les hommes, il faut que le cƓur se brise ou se bronze. » (Chamfort, Maximes, pensĂ©es, caractĂšres et anecdotes). 

Chamfort rapproche les termes « brise Â» et « bronze Â» dont la sonoritĂ© est semblable. La mĂ©lodie que crĂ©e cette paronomase permet de faire de cette phrase une maxime, c’est-Ă -dire une formule qui rĂ©sume un principe moral et facile Ă  mĂ©moriser. La paronomase souligne en outre la contradiction entre les termes « brise » et « bronze » : elle met en exergue ce terrible dilemme pour certains hommes supĂ©rieurs qui doivent s’affermir ou se suicider devant une sociĂ©tĂ© impitoyable. 

30. La périphrase

Une pĂ©riphrase est une figure de style qui consiste Ă  exprimer une notion en plusieurs mots qui la dĂ©crivent au lieu de n’en utiliser qu’un seul. On utilise plusieurs mots alors qu’un seul suffirait. ExempleLa Venise du Nord pour parler de Bruges. En effet, Ă  l’image de Venise, Bruges est une ville oĂč l’on trouve de nombreux canaux.

31. La personnification

La personnification est une figure de style par laquelle on prĂȘte des qualitĂ©s humaines Ă  une chose, une idĂ©e ou un animal. La personnification est le produit d’une comparaison ou d’une mĂ©taphore. La possibilitĂ© de produire une personnification par mĂ©tonymie est contestĂ©e. Exemple :

  • La mer perfide hululait doucement : ses molles lĂšvres vertes baisaient sans relĂąche Ă  fĂ©roces baisers, la dure mĂąchoire des roches. Il essaya de se dresser : ses jambes, des algues ! Ses bras, des fumĂ©es d’embruns ! Il ne commandait plus qu’à ses paupiĂšres et, elles Ă©taient ouvertes sur la dĂ©solation du ciel ! Il ferma les yeux. Le dĂ©sespoir se mit Ă  lui manger le foie. (Giono, Naissance de l’OdyssĂ©e)

Cet exemple contient trois personnifications

  • La mer, Ă  qui Giono attribut un dĂ©faut humain (“perfide”), le comportement d’un ĂȘtre humain par des verbes (“hululait” peut ĂȘtre aussi une animalisation, car on l’emploie surtout pour les rapaces nocturnes, et “baisaient”), ainsi que des “molles lĂšvres vertes”.
  • Les roches, qui ont une “dure mĂąchoire”. 
  • Le dĂ©sespoir, qui mange le foie d’Ulysse. 

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32. La polysyndĂšte

Une polysyndĂšte est une figure de style par laquelle on multiplie volontairement les mots de liaison, notamment les conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou les adverbes de liaison (ainsi, alors, certes, en effet
) alors que la grammaire ne l’exige pas. La polysyndĂšte s’oppose Ă  l’asyndĂšte. Exemple :

  • Je fais souvent ce rĂȘve Ă©trange et pĂ©nĂ©trant
    D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
    Et qui n’est, chaque fois, ni tout Ă  fait la mĂȘme
    Ni tout Ă  fait une autre, et m’aime et me comprend. (Verlaine, PoĂšmes saturniens, Mon rĂȘve familier)

Verlaine multiplie la conjonction « et Â», ce qui donne une impression de bercement.

33. La prétérition

Une prĂ©tĂ©rition est une figure de style par laquelle on feint de ne pas vouloir parler d’un sujet, pour en parler quand mĂȘme. Le locuteur dit ce qu’il prĂ©tend passer sous silence. Exemple : « Je ne dirai pas qu’il a Ă©crit douze livres ni qu’il a Ă©tĂ© professeur dans les plus grandes universitĂ©s, Stanford et Oxford pour ne pas les nommer
 » (Exemple citĂ© par le Gradus)

Dans cet exemple, la prĂ©tĂ©rition a valeur de rĂ©sumĂ© : le locuteur ne s’étendra pas sur cet Ă©lĂ©ment, mĂȘme si l’on comprend qu’il est important.

34. La prosopopée

Une prosopopĂ©e est un procĂ©dĂ© qui consiste Ă  invoquer et faire discourir un ĂȘtre qui est absent, mort, imaginaire, symbolique, inanimĂ© ou une abstraction. Cet ĂȘtre agit, parle, rĂ©pond ; il joue le rĂŽle de confident, tĂ©moin, vengeur, juge, garant, etc. Cette figure recourt souvent Ă  la personnification lorsqu’elle prĂȘte des qualitĂ©s humaines (la parole, les Ă©motions, etc.) Ă  des choses inanimĂ©es. En outre, la prosopopĂ©e a une fonction allĂ©gorique : l’ĂȘtre inanimĂ© invoquĂ© reprĂ©sente une idĂ©e abstraite. Exemple :

Je suis belle, ĂŽ mortels ! comme un rĂȘve de pierre,
Et mon sein, oĂč chacun s’est meurtri tour Ă  tour,
Est fait pour inspirer au poĂšte un amour
Eternel et muet ainsi que la matiĂšre.

Je trîne dans l’azur comme un sphinx incompris;
J’unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poĂštes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austĂšres Ă©tudes;

Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!

Baudelaire, Fleurs du Mal, La Beauté

Baudelaire fait ici parler une abstraction, la beautĂ© (ce qui fait aussi du poĂšme une allĂ©gorie).

35. La syllepse

Une syllepse est une figure de style qui consiste Ă  employer un mĂȘme mot Ă  la fois au sens propre et au sens figurĂ©. La syllepse joue donc sur la polysĂ©mie d’un mot, c’est-Ă -dire sur le fait qu’un mot dispose de plusieurs sens. Exemple :

  • Sais-tu pourquoi les sauvages sont tout nus ?
    C’est parce que Christophe Colomb les a dĂ©couverts. (AttribuĂ© Ă  Hugo par le Lexique des figures de style)

Cette devinette joue sur la polysĂ©mie du verbe « dĂ©couvrir Â» : ĂŽter les vĂȘtements de quelqu’un, et dĂ©couvrir de nouvelles terres. Cet exemple est Ă©videmment empreint d’humour : la syllepse permet de crĂ©er des jeux de mots. 

36. La synecdoque

La synecdoque est une mĂ©tonymie dans laquelle une partie d’un Ă©lĂ©ment sert Ă  dĂ©signer le tout (ou le tout pour dĂ©signer une partie). Exemple :

  • Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
    (Hugo, Les Contemplations, Demain dùs l’aube)

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37. Le tautogramme

Un tautogramme est une phrase dans laquelle les mots commencent tous par la mĂȘme lettre. Exemple : Le loup lacĂšre les lĂąches lĂ©zards. En savoir plus en cliquant ici

38. Le zeugme

Un zeugme (ou zeugma, ou attelage) est une figure de style qui consiste Ă  adjoindre Ă  un terme (un verbe, une prĂ©position) deux complĂ©ments de nature diffĂ©rente, par la syntaxe ou par le sens. Ces deux complĂ©ments sont coordonnĂ©es ou juxtaposĂ©s. Il y a comme un Ă©lĂ©ment central (par exemple le verbe « meubler Â»), auquel se rattachent plusieurs autres Ă©lĂ©ments dissemblables (« une chambre Â» et « la conversation Â»).

  • [
] ces cadeaux qui meublent une chambre et la conversation mais auxquels la rĂ©alitĂ© actuelle ne correspond pas. (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs)

Proust associe Ă  « qui meublent Â» deux complĂ©ments de nature diffĂ©rente :

Le verbe meubler est employĂ© dans deux sens diffĂ©rents. On le voit, le zeugme permet d’éviter une rĂ©pĂ©tition (celle du verbe « meubler Â»). Le zeugme est donc une forme d’ellipse.